Iran : Shariatmadari accuse Moussavi et Khatami

Iran : Shariatmadari accuse Moussavi et Khatami

Considéré comme proche des plus hautes autorités iraniennes, Hossein Shariatmadari, le rédacteur en chef d’ultra-conservateur quotidien Kayhan, a appelé ce samedi la justice à juger Mirhossein Moussavi et l’ancien président Mohammad Khatami, coupables selon lui de « crimes terribles ».

Il prétend notamment que le candidat malheureux à la présidentielle et ses partisans ont agi sur ordre des Etats-Unis.

Selon un autre journal ultraconservateur, Javan, une centaine de parlementaires ont adressé une lettre aux autorités judiciaires pour leur demander de juger les meneurs des « émeutes post-électorales ».

Ils y désignent Mirhossein Moussavi et un autre candidat modéré battu, Mehdi Karoubi.

Ces deux journaux relaient les accusations des autorités, qui affirment que les manifestations du camp réformateur, qui dénonce une élection truquée au profit du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, largement réélu, ont été organisées par des éléments subversifs et des puissances étrangères, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

« Tout ce qu’ils ont fait était en ligne avec les instructions données par le passé par les responsables américains », explique Hossein Shariatmadari.

Ambiguïtés

Lors d’un discours prononcé à l’occasion de la Journée des mines et de l’industrie, ce samedi, Mahmoud Ahmadinejad a accusé les puissances occidentales d’avoir exploité l’élection iranienne pour détourner l’attention de la crise économique.

« Les pays affectés par la crise financière ont durement tenté de distraire l’opinion publique mondiale de cette énorme crise, aussi ont-ils créé ce problème de grippe porcine ou essayé de faire quelque chose d’autre de notre élection », s’est-il insurgé.

De son côté, un haut dignitaire religieux pro-réformateur, le grand ayatollah Yusof Saanei, a exhorté les autorités à ne pas violer les droits du peuple.

Il les met en outre en garde contre des difficultés futures à gouverner.

Dans un communiqué publié vendredi sur son site Internet, il affirme que nombre d’Iraniens demeurent sceptiques quant à l’issue du scrutin parce que les « ambiguïtés » sur l’élection n’ont pas été levées.

« Je vous rappelle qu’aucun ordre ou commandement ne peut être considéré comme une permission ou une excuse pour violer les droits du peuple et que ce serait un grand péché », écrit ce proche du grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, architecte de la révolution tombé en disgrâce aux yeux de l’actuel régime, qui l’a assigné à résidence.

Les autorités continuent de nier toute irrégularité lors de la présidentielle, dont elles affirment qu’il s’agit de l’élection la plus « saine » dans l’histoire de la République islamique.

L’opacité entretenue par le régime et l’interdiction faite aux journalistes étrangers de couvrir les manifestations ont rendu difficile d’établir un bilan des violences.

Le chef de la police iranienne Ismail Ahmadi-Moghaddam a affirmé mercredi que 1032 personnes avaient été interpellées pour des faits liés aux troubles post-électoraux, dont la plupart ont été libérées depuis.

Les autres auraient été « présentées aux tribunaux civils et révolutionnaires ».

Selon la Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran, les informations collectées permettent d’estimer à 2000 le nombre de responsables de l’opposition, enseignants, journalistes, étudiants et autres manifestants qui seraient encore détenus dans le pays.