Plusieurs haut responsables iraniens ont à nouveau accusé les pays occidentaux d’ingérence, critiquant les déclarations de différents pays sur la situation interne de l’Iran après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.
Ce dernier a « conseillé » aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, dimanche, de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures iraniennes.
« Par vos remarques précipitées, vous ne serez certainement pas invités dans le cercle d’amitié de la nation iranienne », a-t-il prévenu, selon l’agence IRNA.
Face à la répression policière accrue en Iran, le président américain Barack Obama a quelque peu revu sa position.
Alors qu’il affirmait ne pas faire vouloir preuve d’ingérence, samedi, il demande désormais à Téhéran de « mettre fin à tous les actes de violence et d’injustice contre sa propre population ».
Plus direct, le président du Parlement, Ali Larijani, qui ne se prive pourtant pas de critiquer M. Ahmadinejad, a vivement dénoncé « les déclarations indignes des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France à propos de l’élection présidentielle en Iran ».
Si Téhéran n’a plus de relations diplomatiques avec Washington, M. Larijani a estimé qu’il était temps de « réexaminer les liens avec ces trois pays européens ».
Merkel demande un nouveau décompte des voix
Paris, Berlin et Londres se sont montrés particulièrement critiques sur le résultat du scrutin depuis une semaine, mettant en doute la validité de l’élection.
La chancelière allemande Angela Merkel a demandé à Téhéran « d’autoriser les manifestations pacifiques, ne pas faire usage de violence à l’encontre des manifestants, libérer les opposants emprisonnés et autoriser les médias à couvrir », ajoutant qu’ »un nouveau décompte des voix de la présidentielle ».
Le Conseil des gardiens de la Constitution s’est dit prêt à procéder à un nouveau décompte sur 10 % des bulletins pris au hasard. Il devrait rendre ses conclusions concernant les recours déposés par les candidats réformateurs en fin de semaine.
Mais c’est bien les propos britanniques qui semblent en particulier énerver le régime iranien.
Le guide suprême Ali Khamenei avait déjà critiqué, vendredi, « les diplomates de plusieurs pays occidentaux qui nous parlaient jusqu’ici avec un langage diplomatique », dénonçant « en premier lieu le gouvernement britannique », ce qui a valu au chargé d’affaires iranien à Londres d’être convoqué.
Dimanche, le ministre des affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, a accusé directement Londres d’avoir « comploté contre l’élection présidentielle depuis plus de deux ans », selon la chaîne iranienne Press TV.
La Grande-Bretagne « voulait que personne n’aille voter (…) c’était la ligne des médias britanniques », a-t-il ajouté, faisant état de plusieurs « éléments liés aux services secrets britanniques », sans plus de précisions.
Le ministre des affaires étrangères britannique, David Miliband, s’est empressé de démentir toute manipulation du mouvement de contestation.
Dans la foulée de ces déclarations, Téhéran a annoncé l’expulsion de Jon Leyne, le correspondant permanent de la BBC en Iran, accusé d’avoir « soutenu » les émeutiers.
Avec les autres correspondants de la BBC, Leyne informait en temps réel sur la situation à Téhéran sur le site de la BBC.