Les chefs de l’opposition en Iran Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi ont demandé l’autorisation officielle pour une cérémonie en hommage aux manifestants morts lors des protestations qui ont suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, a indiqué dimanche l’agence Isna.
« Nous vous informons que nous souhaitons organiser une cérémonie dans le Grand Mossala (lieu de prière) de Téhéran pour le quarantième jour des événements tristes qui ont vu nombre de nos compatriotes perdre la vie », ont-ils écrit dans une lettre au ministre de l’intérieur.
Ils ont ajouté qu’ »il n’y aura pas de discours lors de cette cérémonie et les participants écouteront seulement des versets du Qoran en silence ».
Selon le site Etemadmelli, appartenant au parti de M. Karoubi, la cérémonie est prévue jeudi prochain.
Empêcher la répression
La veille, les deux ex-candidats à la présidentielle Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi ainsi que l’ancien président réformateur Mohammad Khatami ont également demandé aux dignitaires religieux de mettre un terme à la « répression » menée par les autorités depuis les manifestations consécutives à la présidentielle contestée de juin, alors que deux journaux annoncent la mort d’un détenu proche d’un candidat malheureux.
« Nous attendons de vous, les plus hauts dignitaires religieux, que vous rappeliez aux autorités les conséquences nocives du non respect de la loi, et que vous les empêchiez de poursuivre la répression dans la République islamique », peut-on lire dans le communiqué.
« Violence et barbarie »
Les leaders de l’opposition accusent le régime de « barbarie », dénonçant des « méthodes d’interrogatoire qui rappellent l’ère obscure du shah ».
« Comment peut-on prétendre que le système est clément, que l’on est adepte de la religion de Mahomet alors qu’on reste silencieux face à toute cette violence et cette barbarie ? », s’insurgent les opposants à Mahmoud Ahmadinejad.
Dans une lettre ouverte au ministre des renseignements, M. Karoubi a accusé les autorités de « dissimuler le véritable nombre de personnes tuées lors des récents événements » et de maltraiter des prisonniers ainsi que les femmes lors des manifestations.
« Les jeunes iraniens sont battus dans les rues et jetés en prison couverts de sang, écrit-il. Ils sont emmenés dans des centres de détention illégaux où ils sont l’objet de pressions psychologiques et de mauvais traitements ».
Cela est « plus douloureux » que de voir les « sionistes affrontant les femmes [palestiniennes] face auxquelles ils font preuve d’une certaine retenue », assène l’ex-candidat réformateur.
2 manifestants meurent en prison
Un étudiant, Amir Javadifar, « un étudiant en gestion industrielle (dans la ville de) Qazvin », arrêté lors des manifestations de juillet est mort en prison, a rapporté dimanche le journal réformateur Etemad.
La presse du camp réformateur a par ailleurs rapporté samedi la mort d’un manifestant arrêté lors des rassemblement commémorant la révolte étudiante de juillet 1999.
« Mohsen Ruholamini, arrêté lors des rassemblements du 9 juillet, a été tué » en détention, selon deux quotidiens.
Les journaux précisent que le jeune homme de 25 ans était le fils d’Abdolhossein Ruholamini, un conseiller du quatrième candidat à la présidence, Mohsen Rezai, ancien chef des Gardiens de la révolution.
L’opposition réformatrice et modérée a crié à la fraude après la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, soutenu par le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et le scrutin a plongé l’Iran dans sa plus grave crise depuis la révolution islamique de 1979.
Les manifestations, d’une ampleur inédite depuis trente ans, se sont multipliées à Téhéran et dans les grandes villes malgré la répression, et de fortes divisions sont apparues au sommet du pouvoir politique et religieux.
Au moins 20 personnes sont mortes au cours des manifestations, et entre mille et plusieurs milliers d’opposants, selon les sources, ont été arrêtés.