A quelques jours de la prestation de serment Mahmoud Ahmadinejad, vainqueur très contesté de la présidentielle iranienne du 12 juin, le régime iranien hausse le ton.
Le premier procès de manifestants anti-Ahmadinejad s’est ouvert samedi evant un tribunal révolutionnaire de Téhéran.
Dans le box des accusés se trouve une centaine de sympathisants de l’opposition, arrêtés lors des marches de protestation du mois de juin.
Parmi ces militants figurent des personnalités du camp réformateur telles que l’ancien vice-président Mohammat Ali Abtahi, l’ancien porte-parole du gouvernement Abdollah Ramezanzadeh ou le chef du principal parti réformateur, le Front iranien de la participation islamique, Mohsen Mirdamadi.
Les prévenus selon l’agence officielle Irna, d’avoir «perturbé l’ordre et la sécurité» et «d’avoir des liens avec les hypocrites», l’appellation officielle des Moudjahidine du Peuple, le principal mouvement d’opposition en exil.
Ils sont également soupçonnés, précise l’agence, «de port d’armes à feu et de grenades, d’attaques contre les forces de l’ordre et les miliciens islamistes et d’envoi d’images des défilés pour les médias ennemis».
A priori, les prisonniers encourent cinq ans de captivité, mais s’ils étaient reconnus coupables d’être «mohareb» (ennemi de Dieu), ils risqueraient la peine de mort.
Volte-face de certains des accusés
L’un des leaders du camp réformateur, qui comparaissait à la barre l’ancien le vice-président de Khatami, Mohammat Ali Abtahi, s’est dit en accord avec le parquet sur les charges qui pesaient contre lui.
« Mais je veux dire quelque chose sur la révolution de velours, je pense que la capacité pour qu’une telle chose se produise existe dans le pays, mais je ne sais pas s’il y avait une intention réelle de le faire», a-t-il plaidé.
Rompant avec le discours de l’opposition, emmenée par le rival malheureux d’Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, Mohammat Ali Abtahi aurait affirmé, selon les médias, qu’il n’y avait pas eu de fraudes à la présidentielle du 12 juin.
«C’était un mensonge pour provoquer des émeutes pour que l’Iran devienne comme l’Afghanistan et l’Irak et souffre » a ajouté le réformateur, qui est apparu très amaigri.
«Si cela arrivait, il ne resterait ni le nom, ni aucune trace de la révolution», a-t-il poursuivi.
«Moussavi ne connaissait probablement pas le pays, mais Khatami était au courant. Il connaissait la puissance du Guide suprême Ali Khamenei, mais il a rejoint Moussavi et ça c’était une trahison», a conclu ce membre du clergé.
Mohammad Atrianfar, membre important du camp réformateur, a également exprimé sa loyauté envers le régime.
«Tout groupe radical, ou mouvement qui agit au nom de la réforme dont le comportement vise à affaiblir le régime doit mettre fin à ce type d’agissements et s’excuser», a-t-il indiqué
Un mois et demi après le premier tour du 12 juin, la contestation se poursuit, l’opposition refuse toujours de reconnaître la victoire du président Ahmadinejad.
Jeudi, les forces de l’ordre ont employé la force pour disperser des milliers de partisans de l’opposition rassemblés dans le centre de Téhéran et dans un cimetière de la capitale pour rendre hommage aux manifestants tués.
Sur les 2000 manifestants arrêtés depuis le début de la contestation, 250 sont toujours derrière les barreaux.
Les témoignages sur les mauvais traitements subis en prison par les opposants, qui ont été relâchés, se sont multipliés et ont déclenché des critiques, même au sein même du clan conservateur du pouvoir iranien.
La crise n’a pas non plus épargné Mahmoud Ahmadinejad dont les relations avec le guide suprême l’ayatolah Khamenei semblent s’être tendues particulièrement sur la question des nominations de ministres.
Mahmoud Ahmadinejad avait ainsi dû renoncer à nommer Esfandiar Rahim Mashai, un de ses proches, au poste de vice-président.