Irak / Un an après l’offensive de l’EI : Le pays englué dans la guerre

Irak / Un an après l’offensive de l’EI : Le pays englué dans la guerre

Ruine n Un an après le début de l’offensive du groupe jihadiste Etat islamique (EI), l’Irak est plus que jamais une nation déchirée, sans espoir de sortir rapidement du cercle vicieux des violences, des tensions confessionnelles et des tragédies humanitaires.

Les frontières, les rapports de force et les équilibres démographiques ont été considérablement bouleversés par ce conflit. Le 9 juin 2014, les combattants d’une organisation baptisée Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) déferlent sur un tiers du territoire, principalement l’ouest et le nord.

Il ne leur faut que 24 heures pour prendre Mossoul (nord), la deuxième ville du pays, malgré leur nette infériorité numérique. Et ils font même un temps planer la menace sur Bagdad. Rebaptisé «Etat islamique», le groupe jihadiste proclame moins d’un mois plus tard un «califat» sur les larges territoires qu’il contrôle à cheval sur la Syrie et l’Irak. Depuis, les jihadistes se sont surtout distingués par leurs atrocités, décapitant, crucifiant, exécutant en masse ou réduisant en esclavage sexuel des centaines de femmes yazidies. Après plus de 4 000 frappes menées par la coalition internationale, qui ont tué plus de 10 000 jihadistes, selon la coalition, et des combats au sol menés par les forces de sécurité, aidées par des peshmergas kurdes, des milices chiites et des tribus sunnites, l’EI ne paraît guère affaibli. Les jihadistes restent capables de tenir tête, comme l’a montré en mai la prise de Ramadi, chef-lieu de la province d’Al-Anbar qui résistait depuis plus d’un an. Comme à Mossoul, il y a un an, les unités stationnées à Ramadi se sont retirées dans le désordre le plus total en laissant derrière elles des centaines de millions de dollars en équipements, armements et véhicules blindés. Ce butin de guerre ne fait que renforcer les capacités du groupe extrémiste, qui continue parallèlement à attirer des combattants étrangers. Pour reprendre du terrain, Bagdad est obligé de s’appuyer sur les milices chiites soutenues par l’Iran. Autres alliées de poids pour Bagdad, les forces kurdes ont profité du retrait de l’armée face à l’EI pour s’installer dans des secteurs disputés. Les déplacements massifs de population ont, par ailleurs, contribué à modifier l’équilibre démographique du pays. Parmi les trois millions de déplacés, nombre d’arabes sunnites ont rallié des régions chiites et kurdes, ce qui pourrait être une source de tensions confessionnelles. Pour apaiser les populations principalement sunnites des territoires dévastés par les combats, le gouvernement doit en outre montrer sa volonté de reconstruire. Mais l’état des finances publiques ne le permet pas. Dans cette guerre qui ruine son présent et compromet son avenir, l’Irak perd également un peu de son passé. L’EI a ainsi infligé des destructions à des sites archéologiques renommés comme Nimroud et Hatra, et se livre à un pillage d’antiquités pour financer ses opérations. Le gouvernement a répondu modestement, en rouvrant le musée de Bagdad pillé en 2003 lors de l’invasion américaine.

R. I. / Agences