Une série d’attaques à la bombe a visé cinq mosquées chiites à Bagdad et dans ses environs, tuant au moins 29 Irakiens, principalement des fidèles assistant à la grande prière du vendredi, le 31 juillet, en début d’après-midi.
Selon un bilan provisoire, plus de 135 personnes ont également été blessées.
Les explosifs ont été déclenchés presque simultanément – entre 12 h 45 et 13 h 30 – dans des quartiers de l’est, du sud et du nord de la capitale où les partisans de l’imam chiite, antiaméricain, Moqtada Al-Sadr sont majoritaires.
L’attaque la plus meurtrière a visé, dans le quartier de Chaab, au nord de Bagdad, la mosquée Churufi, une ancienne place forte des milices sadristes.
Son accès avait été condamné par la police nationale irakienne, contraignant la foule à prier sur le terre-plein extérieur.
L’explosion a fait au moins 23 morts et plus de 100 blessés.
Depuis six mois, les attentats – quasi quotidiens, mais en net déclin depuis le pic de violence qui avait accompagné le retrait des troupes américaines des grandes villes irakiennes le 26 juin – ont surtout touché la communauté chiite.
Entre avril et juin, les marchés surpeuplés des faubourgs de Sadr City, autre bastion sadriste, ont été durement frappés à plusieurs reprises.
Face à ces attaques, les dirigeants sadristes accusent régulièrement le premier ministre, Nouri Al-Maliki, et les forces de sécurité, dominées par un courant chiite rival, de mener une campagne visant à liquider leur mouvement.
Plus généralement, les Bagdadis dénoncent l’incapacité des forces de sécurité à les protéger.
Selon des témoignages rapportés par l’Agence France-Presse, des policiers irakiens pris de panique après les explosions de vendredi auraient réagi en tirant aveuglément dans la foule.
A l’heure où le désengagement de l’armée américaine d’Irak a été amorcé, le degré de planification que suppose la simultanéité de ces attentats en différents points de la capitale démontre la capacité de nuisance que détiennent encore certains groupes extrémistes.
Leur mode opératoire n’est pas sans évoquer celui qui prévalait aux jours les plus noirs des violences intercommunautaires, entre 2005 et 2007.
Environ 130 000 soldats américains sont encore présents sur le sol irakien. Selon un accord de sécurité conclu à Bagdad, la majorité d’entre eux resteront mobilisées jusqu’aux élections irakiennes de janvier 2010.
Le retrait des unités de combat devrait ensuite s’effectuer progressivement pour s’achever en août 2010.
Les attaques contre les cinq mosquées chiites ont coïncidé avec la publication, dans la presse, d’un rapport critique, rédigé début juillet, par un conseiller militaire américain à Bagdad, le colonel Timothy Reese, qui préconise pour les Américains de « déclarer la victoire et de rentrer à la maison ».
Le colonel Reese estime que les résultats obtenus par les forces de sécurités irakiennes « ne sont pas à la hauteur » des efforts et des sacrifices américains.
Les forces irakiennes, juge-t-il, sont néanmoins capables de se débrouiller seules, malgré leur « paresse, leur corruption et leur inaptitude à résister aux pressions politiques ».
Ces déclarations tranchent avec l’optimisme affiché par le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, après sa visite mardi et mercredi en Irak.
Il estimait que le désengagement américain se déroulait « mieux que prévu ».
Même si la guerre en Irak n’est plus une priorité de l’administration Obama, qui compte notamment sur le retrait de ses forces du théâtre irakien pour renforcer le front afghan, de nombreux spécialistes mettent en garde contre la recrudescence des attentats en Irak à l’approche des élections parlementaires prévues le 16 janvier 2010.
Pour rester au pouvoir, M. Maliki devra en effet démontrer sa capacité à maintenir le calme relatif qui prévaut alors que les tensions augmentent autour de plusieurs enjeux majeurs pour l’avenir du pays.
Les communautés kurde et arabe se disputent âprement sur le statut qui sera réservé à la riche cité pétrolifère de Kirkouk.
De son côté, la minorité sunnite réclame davantage de représentation politique, dénonçant une mise à l’écart systématique.
Le projet américain de voir intégrer dans le gouvernement irakien actuel une partie des milices sunnites proaméricaines des Majlis Al-Sahwa (Conseil du réveil) se heurte aux fortes réticences du pouvoir chiite actuel, qui a procédé récemment à l’arrestation de plusieurs chefs de milices.