Les deux auteurs des attentats suicide du 19 août qui ont fait près de 100 morts à Bagdad avaient été récemment libérés d’une prison américaine dans le sud de l’Irak, a indiqué dimanche à l’AFP un haut responsable du ministère de l’Intérieur.
« Le kamikaze qui s’est fait exploser devant le ministère des Affaires étrangères a été libéré de camp Bucca il y a trois mois », a affirmé ce responsable en référence à la prison administrée par l’armée américaine dans le sud du pays.
« Le second a aussi été libéré il y a quelques mois de la même prison », a-t-il ajouté, soulignant que les deux kamikazes appartenaient au réseau Al-Qaïda.
Selon ce responsable, quatorze autres personnes, toutes membres d’Al-Qaïda, ont également été arrêtées par les services de sécurité irakiens, suspectées d’avoir participer à l’organisation des attaques contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances qui ont fait 95 morts et 600 blessés.
« La plupart d’entre eux ont été aussi libérés au cours des derniers mois de camp Bucca » et sont originaires des provinces de Ninive et Salaheddine (nord), a-t-il dit.
« Jusqu’à présent, nous n’avons pas établi une connexion avec des pays étrangers », a insisté le responsable, semblant contredire la version officielle présentée la semaine dernière par les autorités irakiennes.
Celles-ci avaient affirmé, lors de la présentation d’un « suspect » à la télévision officielle, que les commanditaires des attaques étaient des membres du parti Baas de l’ancien président Saddam Hussein, basés en Syrie, qui se sont alliés avec des membres d’Al-Qaïda.
Ces attaques ont également provoqué une crise diplomatique entre la Syrie et l’Irak.
Interrogé à propos de cette confession, le haut responsable n’a pas voulu répondre.
« Chaque individu avait un rôle précis. L’un était chargé d’acheter les véhicules dans différentes provinces, un autre était chargé de les faire entrer à Bagdad, et un autre de les piéger », a ajouté le responsable.
Les camions ont été préparés dans le sud de Bagdad et du matériel a été découvert dans un maison du secteur.
Un troisième camion bourré d’explosifs a été retrouvé dans le quartier de Salahia (centre), non loin de l’attentat devant le ministère des Affaires étrangères.
Il était tombé en panne et n’avait pu être conduit jusqu’à sa cible, a précisé la même source.
L’administration pénitentiaire américaine a affirmé à l’AFP n’avoir « jusqu’à présent aucune preuve qu’un ancien détenu a été impliqué dans les attaques ».
« Le gouvernement irakien enquête toujours sur les attaques et il serait inapproprié pour nous de spéculer sur l’identité des personnes qui pourraient être impliquées », a ajouté le capitaine Brad Kimberly.
En mai, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s’était plaint de la libération trop rapide de prisonniers détenus par les forces américaines, une des causes selon lui d’un regain de violences.
Au total, 11.057 personnes étaient détenues en juin dans trois prisons contrôlées par l’armée américaine, camp Cropper, camp Taji (près de Bagdad) et camp Bucca, près de Bassorah, indique le commandement américain dans un communiqué.