Le Premier ministre français François Fillon, accompagné d’un groupe de chefs d’entreprises, a effectué une visite jeudi à Bagdad pour préparer la conquête du vaste marché irakien au lendemain du retrait partiel des forces américaines.
« Les gens qui m’accompagnent sont venus avec la ferme intention de développer leurs activités en Irak. Naturellement, il faut que la situation en terme de sécurité continue à s’améliorer », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse commune avec son homologue irakien Nouri al-Maliki.
« Il n’y a aucune raison que nous ne retrouvions pas la qualité des relations économiques qui furent les nôtres dans le passé », a-t-il ajouté faisant allusion au fait que la France fut un des meilleurs partenaires commerciaux de l’Irak avant mais surtout à l’époque de sa guerre avec l’Iran (1980-1988).
« Nous reprenons une longue histoire commune »
Le Premier ministre irakien a abondé dans ce sens. « Nous ne partons pas de zéro. Nous reprenons, nous retrouvons une longue histoire commune », a-t-il dit.
François Fillon a annoncé que le président irakien Jalal Talabani effectuerait une visite d’Etat en novembre à Paris.
« Personne ne doit craindre le relèvement de l’Irak. Un Irak en paix, réconcilié avec lui-même, fort est un gage d’équilibre pour la région », a-t-il souligné.
Plusieurs accords, lettres d’intention et déclaration commune ont été signés. Il s’agit notamment de coopération technique en matière de sécurité intérieure et dans le domaine militaire.
En matière économique, les discussions doivent se poursuivre en vue d’un accord entre les institutions financières française et irakienne Coface et Trade Bank of Irak pour protéger les investissements.
Un accord a été signé sur la formation d’ingénieurs dans le secteur routier et la constitution d’un conseil franco-irakien des chefs d’entreprises présidé du côté français par le patron de Total, Christophe de Margerie.
Par ailleurs, la France s’est engagée à aider l’Irak pour son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce et à appuyer la signature d’un accord de partenariat entre l’Irak et l’Union européenne.
« Les Irakiens ont très envie de se soustraire de la tutelle américaine et c’est pourquoi ils souhaitent faire affaire avec d’autres investisseurs qu’ils connaissent bien, parmi lesquels les Français », a affirmé un responsable au cabinet de M. Fillon.
Le porte-parole du gouvernement irakien Ali al-Dabbagh a confirmé le désir de l’Irak de voir la France jouer un rôle économique de premier plan.
« Notre pays veut que la France soit un partenaire stratégique notamment commercial et le Premier ministre Nouri al-Maliki a affiché sa volonté de voir les relations bilatérales s’accroître notablement », a-t-il ajouté.
Lagarde et Parisot à Bagdad également
Cette visite fait suite à la venue à Bagdad le 10 février du président français Nicolas Sarkozy et à celle du Premier ministre irakien à Paris le 4 mai.
M. Fillon est venu avec une trentaine de personnes, parmi lesquelles la ministre de l’Economie Christine Lagarde, la patronne du Medef Laurence Parisot, Louis Gallois, patron d’EADS, Bruno Lafont, PDG de Lafarge et Christophe de Margerie.
Les 750 000 policiers et militaires irakiens ont pris le 1er juillet le contrôle des villes alors que les 133 000 soldats américains devraient être cantonnés dans des bases et participer notamment à la formation de leurs collègues irakiens.
Pour Mme Parisot, « il faut être présent surtout que depuis un an il y a beaucoup de signes d’une reprise des relations économiques ».
M. Fillon devait se rendre dans l’après-midi à Souleimaniyeh, dans le Kurdistan irakien, pour rencontrer le président Talabani.