Irak: au moins 95 morts dans deux attentats au coeur de Bagdad

Irak: au moins 95 morts dans deux attentats au coeur de Bagdad

Au moins 95 personnes ont été tuées et plus de 550 blessées mercredi dans un double attentat visant deux ministères à Bagdad, dans un défi de l’insurrection contre le gouvernement qui se targue de pouvoir assurer la sécurité dans la capitale irakienne.

Il s’agit de la journée la plus meurtrière dans Bagdad depuis le 1er février 2008 où 98 personnes avaient été fauchées par un attentat dans un marché populaire.

Les autorités irakiennes ont aussitôt accusé les baassistes, membres du parti Baas au pouvoir sous l’ancien président Saddam Hussein aujourd’hui dissous, et les extrémistes d’avoir perpétré les attaques contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances.

« Dans les deux attaques, 95 personnes sont mortes et 563 ont été blessées », a affirmé un responsable du ministère de l’Intérieur.

L’attentat le plus meurtrier s’est produit dans le centre-ville où un camion piégé a explosé devant le ministère des Affaires étrangères, à quelques mètres de l’entrée de la Zone verte, le secteur ultra-protégé de la capitale qui abrite l’ambassade des Etats-Unis et le siège du gouvernement irakien.

Une cinquantaine de personnes y ont été tuées et plus de 200 blessées, selon un dernier bilan des ministères de l’Intérieur et de la Défense.

Un journaliste de l’AFP a vu plusieurs corps enchevêtrés dans leurs voitures circulant devant le ministère au moment de l’explosion qui a provoqué un cratère de trois mètres de profondeur et dix de largeur.

« J’étais chez moi avec ma famille. Le plafond s’est écroulé », raconte Hamid, 46 ans, habitant un immeuble situé à proximité. « Le gouvernement nous dit que la sécurité est revenue mais où est-elle? L’attentat s’est produit devant le ministère des Affaires étrangères, au coeur de Bagdad! »

« Où sont les secours? » lançaient des habitants aux fenêtres des bâtiments, inondés par l’eau de citernes situées sur les toits qui ont été transpercées par des débris.

Un autre camion rempli d’une tonne d’explosifs, garé dans le même quartier que celui des Affaires étrangères, a été repéré et les explosifs désamorcés quelques minutes avant l’explosion prévue, a indiqué la police.

La seconde attaque, un attentat suicide au camion piégé, a visé le ministère des Finances.

« Un kamikaze a fait sauter son camion frigorifique avec 1,5 tonne d’explosifs à proximité du ministère. Cette attaque criminelle montre que les terroristes visent les infrastructures du pays et les civils », indique un communiqué du ministère des Finances.

Le camion se trouvait sur le pont d’une voie rapide reliant le nord au sud de la capitale. Un tronçon de 30 mètres du pont s’est effondré et des voitures ont été précipitées dans le vide, selon un policier.

C’est la seconde fois depuis 2007 que ce ministère est visé.

« Le souffle de l’explosion m’a projeté à cinq mètres de là où j’étais. Le faux plafond s’est effondré sur nos têtes », a affirmé un employé, Mohammed Sale.

« Plusieurs directeurs généraux du ministère sont hospitalisés dans notre établissement », a affirmé le responsable de la Cité médicale, sous couvert de l’anonymat.

Par ailleurs, une voiture piégée a explosé dans l’ouest de Bagdad et deux obus de mortier sont tombés dans la Zone verte et un troisième à l’extérieur, sans faire de victime.

« L’alliance des baassistes et des extrémistes islamistes est responsable de ces opérations terroristes qui visent à saper la situation sécuritaire et politique », a indiqué Qassam Atta, le porte-parole du commandement militaire de Bagdad.

Le 30 juin, l’armée américaine s’est retirée des villes irakiennes, dont Bagdad, en confiant le contrôle aux forces irakiennes.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est dit « attristé » par les attentats de Bagdad, qualifiés de « brutaux » par l’Union européenne.