Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), a réitéré hier sur les ondes de Radio Algérie Internationale, son souhait de rendre le vote obligatoire.
Explicite, il affirmera ne pas comprendre que dans un pays comme le nôtre où les gens se sont battus jusqu’au sacrifice suprême durant le colonialisme pour pouvoir acquérir ce droit, l’on fait preuve de réserves lorsqu’il s’agit de se diriger aux urnes. « Cela est inadmissible ! », fustigera-t-il.
Poursuivant sur sa lancée, il rappellera que l’abstention ne profite à personne et que l’on peut exprimer son mécontentement autrement, «soit par un bulletin blanc». Ainsi, soutiendra-t-il, les responsables qui auront organisé le vote «vont tirer les conséquences puisque les citoyens auront montré leur mécontentement d’une façon concrète».
Interrogé sur l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, Me Ksentni qualifiera cette pratique de hautement immorale. «Il faut laisser les choses, chacune à sa place. Les Algériens ont une expérience à cet égard. Il ne faut pas que les choses se renouvellent si nous voulons aller vers la démocratie réelle et effective», martèlera-t-il, allusion faite ici, aux législatives de 1991.
Evoquant le rôle de la Commission nationale de surveillance des élections, le président de la CNCPPDH qui se dit entière- ment acquis à l’idée que les partis politiques soient partie prenante de l’opération de surveillance, soulignera que la commission n’a pas à «s’assujettir» au ministère de l’Intérieur. Cela dit, insistera Me Ksentini, «il faut apprendre à s’écouter mutuellement et à dialoguer». A propos de la fraude, il estimera que «la fraude morale» ou la manipulation de l’électeur est beaucoup plus difficile à maîtriser que la manipulation des bulletins de vote. Car pour écarter cette dernière, des dispositions suffisamment sévères ont été prises à l’occasion des prochaines élections. Ce n’est pas le cas pour la fraude morale. Cela étant, il faut que certains candidats revoient de fond en comble ce qu’ils font maintenant. Selon Me Ksentini, cette lacune s’explique également «par la jeunesse de l’expérience démocratique dans notre pays, et non pas par le manque de compétences». S’exprimant sur la participation des magistrats à la surveillance du scrutin, Me Ksentini, qui rappellera avoir applaudi cette décision, devait indiquer que cette mission honore l’ensemble du corps auquel il appartient et qu’il leur fait entièrement confiance, notant que l’opinion publique a favorablement accueilli cette garantie qui confortera l’indépendance de la magistrature. Enchaînant sur l’ensemble des garanties présentées dans le cadre de ce scrutin, le président de la CNCPPDH a affirmé que toutes les garanties ont été prises, à toutes les étapes, aussi bien horizontalement que verticalement. «On ne peut pas faire plus», soulignera-t-il. Allant plus loin dans ses idées, il soutiendra que le problème de ces élections n’est pas la sincérité mais la participation, regrettant dans ce cadre, que le RCD ne participe pas aux élections, car, selon lui, « sa participation aurait apporté un plus». Au sujet de la représentativité des femmes au niveau des formations politiques, l’invité de la radio a soutenu qu’avec ce droit politique accordé aux femmes, l’on pourra améliorer les droits civiques de la femme. Même si elles ne seront pas 30% à la prochaine Assemblée, cela est un début. «L’essentiel est que les choses soient enclenchées», précisera-t-il.
Mettant l’accent d’autre part, sur le rapport annuel de la CNCPPDH présenté la semaine dernière au Président de la Répu- blique, Me Ksentini rappelle de prime abord que le document traite de sujets classiques qui figurent dans les rapports précédents. Ce document, précise-t-il, «recèle d’autres sujets nouveaux à l’image des réformes et des nouvelles dispositions prises qui constituent un virage définitif vers la démocratie». Il s’agit notamment de la loi sur les partis. Il signalera, dans ce cadre, que les lois sur l’information et les associations sont «frileuses».
Soraya G.