Au-delà des remous internes connus ces derniers temps par ArcelorMittal, ce groupe vient de prôner une approche sur l’investissement autre que celle développée par Emaar qui a préféré abandonner ses projets.
Ainsi, malgré la crise économique mondiale qui affecte les grands groupes internationaux, l’Algérie semble toujours une destination de choix pour eux.
La confirmation vient de Vincet Le Gouig en charge du complexe d’ArcelorMittal de Annaba.
Sa position tranche avec celles des responsables du groupe émirati Emaar. Même le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait justifié le retrait de cette société par la fragilité de sa situation financière suite à la crise mondiale.
Or, voilà le responsable d’ArcelorMittal qui pense que dans le cas où les opportunités de réaliser des gains seraient maintenues dans le pays, il n’y aurait aucune raison de sursoir à des projets d’investissements.
Il pense notamment à une possibilité de créer une usine à Jijel. La crise ne serait donc pas un écueil si important à tous les groupes mondiaux, pour peu qu’ils soient assurés d’un retour sur investissement.
Ce constat concerne surtout le contexte mondial. Le Président Bouteflika a d’ailleurs souligné lors de son discours à Charm El-Cheikh qu’il veut éviter «les crispations et les surenchères de toutes sortes, ainsi que les penchants protectionnistes préjudiciables à notre quête commune d’un monde juste, prospère et solidaire».
Mais les décisions internes pourraient-elles constituer un frein à l’investissement? La réponse vient une nouvelle fois du représentant d’ArcelorMittal.
Selon lui, il n’y a pas que les finances qui comptent dans les projets. C’est une réponse à tous ceux qui pensent que le fait d’être associé à 51% avec des Algériens serait une catastrophe pour leur business.
D’ailleurs, à bien y regarder, l’Algérie ne veut nullement du monde extérieur. C’est ce message qui a été martelé par Bouteflika lors du sommet des Non-alignés.
«La marginalisation qui touche nos pays et leur exclusion des sphères où sont prises les décisions qui commandent la conduite de la politique économique mondiale ne peuvent raisonnablement continuer», selon le Président.
Si cette volonté d’affirmer la présence de pays en voie de développement dans le concert des nations est si forte, c’est que l’Algérie ne compte pas rater l’occasion de tirer des dividendes de la mondialisation.
C’est le sens qu’il faut donner à la phrase de Bouteflika lorsqu’il dit qu’il est temps «d’agir de concert et de manière déterminée pour que la mondialisation soit mise au service de tous, de façon à permettre aux pays en développement de tirer profit de l’essor prodigieux des flux d’échanges et d’investissements qu’elle a réussi à impulser».
L’Algérie a déjà profité de ce flux des échanges en vendant ses matières premières à un prix élevé, ce qui lui a permis de reconstituer ses réserves de change et garantir des moyens de payer ses importations pour plusieurs mois. Par contre, elle n’a pas pu attirer un montant important en investissements étrangers.
Une moyenne de deux milliards de dollars d’IDE a été réalisée lors des dernières années. C’est peu comparativement aux 150 milliards de dollars dégagés pour une période de cinq ans sur les ressources propres de l’Algérie.
Rien que dans le secteur du bâtiment, 4 milliards de dollars sont engagés chaque année.
Toujours en comparaison avec les investissements étrangers, Emaar a proposé un investissement de 5 milliards de dollars pour l’ensemble des projets immobiliers.
Pour bien encadrer ses relations dans un contexte de mondialisation, l’Algérie a pris soin de ne pas permettre un transfert sans limites des ressources en devises.
Sans cette mesure, le pays serait un exportateur de capitaux alors que l’objectif était d’en attirer vers l’Algérie.
La porte n’est pas complètement fermée aux capitaux étrangers. A travers leurs investissements, les étrangers n’apportent pas seulement l’argent frais mais une connaissance en management.
D’ailleurs, même l’argent est le bienvenu car les revenus d’exportation des hydrocarbures sont erratiques et ne peuvent pas être tenus comme suffisamment constants pour réaliser des investissements.
Les prix du pétrole ne sont pas à l’abri d’une chute brutale mettant en péril les disponibilités financières de l’Algérie.
Pour éviter que l’Algérie ne soit confrontée à ce genre de scénarios, le Président pense que le consensus mondial s’est établi autour du fait que «le constat unanime qui s’impose est que la réponse à la gravité de cette crise systémique ne saurait se satisfaire de réformes conjoncturelles».
L’Algérie veut «des changements substantiels porteurs d’une véritable logique de développement en phase avec les incontournables réalités économiques et sociales».
Une reprise de l’économie mondiale prévue en 2010 peut éloigner, un certain temps, le désordre planétaire et avec lui les menaces sur la remontée des foyers de la pauvreté.
Car c’est contre ce fléau qu’il faut lutter en urgence.