Investissement: Les patrons plaident pour des banques

Investissement: Les patrons plaident pour des banques

Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a appelé, hier, les autorités à autoriser la création de banques privées pour développer l’investissement et l’économie.

Ce n’est pas parce que l’Algérie a vécu une expérience malheureuse qu’il faut continuer d’interdire la création de banques privées», a déclaré, hier, Omar Ramdane, le président d’honneur du FCE.



Ce dernier, qui intervenait à l’occasion d’un séminaire consacré à «l’entreprise algérienne et sa relation au système financier et bancaire national», affirme que l’Algérie reste le seul pays dans le pourtour méditerranéen à ne pas disposer de banques privées, en rappelant cependant le «traumatisme» causé par Khalifa Bank, sans la citer nommément.

Pour Omar Ramdane, mis à part la santé et l’éducation, tous les autres secteurs doivent être ouverts au privé en soulignant que l’Etat doit choisir des «champions nationaux» (entreprises publiques et chefs d’entreprises privés) pour l’aider, en invoquant notamment l’exemple de la Corée du Sud qui a multiplié, dira-t-il, son PIB par 400 en 2010.

«Le taux d’épargne de notre pays est l’un des plus importants au monde mais le système de contraintes joue contre nos entreprises», affirme pour sa part l’expert et universitaire, Benabdellah Youcef.

Ce dernier, dans une communication présentée à l’occasion de la rencontre organisée, hier, par le FCE à l’hôtel El-Aurassi et parrainée par le chef de l’Etat, affirme que «l’Algérie est le pays qui investit le plus mais qui croît le moins», en soulevant notamment le problème de «l’efficacité de l’investissement ». Cet expert soutient qu’aucun pays au monde ne peut profiter de la mondialisation sans industrie tout en soulignant «qu’une croissance tirée par les hydrocarbures est désindustrialisante».

«Le pays dispose de beaucoup d’argent mais le développement ne suit pas», dira-t-il encore en résumant la situation en une phrase : «Comme si vous avez une maison de deux étages mais vous ne disposez pas d’escaliers pour accéder à un étage», se désole cet expert qui note que les banques elles-mêmes souffrent de l’environnement qui entoure l’investissement.

«Il ne saurait y avoir, dans notre pays comme partout ailleurs, de croissance économique forte et durable sans un système financier et bancaire moderne, solide et efficace», estime, par ailleurs, le FCE dans un document remis à la presse.

Le FCE, qui a tenu à rappeler ce qu’il qualifie «d’évolution favorable» de ces dernières années, note toutefois qu’il existe des insuffisances tout aussi réelles notamment pour ce qui est des «conditions générales de financement de nos activités économiques, du fonctionnement de notre marché financier, ou, plus simplement, de la relation quotidienne qui relie l’entreprise algérienne à sa banque».

Alors que plusieurs économistes ont reconnu, hier, que plus de la moitié (53%) des crédits accordés par les banques sont destinés au secteur privé, le Forum des chefs d’entreprises reproche «qu’il est assez étonnant de relever que l’accès au crédit soit encore considéré par les entrepreneurs, depuis de très longues années, comme un des premiers obstacles au développement de leurs investissements ».

Se basant sur des chiffres de la Banque d’Algérie, le FCE fait état de 1.984 milliards de DA accordés en 2011 aux entreprises privées, au moment où le secteur public n’a bénéficié que de 1.741 milliards de DA durant la même période.

Le FCE note néanmoins que ces données globales ne renseignent pas efficacement sur la véritable répartition des crédits qui inclut les crédits de ménages, les crédits ANSEJ et autres opérations de soutien à caractère social. La «solution miracle» réside, estime le FCE dans son document, dans «l’implication du capital privé national, au sens le plus large, dans ce secteur financier et bancaire dont l’activité est vitale pour nous tous».

Le Forum des chefs d’entreprises, qui reprochait plus haut une mauvaise répartition des crédits et dénonçait des «obstacles qui freinent l’investissement », propose de libérer le champ bancaire et financier pour permettre à des privés algériens de disposer de banques.

«Il est vrai que les premières expériences d’implication du secteur privé national n’ont pas été concluantes mais il faudra, sous une forme ou une autre, pouvoir dépasser ce premier échec», soutient le FCE qui souligne dans le même cadre qu’il s’agit là de «surmonter un obstacle pour jeter les bases d’une économie algérienne nouvelle, plus soucieuse d’efficacité et de compétitivité et, à terme, nettement moins dépendante de la rente des hydrocarbures».

Z. Mehdaoui