Le PDG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoun, a démenti l’existence d’un projet d’investissement de 70 milliards de dollars dans le gaz de schiste, comme rapporté par la presse affirmant dans un entretien à l’APS que sa déclaration à ce propos a été reprise d’une manière «tendancieuse». Il a révélé que Sonatrach n’a jamais été prête d’investir cette somme faramineuse, précisant que «c’est un chiffre qui a été repris d’une manière tendancieuse». «Je n’avais jamais dit que Sonatrach allait investir 70 milliards de dollars pour exploiter le gaz de schiste», a-t-il soutenu. Selon lui, ce montant n’est qu’une estimation calculée sur la base de l’hypothèse d’une production de 20 milliards m3/an.
«Ce sera de la pire spéculation d’avancer (des estimations) sur les taux d’extraction. Il ne faut pas envoyer de mauvais messages», selon lui.
A ce stade de la démarche, confirme Sahnoun, aucune décision d’exploitation du gaz de schiste n’a été prise par Sonatrach. «Les deux forages, en production expérimentale, vont permettre à Sonatrach de mesurer avec exactitude le débit d’un puits schiste en Algérie et le plateau de sa production», indique le même responsable.
Pour ce dernier, le groupe Sonatrach maîtrise la fracturation hydraulique qui est une technique déjà utilisée par cette compagnie depuis les années 1990, mais sans avoir eu une incidence sur l’environnement. «Nous avons appliqué cette technique en 1992 à Hassi R’mel sur des formations (géologiques) qui ne sont pas épaisses et dont nous avons extrait du pétrole grâce à des forages horizontaux», précise-t-il.
Il souligne qu’à Hassi Messaoud, Sonatrach a également eu à recourir à cette technique pour améliorer l’extraction des gisements très compacts (tight) de ce méga champ pétrolier entré en production depuis 1956. De 2006 à 2010, le groupe a fracturé une moyenne de 50 puits/an à Hassi Messaoud, précise le dirigeant de Sonatrach, en relevant que ces forages, tout comme le reste des puits conventionnels, ont traversé des nappes aquifères sans pour autant avoir eu un impact sur l’environnement.
«C’est une technique maîtrisée par Sonatrach. Nous l’avons importée des Etats-Unis et utilisée de manière systématique dans ces forages», ajoute Sahnoun qui affirme, toutefois, comprendre les craintes exprimées par la population d’In Salah quant aux deux puits-pilotes forés dans cette région. «L’appréhension des gens par rapport à cette activité est souvent légitime. Ils manifestent de la résistance à tout ce qui est nouveau (…). Je refuse que l’on nous prête l’intention que ce que nous faisons ou ce que nous ferons plus tard puisse être préjudiciable aux citoyens et à l’environnement», insiste-t-il.
La protection de la santé de la population et de l’environnement, un principe
Selon lui, les aspects commerciaux et économiques n’écarteront jamais Sonatrach du principe de la protection de la santé de la population et de la préservation de l’environnement, «qui est sacré et parfaitement ancré dans les valeurs de Sonatrach». A ce titre, il avance que la compagnie, qui est seulement en phase d’évaluation des réserves dans le bassin d’Ahnet (In Salah) où sont opérés les deux forages pilotes de schiste, ne va pas lésiner sur les mesures de protection de l’environnement, notamment pour les nappes d’eau.
D’ailleurs, renchérit-il, Sonatrach applique des mesures de précaution strictes avant et après le forage, et ce, qu’il s’agisse de puits conventionnels (forage vertical) ou de puits non conventionnels (forage horizontal).
Chaque forage doit, en effet, être précédé d’une étude d’impact qui détermine les incidences éventuelles qu’il puisse générer éventuellement sur les nappes d’eau. En plus de cette étude d’impact, la compagnie nationale procède également au traitement de la boue de forage soit en la solidifiant avec du ciment pour la recycler pour d’autres usages, soit en la décontaminant intégralement des produits chimiques qu’elle contient, détaille-t-il.
Sahnoun précise que son groupe a opté pour le deuxième procédé qui est la décontamination, appelé la «désorption thermique», en dépit du fait qu’il coûte deux fois plus cher que la technique de la solidification. S’agissant du forage d’Ahnet, qui a soulevé l’ire des population du Sud, le premier responsable de Sonatrach dira que l’implantation des deux puits-pilotes à Ahnet, à une trentaine de kilomètres d’In Salah, obéit à une «démarche citoyenne».
«Cette démarche citoyenne de Sonatrach a été pervertie et il lui a été (imputée) une image négative», regrette-t-il tout en attribuant ce malentendu à l’inefficacité de la communication de ce groupe pétrolier qui développait un langage sur le schiste qui n’était pas accessible au commun des citoyens. A rappeler que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé, mardi lors d’un Conseil des ministres restreint consacré au développement local dans les wilayas du Sud et des Hauts Plateaux, que l’exploitation du gaz de schiste en Algérie «n’est pas encore à l’ordre du jour».
S. B.