Invasion de mouvances religieuses: Mohamed Aïssa met en garde

Invasion de mouvances religieuses: Mohamed Aïssa met en garde

Tout en pratiquant les préceptes de l’islam, la société algérienne a un héritage sociétal à préserver.

La publication pendant quelques heures, le 14 juin dernier, par l’ambassade irakienne d’un communiqué sur son site électronique appelant les Algériens désirant se rendre aux lieux saints chiites en Irak de s’approcher de ses services pour la prise en charge du séjour (information rapportée par le site Algérie patriotique), n’est pas passée inaperçue pour le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs Mohamed Aïssa qui veille au petit grain sur cette question. Celui-ci qui serait probablement la partie qui a demandé le retrait de ce communiqué, a reçu jeudi dernier au siège de son ministère l’ambassadeur d’Irak Abdurrahmane El Hoceini.

Bien que le site électronique du ministère des Affaires religieuses précise que la réception par le ministre Mohamed Aïssa de l’ambassadeur a été faite suite à la demande de ce dernier, il reste difficile de se convaincre que le motif de cette visite n’ait pas un rapport avec ce qui a été rapporté. Le ministre Mohamed Aïssa, selon le site du ministère, avait abordé avec l’ambassadeur irakien les questions de bonnes relations liant les deux pays frères et les possibilités de les approfondir davantage à l’avenir. Le ministre, selon le communiqué publié sur le site, n’a pas manqué de rappeler à l’ambassadeur irakien que l’Algérie tient énormément à la préservation de l’unité de sa religion et refuse toute tentative ou projet visant la division du monde musulman. Mohamed Aïssa qui signifie ainsi à demi-mot à l’ambassadeur irakien que la manipulation religieuse des Algériens est rejetée d’où qu’elle vienne, laissant entendre en outre que l’Algérie n’acceptera pas d’être un terrain du conflit que se livrent certaines mouvances religieuses. Il faut dire par ailleurs que Mohamed Aïssa, dans une interview accordée au journal Le Soir d’Algérie le 22 de ce mois en cours, a appelé les Algériens à ne pas accorder de l’importance au conflit éternel entre le wahhabisme et le chiisme: «Nous disons officiellement aux Algériens que nous ne voulons pas être le terrain d’une guerre qui ne nous concerne pas. Nous ne sommes ni wahhabites, pour mériter une invasion chiite qui interpelle et exige repentance, ni chiites, pour mériter cette invasion wahhabite qui demande également repentance.»

Le ministre qui reconnaît dans la même interview l’existence en Algérie des mouvances chiites et wahhabites qui tentent de faire adhérer des jeunes à leurs croyances et les impliquer dans cette guerre froide entre les deux camps, a indiqué toutefois que les services de sécurité sont en train d’élaborer une liste des personnes appartenant aux deux mouvances. Le travail des services de sécurité, selon Mohamed Aïssa, ne vise pas à punir ces personnes «pour l’appartenance mais pour éviter la dérive. Ces dérives consistent à diviser les Algériens et affaiblir le maillage social de l’Algérie». Cela avant de s’adresser aux prédicateurs étrangers, aux sectes, aux radicaux et aux extrémistes, en leur disant que «l’Algérie a son propre héritage». L’héritage de l’Algérie en termes de religion, il convient de le souligner, est l’islam dans son référent malékite.

Ce courant qui domine,pour rappel, dans tout le Maghreb, se singularise en Algérie par les traditions de la société algérienne. Celle-ci, bien qu’elle tient à la pratique religieuse conforme au Coran et à la sunna, recourt également à certaines traditions d’usage dans la vie sociale pour appliquer certaines rites et recommandations religieuses. Ces traditions héritées des aïeux et des anciens savants algériens notamment appartenant à l’association des ouléma musulmans, ont toujours pu et su imprégner les Algériens de tout excès religieux ou extrémisme dans la pensée. Le ministre Mohamed Aïssa, en parlant d’héritage de l’Algérie fait assurément allusion à ce socle de traditions qui s’est avéré avec le temps un véritable rempart contre tous les maux qui ont frappé ces dernières années bien des pays dans le monde musulman.