Intoxications alimentaires en Algérie : quand le danger vient des commerces « en règle »

Intoxications alimentaires en Algérie : quand le danger vient des commerces « en règle »
intoxication alimentaire

Les associations de protection des consommateurs en Algérie ont constaté cet été une diminution notable de la vente de produits alimentaires sur les trottoirs et les marchés parallèles. Cette baisse est le fruit des campagnes de lutte menées contre le commerce informel et des efforts visant à limiter les pratiques illégales de vente. Toutefois, un paradoxe persiste : les cas d’intoxications alimentaires enregistrés ces dernières semaines proviennent majoritairement de produits achetés dans le cadre du commerce organisé, auprès de détaillants disposant de registres de commerce et de locaux réguliers.

Le président de l’Organisation nationale de protection et d’orientation du consommateur, Dr. Mustapha Zebdi, a expliqué que les intoxications alimentaires recensées cet été s’expliquent principalement par une mauvaise manutention des denrées et le non-respect de la chaîne du froid. Selon lui, de nombreux commerçants, souvent jeunes et inexpérimentés, ignorent les règles de conservation des aliments. Par manque de formation, ils exposent leurs marchandises à la chaleur ou les stockent dans des lieux inappropriés, augmentant ainsi les risques pour la santé publique.

Le Dr. Zebdi a insisté sur la nécessité d’un encadrement plus rigoureux de cette catégorie de commerçants. Il propose que l’octroi d’un registre de commerce pour la vente de produits alimentaires soit conditionné à une formation obligatoire de 7 à 10 jours sur les bonnes pratiques de manutention et de conservation.

Parallèlement, il appelle à un renforcement des contrôles et à une extension des opérations d’inspection. Dans cette optique, son organisation a lancé une plateforme numérique destinée à recueillir les plaintes des consommateurs, afin de signaler les infractions et d’alerter les autorités compétentes.

L’importance d’une culture alimentaire et de contrôles renforcés

De son côté, Hassan Menouar, président de l’association « Amane » pour la protection du consommateur, a confirmé que les intoxications alimentaires constituent aujourd’hui une menace sérieuse pour la santé publique, aggravée par les fortes chaleurs estivales. Il déplore l’absence d’une véritable culture de consommation en Algérie, aussi bien chez les commerçants que chez les acheteurs. Selon lui, les consommateurs doivent être plus vigilants dans leurs choix, notamment face à des produits dangereux tels que les boissons énergétiques, dont la consommation connaît une hausse inquiétante chez les jeunes.

Menouar souligne que le problème ne réside pas uniquement dans la légalité des points de vente, mais aussi dans la connaissance des règles élémentaires de stockage et de transport des denrées alimentaires. Certains commerçants, pourtant installés légalement, continuent de placer leurs produits périssables en plein soleil, sur les trottoirs ou devant leurs magasins, mettant directement en danger la santé des clients.

Enfin, il observe que le commerce informel, souvent incriminé dans le passé, n’est pas le principal responsable des intoxications actuelles. La plupart des vendeurs ambulants proposent essentiellement fruits, légumes et produits secs, alors que les cas graves d’intoxications proviennent surtout de produits sensibles comme les produits laitiers ou les fromages, vendus par des commerçants en règle mais négligents.