Professeur Bouziane Nedjadi : « Un cœliaque est soumis à un régime sans gluten à vie »
Les intolérances alimentaires sont très fréquentes et prennent la forme de plusieurs pathologies, c’est le cas de la maladie cœliaque qui touche actuellement près de 500.000 personnes. Cette dernière, demeure peu connue et selon les spécialistes n’est que tardivement diagnostiquée, entraînant ainsi des complications sérieuses.
Ils sont victimes de leur différence ou même, de leur petite santé, comparés à d’autres personnes. Certains produits alimentaires sont carrément à bannir pour le bon fonctionnement de leur horloge biologique qui joue souvent au yoyo, à la moindre alerte, causée par l’aliment incriminé.
Les intolérances alimentaires touchent de plus en plus de personnes fragilisées par des difficultés d’absorption, voire le rejet par leur organisme de produits alimentaires. Le gluten, les protéines de lait de vaches, pour ne citer que ceux-là, empoisonnent, la vie de centaines de personnes, en Algérie qui restent désarmées, face à ce «dérèglement biologique» qui a fait bousculer leur vie. En effet, les intolérances alimentaires, deviennent, ces dernières années, un véritable problème de santé publique qui ne se limite pas seulement, aux enfants, mais également aux adultes qui voient l’immunité de leur corps battre de l’aile et réagir ainsi négativement chaque fois qu’ils ingurgitent un aliment. Les inévitables lois de la nature, en fait, ne tardent pas à faire leurs effets pour déboussoler tous les organes. Les intolérances alimentaires sont très fréquentes et prennent la forme de plusieurs pathologies, comme c’est le cas de la maladie cœliaque qui touche actuellement près de 500.000 personnes. Cette dernière, demeure peu connue et selon les spécialistes n’est que tardivement diagnostiquée, entraînant ainsi des complications sérieuses.
Un supplice pour les familles des enfants atteints
Un pédiatre à l’hôpital de Béni Messous, nous dira que certains cas évoluent carrément en cancer du côlon. Notre interlocuteur estimera que les intolérances alimentaires, appelées aussi allergies alimentaires sont très répandues avec des symptômes qui reviennent souvent tels les maux de tête, les diarrhées aiguës et des ballonnements. Il ne manquera pas de souligner qu’il existe des intolérances au gluten, aux protéines de lait de vache, aux œufs et une longue liste de produits à interdire à cette catégorie de malades, avant de poursuivre que les régimes alimentaires s’avèrent très souvent difficile à suivre, en raison de l’inexistence de produits sans gluten.
Ces derniers sont souvent importés d’Italie et sont hors de portée. Le même pédiatre, appellera à l’encouragement dans ce segment afin de venir au bout des déboires de nombreux enfants, livrés, à la stigmatisation au sein de sa famille, elle-même qui lui prépare un plat «spécial», afin de remédier au manque de croissance et autres symptômes qui caractérisent la maladie cœliaque.
Ce spécialiste en pédiatrie va jusqu’à proposer la confection de plats traditionnels algériens, à l’instar de la «Rechta», à base de maïs ou encore du pain, à base d’avoine, utilisé, en dépit de ses vertus, comme aliments de bétail. Il faut dire que la cherté des produits alimentaires destinés à cette catégorie, constitue un problème majeur pour les malades, tenus de suivre un régime strict qui dépassent le remplacement de la farine par du maïs et de l’avoine, à l’utilisation d’équipements spéciaux pour la transformation de ces derniers.
Car l’utilisation de ceux-là pour moudre le blé est à même de fausser le régime alimentaire de cette population. Vivre avec ce problème de santé est un supplice pour les familles des enfants atteints de cette maladie, à surveiller de prés pour ne point succomber à la tentation, sans parler de la disponibilité des aliments qui leur sont destinés sur le marché. S’exprimant sur cette problématique, Amel, maman d’un enfant de 8 ans dira que son fils, avait un retard de croissance, souffrait de diarrhées et de douleurs au ventre que je considérais comme bénins, comme de petits bobos qui auront tendance à disparaître, mais vu la persistance j’ai décidé de l’emmener en consultation qui relèvera que c’était la maladie cœliaque, une pathologie chronique difficile à prendre en charge.
«Contrairement aux autres maladies pour lesquelles il est administré des médicaments, le malade cœliaque, ne doit négliger aucun détail aussi minime soit-il», expliquera-t-elle. Elle notera, par ailleurs, que les produits sans gluten, seule thérapie pour mener une vie normale sont cédés à des prix astronomiques, quand on a la chance de les trouver. C’est aussi ce que jugera Mohamed, qui souffre avec sa fille Lina, âgée de quatre ans. «Je n’en revenais pas quand son pédiatre m’avait annoncé la maladie de ma petite. «C’est dur de priver un enfant de goûter à tout, alors que ses frères se permettent tout, en sus des prix des produits de régime», fera-t-il remarquer.
La Sarl El Hidhab au secours des malades cœliaques
Côté commercialisation, il y a lieu de souligner, que les lieux de vente de ces produits sont très réduits et se limitent aux grandes superettes et espaces commerciaux. Dans la plupart du temps, ces produits sont importés et coûtent généralement les yeux de la tête. Au niveau de la superette de Sebbala, les étals se montrent plus ou moins généreux. Des pâtes italiennes, en forme de coudes ou de ressorts ainsi que des gâteaux sont gluten sont proposés à la clientèle. Un paquet de pâtes de 250 g est cédé à 360 DA, alors qu’un paquet de cookies de 200 g est vendu à 290 DA et un paquet de 600 g de biscuits est proposé à 315 DA.
Ces derniers, pour leur plupart, sont fabriqués en Italie. La nouveauté, c’est que certains investisseurs nationaux, se sont lancés, ces dernières années, dans la production de pâtes sans gluten, comme c’est le cas de la SARL El Hidhab Chahla qui met sur le marché une gamme variée de pâtes, version algérienne.
En effet, cette dernière, soucieuse de préserver la gastronomie algérienne qui a défié, à travers plusieurs siècles le temps, mais également de lutter contre la stigmatisation des malades cœliaques, qui ne veulent plus désormais e contenter de regarder de loin l’assiette du frangin et des autres membres de la famille, réunis autour d’une même table. Aujourd’hui, ce n’est point un leurre.
Ces personnes peuvent se régaler avec les produits EL Hidhab qui propose du frik de maïs à 135 DA, les succulents Tlitli, Rechta, et Chakhchoukha, à raison de 125 pour des paquets de 300 g. L’implication de cet opérateur dans la lutte contre les complications de la maladie cœliaque, à travers la production de pâtes sans gluten reste cependant une goutte d’eau dans un océan, si l’on sait que dans certains pays, l’on dépasse le menu sans gluten aux restaurants carrément homologués sans gluten. L’ère n’est plus à la privation, avec tous les produits à base de maïs commercialisés et qui font le bonheur de milliers d’enfants et d’adultes qui souffraient jusque là de leur… différence.
Entre allergie alimentaire et intolérance alimentaire
L’allergie alimentaire est une forme spécifique d’intolérance alimentaire qui active le système immunitaire. Un allergène (une protéine dans l’aliment incriminé, qui chez la majorité des gens ne produit pas d’effets secondaires) provoque une réaction en chaîne dans le système immunitaire aboutissant la libération d’anticorps. Ces anticorps entraînent à leur tour la libération d’autres molécules, comme l’histamine, qui donnent libre cours à des symptômes variés comme un nez qui coule, de la toux, un éternuement ou des démangeaisons. Les allergies alimentaires sont souvent héréditaires et habituellement identifiées tôt dans la vie.
Par contre l’intolérance alimentaire implique le métabolisme, mais pas le système immunitaire. Un bon exemple est l’intolérance au lactose, dans laquelle certains individus sont carencés en lactase, une enzyme digestive qui dégrade le sucre du lait.
Un autre exemple, l’intolérance au gluten qui est une affection chronique inflammatoire de l’intestin grêle. On l’appelle également « Maladie cœliaque » (MC). Elle se déclare après l’absorption d’aliments contenant du gluten, chez des personnes supportant mal cette substance.
Le système immunitaire de ces patients réagit à la présence d’une protéine du gluten (la gliadine), en produisant divers anticorps. A terme, cela cause des lésions de la paroi intérieure de l’intestin.
Maladie fréquente, l’intolérance au gluten peut donner lieu à des symptômes mineurs ou peu caractéristiques. Aussi, elle passe souvent inaperçue : chez les adultes, elle est diagnostiquée en moyenne plus de dix ans après l’apparition des premiers signes.
Sa cause exacte reste inconnue, mais elle serait surtout d’origine immunitaire, avec une prédisposition génétique.
D’autres part, certains facteurs favorisent le déclenchement de cette pathologie, tels qu’une trisomie 21 ou d’autres anomalies chromosomiques ; une maladie auto-immune de la thyroïde (glande sécrétant des hormones) ; une hépatite dite « chronique active » (provoquant une fibrose des tissus du foie) ; un diabète de type 1 ou une colite (inflammation du colon).
Pour traiter la maladie cœliaque, une alimentation sans gluten reste incontournable. C’est d’ailleurs le seul traitement efficace de la maladie. Cette mesure diététique reste sans effet secondaire et empêche l’apparition de complications.
L’adoption d’un régime alimentaire sans gluten permet, selon les spécialistes, la disparition des symptômes en quelques semaines et des anticorps au bout d’un an. Elle permet aussi la guérison des tissus intestinaux endommagés (à plus ou moins long terme) et la réduction des risques de complications. Chez le petit enfant, on notera la fin de la diarrhée, la normalisation du comportement et le rattrapage des courbes de croissance.
« Un cœliaque est soumis à un régime sans gluten à vie »
Est-il vrai qu’un malade cœliaque peut guérir ?
«Non, un cas déclaré maladie de cœliaque ne peut pas guérir. Par ailleurs, il y a ce qu’on appelle, les sujets souffrant d’une intolérance transitoire qui, eux, constituent une minorité dont la prévalence ne dépassant pas le taux de 05 % de la population globale atteinte de cette pathologie. Un cœliaque est soumis à un régime sans gluten à vie, faute de quoi, il risque de faire de graves complications notamment à l’âge adulte, tandis que chez l’enfant il y a surtout, le risque du retard pubertaire ».
Le régime sans gluten est-il punitif et déséquilibré ?
«Non, le régime sans gluten est d’abord un régime saint, naturel voire même bio et équilibré. Un malade coeliaque peut manger presque tout. Tous les fruits et légumes, tous les poissons, toutes les viandes, tous les produits laitiers sauf les aliments à base de blé».
Existe-t-il des tests de dépistage concernant l’intolérance au gluten et qui ne sont pas disponibles à Oran ?
«Depuis quatre ans, nous assurons les mêmes examens réalisés à Alger, aux Etats-Unis ou en Europe. A Oran, ces examens sont disponibles à l’annexe de l’Pnstitut Louis Pasteur, à l’EHU et dans la plupart des laboratoires d’analyses privés ».
Amel. S.