Contrairement à ce qui a été dit çà et là, Hadj Aïssa n’est pas parti de Portsmouth. Mieux encore, il continue à s’entraîner avec l’équipe première, avec l’espoir de trouver une solution rapide et signer à Pompey. Le délai des transferts étant écoulé, deux voies s’ouvrent devant celui qu’on surnomme le «Baggio arabe» : soit trouver un moyen pour intégrer Pompey dans les jours (ou les heures) à venir, soit il retournera à l’Entente de Sétif sous forme de prêt, cette fois, après avoir signé un contrat avec Portsmouth qui tient à le récupérer au mercato d’hiver. Non satisfait de lire les rumeurs dans des sites douteux, Le Buteur a préféré dépêcher un de ses journalistes sur place pour ramener une information fiable, de la part du joueur même, afin d’éclairer ses lecteurs une bonne fois pour toutes. Nous l’avons donc rencontré à Portsmouth, pendant les 90 minutes du match qu’a livré Pompey à Bolton. Ecoutons-le.
Interview de Hadj Aïssa :
Beaucoup a été dit et écrit à votre sujet ces dernières semaines. Qu’y a-t-il de vrai et de faux dans ce qu’on raconte çà et là ?
J’ai effectivement lu beaucoup de conneries à mon sujet ces derniers temps. Les gens imaginent des scénarios et après ils tentent de les faire avaler aux autres. Mais entre nous, je commence à m’habituer à toutes ces sottises. On m’a même annoncé à Sétif et à Batna alors que vous me voyez en chair et en os à Portsmouth. Je n’ai pas quitté Pompey depuis mon arrivée au club.
Pourriez-vous nous éclairer sur votre situation actuelle ?
Et bien, contrairement à ce que disent certains, je m’entraîne toujours avec Portsmouth et les responsables du club m’ont dit qu’ils sont assez satisfaits des tests que j’ai passés. La première étape a été franchie avec succès. Il reste juste à espérer que ma situation se débloque administrativement.
Mais la date des transferts est déjà épuisée. Que vous a-t-on proposé à Portsmouth ?
C’est vrai que la date des transferts est terminée, mais il reste encore une chance pour que j’intègre le club par d’autres voies.
Les dirigeants de Portsmouth sont en contact permanent avec mon agent pour tenter de trouver une solution qui puisse me permettre de signer hors délai.
Doit-on comprendre que les dirigeants veulent vous garder pour de bon ?
Je crois que s’ils avaient trouvé mon niveau faible par rapport aux joueurs qu’ils possèdent, ils ne m’auraient pas gardé dans le groupe tout ce temps là. C’est sûr qu’ils veulent me garder à Portsmouth. Mais le problème est en dehors du terrain.
Vous vous entraînez toujours avec l’équipe première ou avec la réserve, comme certains l’ont rapporté ?
Vous savez, à Portsmouth, les joueurs de l’équipe première et ceux de la réserve s’entraînent ensemble sur un même terrain. On s’entraîne donc tous ensemble, sans distinction entre les joueurs, car le coach peut aisément faire appel à un joueur de l’équipe réserve s’il juge qu’il est en meilleure forme que les habituels titulaires. La chance est donc accordée à chaque joueur.
Quelles solutions s’offrent à vous pour l’instant ?
Soit on trouve un moyen de me faire qualifier à Portsmouth et j’aurai ma chance aussitôt que le coach jugera que je pourrai jouer ; soit encore signer à Portsmouth et retourner jouer avec l’Entente de Sétif sous forme de prêt jusqu’au prochain mercato. C’est en tous cas, ce qui est à l’étude actuellement. Les choses vont évoluer dans les prochains jours.
Revenons un peu, si vous le permettez, sur votre séjour en Arabie Saoudite. Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter le club de l’Ittifaq de cette manière ?
Vous savez, dans chaque club, il y a des choses qui ne plaisent pas à certains joueurs. Moi aussi, j’ai trouvé certaines choses qui m’ont déplu. Je ne voudrais pas m’étaler sur les détails, mais je dirais que je n’ai pas supporté certains points dans ce club.
De quel ordre au juste ?
Franchement, je ne veux pas revenir sur ces choses- là. Je ne veux pas rentrer dans une polémique stérilisante. J’ai en fait demandé certaines choses qu’on m’a refusées, c’est tout ce que je peux dire. Pour moi, l’aventure avec l’Ittifaq est une parenthèse fermée.
Mais vous appartenez toujours à ce club, puisque vous avez déjà signé votre contrat, non ?
Non, je ne suis plus lié à l’Ittifaq, puisque selon mes informations, la somme que devait verser initialement l’Ittifaq à l’ESS pour mon transfert, n’est pas arrivée dans le compte bancaire de l’Entente, après une échéance d’un mois, comme le stipulait le contrat. J’en ai discuté avec Serrar qui m’a confirmé que l’Ittifaq n’a plus aucun droit sur moi désormais. Le délai accordé par l’ESS aux dirigeants de l’Ittifaq étant dépassé, il n’y a plus de transfert de Hadj Aïssa en Arabie Saoudite, même avec la signature.
Je suis donc aujourd’hui toujours un joueur de l’Entente de Sétif et seul Serrar répondra de mon éventuel transfert à Portsmouth. Le contrat que j’ai signé avec l’Ittifaq étant désormais caduc.
Avez-vous entendu parler de l’histoire de votre photo brûlée par des supporters de l’Ittifaq ?
Oui, vaguement. Des amis m’en ont parlé.
Qu’est-ce que ça vous fait de voir votre photo brûlée sur Internet ?
Que voulez-vous que je vous dise… Je pense que celui qui a brûlé ma photo a agi sous l’effet de la frustration et de la colère, sans plus. Les supporters de l’Ittifaq doivent savoir que je n’ai jamais manqué de respect aux couleurs du club. Bien au contraire. J’avais la possibilité de jouer dans plusieurs autres clubs du Golfe, mais j’ai choisi les couleurs de l’Ittifaq. Cela prouve que mon engagement était sincère et total. Mais ce que les supporters ignorent, c’est qu’il y a eu des choses qui m’ont poussé à quitter le club. J’ai dit que je ne voulais pas polémiquer à ce sujet, mais je veux juste qu’on sache que j’ai été correct jusqu’à la limite. Après, cela ne dépendait plus de moi.
Mais ça fait tout de même mal de voir sa photo brûlée comme ça, non ?
C’est sûr que ce n’est pas agréable. Surtout lorsque ce n’est pas mérité. Vous savez, ces pratiques ne sont pas nouvelles dans le football. La relation qui existe entre les joueurs et les supporters est souvent passionnelle. Les supporters s’expriment avec passion et parfois, ils font des excès comme ça. Que voulez-vous que j’y fasse. On n’a pas à répondre à ces actes. C’est comme lorsqu’on est sur le terrain et que le public vous hue à chaque fois que vous avez le ballon. Il faut faire avec et poursuivre son chemin. Mais il faut que ces gens sachent que je n’ai jamais insulté les couleurs de l’Ittifaq.
Revenons à Portsmouth. Comment évaluez-vous le niveau de l’équipe et des joueurs et comment voyez-vous vos chances à Pompey ?
Il y a du haut niveau et du moyen chez les joueurs. L’équipe a une vraie assise populaire et ne peut donc pas se permettre de décevoir ce merveilleux public. Portsmouth est un club assez respecté en Angleterre. Maintenant en ce qui me concerne, je pense que le fait que je sois toujours à l’hôtel du club et que je m’entraîne à ce jour avec l’équipe est un signe qui ne trompe pas. En Angleterre, personne ne joue par piston. Si tu n’as pas le niveau, on le voit tout de suite et on t’invite à aller voir ailleurs. Si je suis encore là aujourd’hui, c’est que j’intéresse le coach et les dirigeants de Portsmouth. En retour, je m’entraîne très dur pour mériter cette confiance.
Comment faites-vous pour comprendre l’anglais ?
A Portsmouth, ça parle beaucoup français à l’entraînement. Il y a beaucoup de joueurs venus de France qui me traduisent lorsque le coach donne des consignes. Sinon, il y a aussi Younès Kaboul et surtout Nadir (Belhadj) qui m’aide beaucoup tant sur le terrain qu’en dehors. Il m’invite souvent chez lui pour rompre le jeûne. Mais il y a aussi mon ami Ali, un Algérois supporter du CRB qui m’aide aussi énormément. Je tiens à le remercier par le biais de votre journal, lui et sa petite famille.
L’EN poursuit son chemin sans vous. Ça fait un peu mal de vous retrouver dans cette situation aujourd’hui, non ?
C’est sûr que j’aurais aimé être avec l’équipe. Mais le fait de voir l’EN gagner me fait autant plaisir qu’à tous les Algériens. Je suis heureux à chaque victoire.
Saâdane a dit qu’il ne vous fermait pas les portes de l’EN. Le croyez-vous ?
Bien sûr que je le crois ! Je pense que lui aussi a compris que je ne lui avais pas demandé mon passeport après le match pour manifester une quelconque colère. Je lui ai bien expliqué que comme je n’allais pas jouer et que je devais me faire établir mon visa pour l’Angleterre, il me fallait mon passeport. Je lui ai même dit de ne pas croire celui qui aurait pu lui donner une autre version. Si vraiment je voulais lui dire quelque chose, je n’aurais pas attendu qu’on le lui rapporte. Je pense qu’on s’est très bien entendu sur le sujet.
L’avez-vous appelé au téléphone depuis ?
Non, mais je suis sûr qu’il sait que je n’ai jamais voulu lui manquer de respect. Vous savez, monsieur Saâdane m’a déjà eu comme joueur en club. Il sait parfaitement que je ne suis pas du genre à lui manquer de respect. Il a toujours été comme un père. Je pense que si je signe à Portsmouth et qu’il voit que je mérite ma place au sein de l’équipe nationale, il me redonnera ma chance sans problème. Il sait que je n’hésiterai pas à lui demander pardon pour ce que j’ai pu faire.
Vous lui demanderez pardon ?
S’il juge que je dois lui demander pardon pour ce qu’on a pu lui rapporter à mon sujet, je suis prêt à lui demander mille pardons même. Je vous dis que je l’ai toujours considéré comme un père. Je n’hésiterai donc jamais à lui présenter mes excuses. Je n’ai aucun souci avec cela. C’est la moindre des choses.