Les pays de la Cédéao multiplient les demandes auprès du Conseil de sécurité pour qu’il donne son aval à une intervention militaire.
La situation au Mali se complique chaque jour davantage. Le contrôle depuis quatre mois des principales villes du nord par les groupes islamistes d’Ansar Eddine, appuyés par des mercenaires du Mujao et d’Al Qaîda au Maghreb, donne du fil à retordre au pouvoir central, qui peine à trouver une solution au conflit. Le vide institutionnel laissé par la destitution de l’ex-président par la junte militaire, a conduit à la déliquescence de l’Etat et à une anarchie totale dans le pays. Pour leur part, les pays de la Cédéao multiplient les demandes auprès du Conseil de sécurité pour qu’il donne son aval à une intervention militaire.
«La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) déposera prochainement une nouvelle demande de résolution auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour une intervention militaire au Mali», annonce son président Alassane Ouattara dans un entretien au Journal du dimanche. La tournée effectuée en début de semaine par le chef de la diplomatie française en Afrique de l’Ouest, vise justement à faire campagne pour une intervention militaire africaine, dans laquelle la France jouerait le rôle de facilitation; en d’autres termes, de spectateur. Il est clair que la valse des chefs d’Etat de la région, à l’image de l’ivoirien Alassane Ouattara, du nigérien Mahamadou Issoufou et du sénégalais Macky Sall, renseigne sur l’offensive diplomatique de Paris, en vue de favoriser une intervention militaire dans le nord du Mali. Et sachant que l’armée algérienne est la plus organisée dans la région, l’objectif est de l’entraîner dans un conflit des plus complexes.
Un «piège» qui n’a pas échappé à l’Algérie, qui ne cesse d’appeler à une sortie de crise pacifique, loin de toute intervention militaire au Mali. A noter que dans un entretien publié par le Figaro, le ministre nigérien des Affaires étrangères avait appelé l’Algérie à intervenir militairement dans le nord du Mali, avant de se rétracter quelques jours plus tard, à l’occasion du sommet de l’Union africaine.
«Les pays du champ, la Cedeao et les autres acteurs vont faire en sorte qu’il y ait une bonne coordination entre eux pour une solution négociée au conflit dans ce pays (Mali)» a indiqué Mohamed Bazoum, en marge de la 21e session du Conseil exécutif de l’UA. Pour le président ivoirien, une intervention militaire africaine est «inévitable» si la situation n’évolue pas favorablement, estime celui qui est aussi président de la Côte d’Ivoire. A noter que le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté le 5 juillet à l’unanimité une résolution qui soutenait les efforts de la Cédéao pour mettre fin à la crise dans le nord du Mali, contrôlé en grande partie par les islamistes, et laissait la porte ouverte à une intervention militaire.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, précise qu’en cas d’intervention, qui se traduirait par un déploiement de gendarmes et de policiers dans un premier temps, puis de militaires, les forces africaines demanderont un appui logistique, notamment à la France et aux Etats-Unis. Lui donnant la réplique, son hôte, François Hollande, avait réaffirmé lors d’un point de presse conjoint avec Alassane Ouattara que la France soutiendrait une éventuelle intervention africaine au Mali. «Nous appuierons ce que les Africains auront eux-mêmes décidé», dit-il..