La visite du chef d’état-major de l’armée française samedi prochain à Alger cache mal les intentions de l’Elysée.
Alger est un axe incontournable dans la région du Sahel. Devant la situation critique que traverse la Libye, les poids lourds de l’Occident se succèdent sur Alger. Après les Américains, place aux Français. Le chef d’état-major de l’armée française, le général Pierre de Villiers se rendra samedi prochain à Alger pour une visite de travail, rapporte le site électronique TSA. Intervenant dans une conjoncture régionale très sensible, ce déplacement est loin d’être un non-événement. Le dossier libyen sera certainement au coeur des entretiens.
Le général Pierre de Villiers aura un agenda chargé pour faire le tour des questions avec les responsables algériens. La France qui veut se saisir du dossier cherche à tout prix à intervenir. La visite du chef d’état-major de l’armée française à Alger cache mal les intentions de l’Elysée. La déclaration faite hier par le ministre français de la Défense traduit clairement l’objet de ce déplacement à Alger. «La France doit agir en Libye», a proprement affirmé, Jean-Yves Le Drian dans un entretien qu’il a accordé au Figaro, paru hier. Sans aller par quatre chemins, le ministre français de la Défense n’a pas laissé de place au doute sur la décision de la France d’intervenir en Libye.
«Nous devons agir en Libye», a-t-il dit, en qualifiant le Sud libyen de «hub» où les groupes terroristes «viennent s’approvisionner, y compris en armes, et se réorganiser». Selon Le Figaro, l’effondrement de l’État comme la perspective de voir se créer un Califat en Libye, inquiète aussi les pays voisins. «Ils considèrent que le risque terroriste est plus important qu’il ne l’était du temps d’El Gueddafi et que la France en porte en partie la responsabilité», explique une source au ministère de la Défense.
Ces déclarations résument en quelque sorte l’objet de la visite du chef d’état-major français à Alger. Le général Pierre de Villiers va tenter d’obtenir le soutien d’Alger à cette démarche, une mission qui s’annonce d’ores et déjà impossible. Connue pour son attachement au principe de non-interférence dans les affaires internes des pays, l’Algérie ne fera certainement pas de cadeau à la France. Certes, elle se montre disposée à toute coopération qui vise à rétablir la paix dans le pays, mais elle réfute catégoriquement l’option militaire. Or, sans l’accord d’Alger, Paris craint de subir un autre échec, comme ce fut le cas avec le Mali qui a apporté la preuve que l’intervention militaire n’est pas la solution idoine pour le retour de la paix dans le nord du Mali. C’est pour cette raison que le ministre français de la Défense a effectué une visite en mai dernier à Alger.
La visite du chef d’état-major français a été précédée par celle du chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom), le général David Rodriguez qui s’est rendu le 27 août dernier à Alger. Ce dernier s’est entretenu avec le vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah et le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur les sujets de la coopération militaire et de la sécurité au Sahel. «L’Algérie est un partenaire important pour nous et nous partageons son engagement pour une Libye unifiée et gouvernée par les Libyens eux-mêmes et pour la réconciliation et la paix au Mali», a déclaré le général Rodriguez, à l’issue d’un entretien avec le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. L’émissaire du Pentagone a assuré que les Etats-Unis sont «prêts à travailler étroitement avec le gouvernement algérien pour combattre le terrorisme et renforcer la sécurité régionale».