Les grandes puissances sous les bannières de l’OTAN qui ont provoqué le chaos en Libye en 2011, en transformant ce pays en champs de bataille voire un repaire de jihadistes de tout poil, ne veulent visiblement pas rééditer ce triste «exploit».
A la veille d’une réunion extraordinaire prévue demain mardi des ministres des affaires étrangères arabes, au Caire, l’Occident pose un sérieux bémol à une intervention militaire. En effet, alors que le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, a appelé les pays arabes à intervenir militairement pour combattre Daesh, l’Occident ne semble pas très emballé pour une nouvelle aventure.
Européens et américains, qui avaient mené la guerre désastreuse de 2011 qui a plongé ce pays dans le chaos, hésitent à donner leur caution. C’est du moins ce que suggère le communiqué des cinq pays européens (France, Royaume Uni, Allemagne, l’Italie) en plus des Etats-Unis, rendu public aujourd’hui. Tout en dénonçant les actes « barbares» commis par le sinistre mouvement terroriste Daech à Syrte, fief de feu Mouammar Kadhafi, il y a quelques jours, les atlantistes n’apportent pas de soutien franc à la volonté de la Ligue arabe d’envoyer des troupes en Libye.
La Ligue arabe sur le pied de guerre

En effet, poussée par le lobbying de l’Egypte d’al-Sissi qui veut légitimer son pouvoir par une action militaire même dehors de ses frontières, la Ligue arabe que préside l’égyptien Nabil al Arabi, souhaite entériner demain mardi le principe d’une intervention militaire en Libye. Cela, même si cet appendice du MAE égyptien ne dispose d’aucun mécanisme d’intervention lui permettant de la «légaliser». Et ce refus des puissants de donner leur feu vert risque tout simplement de mettre en échec ce plan concocté entre le Caire et son poulain le général Haftar.
Pour Paris, Berlin, Rome, Londres et Washington, «il n’y a pas de solution militaire au conflit en Libye». Une prise de position qui va sans doute refroidir les ardeurs guerrières de certains pays arabes comme l’Egypte, le Qatar, les Emirats et l’Arabie Saoudite qui forment un puissant lobby au sein de la Ligue.
Le cauchemar de 2011
En face, des pays comme l’Algérie, récusant les ingérences étrangères, militent en faveur d’une solution politique qui regrouperait tous les acteurs du conflit libyen. Il est vrai que les négociations qui ont commencé en Algérie et au Maroc puis à Genève subissent des manipulations de certains pays qui piaffent d’impatience que la guerre soit une nouvelle fois déclarée.
Il faut savoir en effet, que contrairement au gouvernement de Tripoli, le Premier ministre a déclaré récemment son opposition à toute intervention militaire étrangère. Il vient ainsi d’être rejoint par les grandes puissances qui ont souligné la nécessité «urgente» pour les parties en Libye de parvenir à un «accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale».
Faut-il pour autant faire confiance à la France, les Etats Unis et le royaume Uni notamment qui sont mus par des intérêts vitaux dans ce pays et non pas par des sentiments d’humanité envers le peuple libyen martyrisé ? L’expédition atlantiste de 2011 qui a mis la Libye à genoux, et ouvert la boite de pandore, incite à ne pas prendre pour argent comptant ces belles paroles qui se veulent «pacifistes».