“Tout semble aller vers le déploiement d’une force africaine et préparer l’intervention pour libérer le Nord”, estime M. Kamel Rezzag-Bara.
Le Conseil de sécurité se réunira demain au niveau ministériel pour débattre de la crise malienne. Le débat sera autour de la demande formulée par la Cédéao pour une intervention militaire au Mali. Pour le conseiller à la présidence aux Affaires du terrorisme, Kamel Rezzag-Bara, la décision sera en faveur de l’intervention. Intervenant en tant qu’universitaire à la journée d’étude organisée par l’Institut des sciences politiques et de l’information sur “la problématique sécuritaire dans la région du Sahel africain”, M. Bara a indiqué que l’on s’achemine vers une déclaration présidentielle du conseil pour envoyer une force de stabilisation au Mali.“Tout semble aller vers le déploiement d’une force africaine et préparer l’intervention pour libérer le Nord”, a-t-il dit. Pour deux raisons essentielles. La France a des intérêts historiques et stratégiques dans la région et les États-Unis considèrent cette région comme un “hot point” à cause de la présence des cartels de la drogue et des groupes jihadistes. Deux raisons qui plaident pour l’option militaire dans la perception de ces deux membres du Conseil de sécurité. Cela se fera sous une couverture “morale” relative à la responsabilité de la communauté internationale de protéger la population. L’argument humanitaire tient lieu, depuis quelques années, de mobile solide brandi devant les pays réticents. Par glissement sémantique, la notion d’intervention a intégré le devoir humanitaire de la communauté internationale perçu comme une évolution. Mais dans son contenu, rien n’a changé. Qu’en est-il de l’Algérie qui fait de la non-ingérence un principe immuable ? Que faut-il faire et que faut-il ne pas faire ? s’est demandéM. Rezzag-Bara. Et de répondre, en tant qu’universitaire : “Il ne faut pas ethniciser la crise malienne”. Et d’autres questions qui entourent cette crise. La composante de la force africaine, sa mission, ses objectifs. Car, a estimé M. Rezzag-Bara, le grand risque au nord du Mali est le risque terroriste. Un risque qui ne peut être combattu qu’avec les moyens de lutte contre le terrorisme. D’où sa mise en garde contre la militarisation de la lutte contre les groupes jihadistes. La lutte passe également par le dialogue entre les parties maliennes, le développement des régions du Nord de manière à isoler les groupes terroristes de la population. Population représentée par les deux groupes rebelles que sont le MNLA et Ansar Eddine qui ont des revendications politiques. Mais, précise M. Rezzag-Bara, “nous ne croyons ni en l’état religieux ni en l’état ethnique”. “C’est ce que nous avons dit aux Maliens et à Ansar Eddine”, a-t-il précisé. Dans son analyse, le conseiller à la présidence reviendra sur les origines de la crise et détaillera l’évolution des groupes terroristes dans la région. Le GSPC, qui s’est installé au Nord-Mali à partir de 2003, s’est transformé en Aqmi, mais d’autres groupes liés au norco-trafic ont trouvé un terrain propice pour développer des activités criminelles. Les groupes terroristes ont réussi non seulement à occuper le terrain et prospérer dans un milieu pauvre, mais également à tisser des liens avec les autres groupes terroristes opérant en Afrique, à l’instar de Boko Haram au Nigeria et Shebab de Somalie. Ils ne sont pas les seuls, puisqu’en Ouganda, active l’Armée de résistance du seigneur avec des ramifications au Kenya, au Congo et en Centrafrique. Au Mali, la situation a été aggravée par la crise politique provoquée par le coup d’État de mars. De leur côté, Abdelhafid Dib a évoqué la question sous l’angle de l’Algérie, et ses voisins, M. Berkouk, la dimension stratégique de cette crise, M. Sahel, la dimension humanitaire, M. Adimi, une lecture géostratégique et M. Saïdj, une approche stratégique de la concurrence entre la France et les États-Unis dans la région.
D B