Les « fake news », le « défi du 21e siècle »

Les « fake news », le « défi du 21e siècle »

La vitesse de propagation des « fake news » (fausses informations) et la facilité avec laquelle les internautes ont tendance à les adopter sans sourciller puis de les diffuser, grâce aux réseaux sociaux, pose de véritables problèmes. C’est même considéré, par des experts, comme le « défi du 21e siècle ». Et les choses ne sont pas appelées à s’améliorer « car la technologie ne peut pas tellement améliorer la nature humaine. », affirment des experts dans une étude menée par Pew Research Center (PRC) intitulée : « L’avenir de la vérité et de la désinformation en ligne ». Toutefois, la solution n’est pas dans la censure, « ni de limiter la liberté d’expression » mais dans « l’éducation au bon jugement », estiment d’autres.

« Je ne crois pas que le gros problème c’est la publicité des gouvernements étrangers. Je crois même que ça ne représente que 1% de la question. Le plus gros problème est que certains de ces outils sont utilisés pour diviser les gens, pour les manipuler, pour diffuser de fausses nouvelles en grand nombre afin d’influencer leur pensée », a récemment déclaré Tim Cook, le CEO d’Apple. L’allusion est claire. Les réseaux sociaux sont les principaux problèmes de la diffusion de fausses informations.

Outre le PDG de la firme de Cupertino, le sujet des fake news inquiète de nombreux experts qui y voient un phénomène pas rassurant pour l’avenir de l’information. « La désinformation n’est pas un problème de plomberie que vous pouvez réparer. C’est une condition sociale, comme le crime, que vous devez constamment surveiller et corriger », estime Tom Rosenstiel, auteur, directeur de l’American Press Institute et chercheur principal à la Brookings Institution, cité dans l’étude.

La question posée par PRC aux experts est la suivante : Au cours des 10 prochaines années, des méthodes fiables apparaîtront-elles pour bloquer les faux récits et permettre aux informations les plus précises de prévaloir dans l’écosystème global de l’information ? Ou (bien) la qualité et la véracité de l’information en ligne se détérioreront-elles en raison de la diffusion d’idées peu fiables, parfois même dangereuses, et socialement déstabilisatrices ?

Les répondants ont été appelés à choisir entre l’une des deux options, à savoir qu’au cours des dix prochaines années « l’environnement de l’information va (ou ne va pas) s’améliorer par des changements qui réduiront la propagation des mensonges et autres fausses informations en ligne. Sur quelque 1 116 personnes ayant ont répondu « à ce sondage non scientifique », « 51% ont choisi l’option selon laquelle l’environnement de l’information ne s’améliorera pas » et 49% ont indiqué le contraire.

De la responsabilité des lecteurs

Les 51% ont cité deux raisons. « L’écosystème des nouvelles fausses s’attaque à certains de nos instincts humains les plus profonds » à savoir « l’envie de trouver les réponses pour renforcer leurs convictions ». La seconde raison est que le rythme des changements technologiques amplifiera ces tendances humaines. L’un d’eux, Christian H. Huitema, ancien président de l’Internet Architecture Board, estime que : « La qualité de l’information ne s’améliorera pas dans les années à venir, car la technologie ne peut pas tellement améliorer la nature humaine. »

Toujours dans la catégorie des pessimistes, Bob Frankston, présenté comme un « pionnier de l’Internet et innovateur logiciel « , affirme : « J’ai toujours pensé que ‘Mein Kampf’ pouvait être contré par suffisamment d’informations. Maintenant, je pense que les gens auront tendance à chercher la confirmation de leurs préjugés et la transparence radicale ne fera pas la lumière. »

Plus optimistes, les 49% estiment que la « technologie peut aider à résoudre ces problèmes » et que des « méthodes prédictives meilleures apparaîtront pour créer et promouvoir des sources d’information fiables et factuelles ». Ils notent que « la désinformation et les mauvais acteurs ont toujours existé mais ont finalement été marginalisés par des gens et des processus intelligents ».

Dans cette catégorie de répondants, Jim Warren, un « pionnier de l’Internet et un défenseur de l’open gouvernement », rappelle que « les informations fausses et trompeuses ont toujours fait partie de toutes les cultures (potins, tabloïds, etc.). Enseigner le (juste) jugement a toujours été la solution. Je fais (encore) confiance au principe de longue date de la liberté d’expression : Le meilleur remède contre le discours « offensant » est plus de discours ».

Plus sévère, Steven Miller, chercheur à la Singapore Management University, estime que « si l’on veut trouver des sources fiables, cela ne pose aucun problème ». « C’est qu’il y a toutes ces autres options, et les gens peuvent choisir de vivre dans des mondes où ils ignorent les sources dites fiables, ou ignorer une multiplicité de sources qui peuvent être comparées, et se concentrer sur ce qu’ils veulent croire (…) Donc, la responsabilité incombe à la personne qui cherche les nouvelles et essaie d’obtenir de l’information sur ce qui se passe. Nous avons besoin de plus de personnes qui prennent la responsabilité d’obtenir des sources fiables ».