La Russie et le Venezuela d’accord pour restructurer la dette de Caracas

La Russie et le Venezuela d’accord pour restructurer la dette de Caracas

Le Venezuela va restructurer sa dette envers la Russie selon des modalités convenues entre les deux pays, a déclaré mercredi le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, alors que des analystes s’attendent à un défaut de paiement de Caracas prochainement.

« En ce qui concerne le Venezuela, nous avons un accord pour la restructuration. Le Venezuela a effectivement confirmé les modalités sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord et le processus va entrer dans sa phase finale », a indiqué M. Silouanov, cité par l’agence Interfax.

Caracas « est prêt à une restructuration basée sur les modalités dont nous avons convenu », a-t-il ajouté.

Selon l’ambassadeur vénézuélien en Russie, Carlos Faria Tortosa, cité par l’agence de presse russe RIA Novosti, la signature d’un accord entre les deux pays devrait intervenir d’ici le 15 novembre.

Début octobre, lors d’une visite du président vénézuélien à Moscou, Nicolas Maduro et le président russe Vladimir Poutine avaient discuté d’une éventuelle restructuration de la dette vénézuélienne vis-à-vis de la Russie.

M. Maduro a annoncé jeudi dernier que son gouvernement allait entamer un refinancement et une restructuration de sa dette extérieure estimée à quelque 150 milliards de dollars, sans toutefois préciser quels mécanismes il utiliserait.

Au total, d’ici la fin de l’année, le Venezuela doit rembourser entre 1,4 et 1,8 milliard de dollars d’intérêts de divers bons.

Selon certains analystes, le pays, plongé depuis des mois maintenant dans une crise politique aiguë, pourrait se retrouver en défaut de paiement de facto dès ce week-end, date à laquelle expirent les derniers délais de remboursement pour certains emprunts obligataires.

La Russie avait prêté en 2011 à Caracas 2,8 milliards de dollars pour financer l’achat d’armements russes, notamment des chars et des missiles. La Russie avait décidé dès 2015 de faire preuve de souplesse vis-à-vis du Venezuela, son principal partenaire stratégique en Amérique latine.

« Grâce à la restructuration, la Russie entend conserver de bonnes relations politiques avec le gouvernement vénézuélien et ne pas rompre les perspectives de coopération économique », explique l’expert Andreï Panine, interrogé par l’AFP.

« La Russie doit, dans la mesure du possible, assurer ses intérêts. De ce point de vue, la restructuration apparaît comme une mesure parfaitement logique », ajoute-t-il.

Ces intérêts russes sont avant tout portées, selon M. Panine, par les compagnies pétrolières liées au pays, notamment le géant Rosneft.

Contrôlé par l’Etat russe, Rosneft a indiqué en août que le groupe pétrolier d’Etat vénézuélien PDVSA lui devait 6 milliards de dollars depuis 2014, dont 2,5 milliards de dollars versés entre mai 2016 et avril 2017 sous la forme d’avance pour des contrats de livraisons de pétrole et carburants prévues d’ici à 2019.