Irak, première nuit sans couvre-feu : Scènes de liesse à Bagdad

Irak, première nuit sans couvre-feu : Scènes de liesse à Bagdad

05 (2).jpgLes Irakiens ont célébré bruyamment dans la nuit d’hier la fin du couvre-feu à Bagdad. Ils ont parcouru les rues de la capitale à bord de leurs voitures, à grands coups de klaxon et en agitant le drapeau national.

«Longue vie à l’Irak», criait un jeune homme accroché à la portière d’une voiture. «Avant, on avait l’impression d’être en prison», explique Faez Abdulillah Ahmed, propriétaire d’un café sur Karrada Dakhil, une importante artère  commerçante de Bagdad. «Nous aurions dû partir à 23h30 pour être rentrés à minuit». Devant son établissement, des hommes tirent tranquillement sur leur pipe  à eau, peu après minuit. Un peu plus loin, devant un magasin de vêtements, des jeunes gens discutent en fumant des cigarettes. «Nous attendions ce jour depuis des années», lance Marwan Hashem, le propriétaire du commerce. Pendant ce temps, de nombreux jeunes ont choisi de parcourir la ville à bord de grosses cylindrées, actionnant bruyamment leur klaxon et faisant  vrombir les moteurs. Des dizaines d’automobilistes ont stationné sur un pont, certains d’entre eux dansent au son de la musique crachée par les haut-parleurs de leur voiture. Les Irakiens se sont donné le mot sur Facebook pour se retrouver et célébrer la fin du couvre-feu, explique Ali Majid Mohsen, un étudiant au volant d’une Dodge Charger, une vieille américaine sur laquelle flotte le drapeau irakien. Quelques familles se sont également aventurées dehors pour goûter aux premières heures de la levée des restrictions. Walid al-Tayyib se promène ainsi sur Karrada Dakhil avec son jeune neveu, ce qu’il ne pouvait pas faire il y a encore 24 heures. «Ce que nous ressentons aujourd’hui ? Nous ressentons tous la différence», dit-il. «Maintenant, Dieu merci, nous sortons avec les enfants et nous profitons» de la vie. Les forces de sécurité qui il y a encore peu arrêtaient tout contrevenant,  observaient la scène avec nonchalance. Elles ont toutefois sermonné l’un des fêtards qui a fait patiner les pneus de sa puissante cylindrée, dégageant un nuage de fumée noire dans un vacarme assourdissant devant un hôtel. Mais à  peine les policiers avaient-il tourné le dos qu’il a recommencé de l’autre côté de la rue. Depuis son entrée en vigueur, le couvre-feu n’a jamais empêché les attentats, commis la journée ou juste en début de soirée pour faire encore plus  de victimes. D’ailleurs, hier, quelques heures avant sa levée, des attaques ont fait 32 morts  et plus de 70 blessés à Bagdad. La plus sanglante s’est produite dans un restaurant du quartier Bagdad al-Jadida (est), vers 11h00 (08h00 GMT). Un  kamikaze a fait détonner sa ceinture d’explosifs, tuant au moins 23 personnes. Mais au moins, les Bagdadis peuvent maintenant circuler plus librement la nuit. Le couvre-feu nocturne en vigueur depuis des années a été levé samedi à minuit (21h00 GMT). Il avait été instauré afin de mettre un frein aux violences particulièrement meurtrières du milieu des années 2000. Les heures du  couvre-feu ont varié au fil des années.

R. I. / AFP