Vivre à Alger est de plus en plus contraignant. Le visage lugubre de la première ville du pays ne cesse de s’accentuer, malgré les mesures prises et les projets lancés pour rendre à Alger son éclat d’antan.
Les quelques projets réceptionnés et qui font la fierté des responsables, tels que le métro, le tramway, sont loin de changer un quotidien fait de stress, de difficultés de tous genres et empiré par l’absence de lieux de détente et de loisir. Saleté et puanteurs Au centre de la capitale, des odeurs désagréables, gênantes et agaçantes, fusent de partout et importunent les habitants.
A la chaleur caniculaire, l’humidité insupportable s’ajoute l’insalubrité saisissante, formant un triptyque menaçant pour la santé publique. Le constat ne se limite pas à une seule place ou quartier. Les odeurs pestilentielles agressent à la sortie des commerces, dans les marchés, sur les trottoirs du centre-ville ou à proximité des institutions officielles.
Partout, ou presque, l’on s’efforce de ne pas boucher le nez. Les voyageurs qui débarquent des autres localités du pays sont «fauchés» par les puanteurs aussitôt descendus des bus. A la gare routière du Caroubier, l’on ne peut éviter les odeurs qui proviennent de nul part et obligent les passagers à presser le pas vers l’intérieur de l’infrastructure. Un peu plus loin, à la rue Hassiba Ben Bouali, à titre d’exemple, les bacs à ordures et les sachets noirs dégagent des odeurs infectes. Malgré le passage, une seule fois par jour, des agents de Netcom, le problème est tel que l’on ne peut l’ignorer.
«Les services de ramassage devrait procéder à la collecte au moins deux ou trois fois par jour. On n’est plus en hiver», nous dira un commerçant. Au coup de 17 h, l’on ne peut plus s’approcher ou passer à coté des poubelles et des sachets noirs pleins de détritus abandonnés çà et là. A la place des Martyrs, la situation est loin d’être meilleure. Aux abords de certains trottoirs des eaux stagnantes dégagent des odeurs pour le moins insupportable et représentent un véritable fief pour les insectes et les microbes. Mais personne ne semble s’en soucier outre mesure.
«C’est de l’inconscience. Vendre des produits alimentaires ou passer de longs moments dans cet environnement insalubre est une véritable menace pour les citoyens», s’inquiète un homme d’un certain âge. Notre interlocuteur impute cette situation à l’anarchie créée par les commerçants, mais aussi aux services de la commune et de la wilaya.
«Les établissements Netcom et Asrout, ainsi que les bureaux d’hygiène des mairies devraient mettre en place un plan spécial été. Ils devraient notamment redoubler de rotations en cette période chaude afin d’assurer une ville propre et saine». Des projets et des retards Pourtant, le destin d’Alger aurait pu être meilleur. Il y a presque une année, le Premier ministre, le wali, une quinzaine de ministres, les hauts responsables de la capitale ainsi que les maires se sont réunis afin de trouver une solution aux problèmes de la capitale.
Des résolutions ont été dégagées et un engagement a été pris pour faire d’Alger une véritable métropole. Hélas, de nos jours, l’on assiste à des projets de réhabilitation des immeubles dont la cadence a un petit peu augmenté, mais qui enregistrent un énorme retard. L’opération d’ouverture des locaux fermés a donné quelques résultat, mais des magasins infects, dont les rideaux sont baissés depuis des années subsistent toujours.
Pis encore, même le fameux Alger by night, obligeant les commerces du centre-ville à rester ouverts jusqu’à des heures tardives de la nuit ne donne pas les résultats escomptés. Le maire d’Alger-Centre ayant pris cette initiative à bras-le-corps, semble admettre que convaincre les commerçants à rester ouverts n’est pas pour demain. «Sortir la nuit est une culture», indique-t-il. Mais pour en arriver, il va falloir que les commerces et la sécurité soient au rendez-vous.
Ce qui n’est pas toujours le cas. Sortir…mais pour quoi faire ? L’autre point noir de la première ville du pays est indubitablement l’absence d’animation, notamment la nuit. Si dans la journée, c’est la ruée vers la plage ou le cantonnement à la maison pour éviter les grosses chaleurs, la nuit, ils sont nombreux les Algérois ou les visiteurs à sortir se promener. Aussitôt la nuit tombée, la plupart de ce bon monde rentre chez lui. Les quelques galas organisés sont loin de permettre à tous d’y accéder.
«Si ce n’est la salle qui est pleine, c’est le transport qui fait défaut», nous dira un jeune étudiant. Le nombre d’endroits ou l’on pouvait se rendre la nuit en famille se compte sur les doigts d’une seule main. «Dans la plupart des communes d’Alger, l’ennui régne en maître absolu, il est indétrônable et est l’ennemi public n°1», ironise notre interlocuteur.
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