Ce qui n’était qu’une rumeur de pénurie de carburant s’est transformé en véritable désordre dans les stations-service de la capitale. À l’origine de ce rush d’automobilistes, un défaut de super et une surconsommation de sans-plomb dans l’ouest du pays. Naftal rassure sur la disponibilité des carburants en “quantité et qualité” et met en place des mesures d’approvisionnement d’urgence.
Des files d’attente interminables aux abords des stations-service, ce n’est pas exceptionnel, notamment dans les wilayas frontalières. Mais depuis maintenant une semaine, le phénomène est constaté même dans la capitale. Effrayés par une rumeur de pénurie, les automobilistes se sont rués sur les points d’approvisionnement en carburant. Mercredi et jeudi derniers, les files d’attente étaient spectaculaires dans les stations-service algéroises. Ce qui a eu pour conséquence de perturber fortement le trafic routier. Ces longues queues sont également source de tensions entre automobilistes. Dans certains cas, cela a nécessité l’intervention des services de l’ordre.
Cette surconsommation cause, ainsi, une véritable situation de manque. Afin de tranquilliser les usagers, Naftal a affirmé jeudi, à l’APS, que les carburants sont disponibles. “Nous tenons à rassurer les automobilistes sur la disponibilité des carburants en qualité et en quantité”, a déclaré Mohamed Arezki Rabia, directeur de la branche commercialisation de Naftal. “Les inquiétudes sur l’offre des produits Naftal sont infondées”, a-t-il certifié. Ce responsable insiste sur “la qualité” car la rumeur de pénurie de carburant a pour origine une forte demande en essence sans-plomb, elle-même due à des supposés problèmes de qualité d’essence super. Toujours selon lui, “il ne s’agit pas d’une pénurie de carburants, mais d’une forte tension accentuée par les craintes sur une baisse de l’offre de Naftal après cet incident”.
L’incident auquel fait allusion M. Rabia est survenu dans l’ouest du pays. En effet, de nombreux cas de pannes de véhicules y ont été constatés. Selon les explications relayées, les défaillances techniques seraient dues à une mauvaise qualité d’essence super.
De fait, les usagers de ce type de carburant se sont rabattus sur le sans-plomb qui a commencé à manquer.
Mais selon le directeur de la branche commercialisation de Naftal, l’essence incriminée est un produit importé et a déjà été retiré de la vente.
“La découverte, dans l’ouest du pays, de quantités d’essence importées, et dont l’origine est douteuse, a alimenté les craintes sur une rupture des approvisionnements, provoquant un rush sur toutes les stations-service”, a-t-il expliqué.
“Naftal a procédé au retrait de toutes les quantités distribuées aux stations-service de l’ouest du pays et l’analyse des échantillons de cette essence est toujours en cours”, a-t-il ajouté.
Les services de Naftal œuvrent pour un retour à la normale en renforçant les approvisionnements. Selon M. Rabia, “les petites stations-service privées, situées au cœur de la capitale, et dont les stocks s’épuisent rapidement, seront alimentées par Naftal, même durant la journée”. Le responsable annonce que “Naftal vient d’obtenir des dérogations auprès de la wilaya d’Alger pour autoriser les camions-citernes à circuler durant la journée en vue d’alimenter ces points de vente”.
Hormis la capitale, des mesures sont également prises dans l’ouest du pays, afin de pallier le manque d’essence sans-plomb. C’est le cas dans la wilaya de Tissemsilt, par exemple.
La Direction de l’énergie et des mines, en collaboration avec l’unité Naftal, a décidé d’une série de mesures d’urgence pour atténuer la pénurie d’essence sans plomb. “Sept camions-citernes ont été mobilisés pour ravitailler les stations-service de la wilaya à partir du réservoir principal de la wilaya de Tiaret”, a indiqué à l’APS, jeudi, le directeur de l’énergie et des mines, Ghaouti Reguieg.
Ce dernier affirme, en outre, que les autres carburants, à savoir essence super et gasoil, sont disponibles en quantités suffisantes.
Ajouté au fléau de la contrebande de carburant, dont souffrent déjà les populations des villes frontalières, ce type d’incident ne fait que renforcer la perte de confiance en la disponibilité d’essence. Les consommateurs, pris de panique à l’idée d’une pénurie, finissent par provoquer, eux-mêmes, des situations de manque en carburant. L’effet de contagion qui a, cette fois-ci, atteint la capitale en est la preuve.
Amina Hadjiat/APS