Même si les prix des fruits et légumes ont baissé aux marchés de gros, quelques jours après la flambée observée au début du Ramadhan, la tendance globale est à la hausse sur certains marchés de détail, en raison de la multiplication des intermédiaires et des spéculateurs.
Une visite aux marchés de Boumaâti et de la commune d’El-Harrach permet de constater une grosse différence dans les prix pratiqués, que les commerçants expliquent par la situation du marché couvert d’El-Harrach et le prix du loyer des box à l’intérieur du marché même si l’élément principal reste le prix d’achat au marché de gros.
Dans leurs explications sur la hausse des prix, malgré leur baisse au marché de gros, certains détaillants mettent en exergue le fait qu’ils souffrent de l’intervention des spéculateurs et des intermédiaires en les obligeant à acquérir leur marchandise à un prix fixé après entente avec les grossistes.
Un autre commerçant, Mohamed, installé à Ben- Omar (Kouba), indique qu’il se trouve dans l’obligation d’acheter sa marchandise, en deuxième ou troisième main, au marché de gros ce qui entraîne, inévitablement, une hausse des prix. Selon le président de l’association des marchés de gros de fruits et légumes, Achour Mustapha, ces denrées sont acheminées aux marchés de gros à partir de 20 heures pour que le négoce puisse commencer après minuit ce qui laisse assez de temps aux spéculateurs avant l’ouverture du marché à 5 heures.
Les spéculateurs et les intermédiaires activant dans l’illégalité mettent à profit les sollicitations du détaillant après l’ouverture des marchés pour écouler leurs marchandises à un prix supérieur à celui pratiqué dans les marchés de gros. «Il n’y a aucune loi qui interdit à un grossiste d’écouler sa marchandise à un autre commerçant sans lui demander des documents prouvant qu’il exerce une activité commerciale légale», at- il relevé.
UNE LOI EST NÉCESSAIRE POUR GÉRER LE MARCHÉ DE GROS
Selon le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et des artisans, Salah Souilah, il faut promulguer une nouvelle loi sur l’organisation de l’activité commerciale de gros et de détail pour que les autorités de contrôle puissent exercer leur tâche et freiner la spéculation. Souilah a souligné que «le projet de loi, en cours de discussion avec le ministère du Commerce, doit obliger le détaillant à exhiber son registre du commerce et la facture auprès du grossiste et doit interdire à ce dernier de céder sa marchandise à des personnes qui ne sont pas munis de ces documents».
Il a estimé que cette loi est susceptible de protéger le paysan, le grossiste et le détaillant et permet de situer les responsabilités en cas de hausse injustifiée des prix. Or, ces pratiques ne se limitent pas au mois du Ramadhan qui connaît habituellement une hausse du niveau de consommation, mais elles sont enregistrées tout au long de l’année en l’absence de contrôle pendant la nuit au marché de gros, selon le même responsable.
D’après le témoignage de nombreux détaillants, les marchés de gros subissent «le diktat» des intermédiaires activant illégalement en utilisant des véhicules utilitaires de moyen tonnage pour se déplacer dans de nombreuses régions pour écouler la marchandise auprès des détaillants et des citoyens sans être soumis au contrôle. Dans ce contexte, Khaled, commerçant rencontré au marché de Bach-Djarrah, indique que «les grossistes et les détaillants activant dans la légalité utilisent les factures et sont soumis au contrôle, mais ils n’hésitent pas à céder leur marchandises au double de son prix aux détaillants et aux citoyens en dehors de tout contrôle.
Ania Naït Chalal