Intérêt de la France pour l’élevage et les semences en Algérie, Les raisons de la convoitise

Intérêt de la France pour l’élevage et les semences en Algérie, Les raisons de la convoitise

Principale puissance agricole au sein de l’Union européenne, mais mise à mal par l’embargo russe sur les produits provenant des 28, la France fait preuve de grandes inquiétudes pour trouver des débouchés pour le produit de son agriculture. C’est d’ailleurs une des raisons qui motivent le déplacement du ministre français de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, Stéphane le Foll, le 30 octobre dernier à Alger.

Premier fournisseur de l’Algérie en produits alimentaires et agricoles, la France, à travers la démarche qu’elle a inaugurée depuis 2012 avec la visite d’Etat effectuée par le président François Hollande à Alger, vise à consolider sa présence sur le marché algérien et, surtout, à reconquérir les parts de marché que ne cesse de lui grignoter la Chine dans d’autres domaines, hors agriculture.

Ayant une force d’adaptation aux nouvelles attentes du marché algérien, les investisseurs potentiels et le gouvernement français s’apprêtent ainsi à changer de stratégie vis-à-vis de leur principal partenaire agricole hors Union européenne, qui est l’Algérie. Tenant compte des progrès qu’enregistre la production agricole locale ces dernières années, depuis notamment la mise en œuvre de la politique de renouveau agricole et rural permettant une autosuffisance pour les produits maraîchers, les Français visent désormais les créneaux où l’agriculture algérienne connaît encore des difficultés de relance, en premier lieu les filières stratégiques. C’est ainsi que, à l’issue des échanges qui ont eu lieu entre le représentant du gouvernement français et son homologue, Abdelwahab Nourri, l’option de création de deux sociétés mixtes, algéro-françaises, dans les domaines de l’élevage et la production de semences céréalières de haute qualité a été tranchée.

A travers cette stratégie, des opérateurs de l’Hexagone s’engagent avec des groupes d’éleveurs algériens pour le développement de fermes d’élevage, que ce soit pour la production laitière ou d’engraissement pour l’abattage, issues exclusivement de bovins de races françaises qui, de surcroît, s’adaptent mieux au terrain et au climat en Algérie. Il faut noter qu’avec sa volonté de diminuer la facture des importations alimentaires, l’Algérie vise à renforcer le taux de couverture des besoins exprimés en lait et en viande par la production locale. Ce qui nécessite le développement de la filière élevage avec la modernisation des techniques de gestion des fermes.

Or, à présent, l’Algérie importe jusqu’à 80 000 têtes bovines/an en moyenne, toutes catégories confondues, dont plus de 60% proviennent du marché français. Conscients de l’enjeu que représente le marché algérien pour sa filière élevage, la France affiche une grande disponibilité pour un partenariat singulier dans ce domaine. Il n’est pas fortuit, d’ailleurs, si le ministre français de l’agriculture s’est félicité de la décision du MADR d’autoriser à nouveau l’importation de bovins vivants depuis le 13 octobre dernier après l’éradication de l’épizootie de fièvre aphteuse qui a sévi en Algérie en été dernier.

Pour les céréales, un créneau dans lequel l’Algérie absorbe jusqu’à un tiers de la production française, avec des importations moyennes de 4 millions de tonnes/an, le ministère français de l’agriculture s’est engagé à mettre à la disposition de l’Algérie l’expertise de son pays en la matière pour le développement de variétés de semences françaises eu niveau national, et ce, par le biais de la seconde société mixte qui sera créée dans ce domaine et à laquelle prendront part des opérateurs français et algériens.

En outre, pour les seuls deux mois de juillet et août derniers, l’Algérie a importé de France quelque 500 000 tonnes de blé (tendre et dur), selon les statistiques que vient de publier l’établissement français, FranceAgriMer.

Mourad Allal (L’éco n°100 / du 16 au 30 novembre 2014)