Interdite pourtant à la commercialisation, La sardine de petite taille revient sur les tables à prix d’or

Interdite pourtant à la commercialisation, La sardine de petite taille revient sur les tables à prix d’or

Le littoral oranais a enregistré ces dernières années une régression remarquable de la production halieutique. Cet état de fait suscité une profonde inquiétude dans la corporation des professionnels de la mer et des responsables gestionnaires de ce secteur, sans parler du «sevrage» obligatoire de la population des produits de la mer qui étaient, jadis, pour la majorité des démunis, leur seule source de nourriture et d’alimentation.

Cette situation alarmante de rareté des produits de la mer n’a pas manqué de désenchanter de nombreuses familles de la consommation de ce petit pélagique qui constituait leur poisson préféré et leur seul «refuge» pour boucler les difficiles fins de mois.

Devenue rare ces derniers mois, au grand dam des ménagères et des «accros» de la grillade, cette espèce de poisson avait enregistré des cimes vertigineuses dépassant allègrement la barre des 500 DA le kilogramme.

Actuellement, les prix continuent à grimper et ne connaissent aucune accalmie, bien que le produit proposé n’atteigne la taille requise par la loi, pour être admis à la commercialisation publique.

LG Algérie

Mais les férus de ce poisson bleu, qu’il soit de petite ou de grande dimension, ou que sa vente soit conforme à la réglementation ou non, sont aux anges quand ils le trouvent sur les étals en quantité suffisante et à un prix abordable pourvu que sa chair soit toujours appréciable et délicieuse.

Pour revenir à cette rareté de produits halieutiques, certaines sources très au fait du métier de pêcheur, n’ont pas attribué cette stérilité qui a touché la production halieutique à la paupérisation de notre littoral, mais à l’utilisation abusive de certains procédés de pêche non réglementaires sur des distances d’au moins 6 miles marins au moment de la reproduction des différentes espèces de poisson.

En effet, les gens de la mer, affirment que ces violations à la loi portent un coup fatal à la richesse halieutique, surtout, lorsque de nombreux professionnels optent pour l’utilisation des filets de pêche aux mailles hors normes, ainsi qu’à l’usage immodéré d’explosifs, ce qui, indéniablement, aboutit à la rareté des poissons ,toutes espèces confondues sur les points de pêche tout au long du littoral oranais.

Pour étayer leurs arguments, ces «vieux briscards de la mer» affirment, par exemple, «qu’une sortie dépassant, parfois, les 14 heures en haute mer, ne ramène pas plus de 2 ou 3 caisses de sardines tant le produit est rare pour ne pas dire en extinction».

Ces vieux pêcheurs, très au fait des secrets du métier, n’ont pas hésité, également, à dénoncer l’anarchie qui règne dans la pratique de ce noble métier, provoqué volontairement par certains «barons» dans le secteur, dont les conséquences sont désastreuses pour la survie de nombreuses espèces de poissons.

Continuant sur leur lancée, nos sources mettent en exergue, dans un autre registre, le manque de contrôle au sein des ports de pêche a profité à certains professionnels de la corporation qui pêchent des tonnes de jeunes poissons et les commercialisent sans pour autant prendre en considération les effets néfastes sur la santé publique et le fait de porter un coup fatal à la richesse halieutique, comme c’est le cas actuellement où les étals des vendeurs de poissons regorgent de petites sardines ne dépassant pas 8 cm.

D’autres, s’élèvent pour mettre pointer du doigt certains patrons qui ,selon eux, n’hésitent pas à mouiller leurs navires dans des quais non surveillés afin de décharger et vendre leur «butin» de gros poissons sans passer par le centre de contrôle vétérinaire, après avoir lavé leur chargement à l’eau de mer polluée par les résidus de fer et de phosphore générés par les huiles des moteurs des navires.

Pire, ajoutent nos interlocuteurs, ces derniers font abstraction, au moment du chargement de leurs cargaisons dans les camions frigorifiques de transport de poisson, de tout document du centre de contrôle vétérinaire ou de certificat de santé, mais, ironisent un groupe de témoins: «Ce n’est pas leur faute puisque les barrages de contrôle, quand ils existent, ne leur demandent pas la présentation de ces documents».

Après avoir vidé tout ce qu’ils avaient sur le cœur, ces vieux hommes qui ont passé toute leur vie dans cette mer nourricière qu’ils ont tant aimée et chéri et qui se sentent alarmés et accablés par sa lente «agonie» sans qu’ils puissent l’aider à survivre à part dénoncer et attirer l’attention des décideurs, en espérant, peut-être que «leur bouteille jetée en mer» arrivera à bon port. Les caisses en bois décriées et interdites, à juste titre, feront l’objet d’un contrôle rigoureux pour être éliminées… peut-être un jour.

D. Cherif