Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre le tabagisme, une conférence sur “la législation et le tabac” s’est tenue hier, au Forum d’El Moudjahid.
Elle a été organisée par l’association El-Fedjr, Farhou Yamina, juriste, et le Pr Salim Nafti, président de l’Association algérienne de pneumologie et allergologie y étaient présents pour débattre de l’interdiction de fumer dans les endroits publics. “Il y a un arsenal juridique contre le tabac instauré depuis 1985. Ces lois sont relatives à la protection et la promotion de la santé en interdisant le tabagisme dans les lieux collectifs”, a indiqué la juriste. Et d’ajouter : “Ces lois n’ont jamais été appliquées dans les milieux de travail ou les endroits publics. Ces articles restent faibles car aucune sanction n’est exécutée sur les fumeurs.” Les non-fumeurs sont “asphyxiés” et ne possèdent aucun “moyen juridique à l’encontre des fumeurs”, a-t-elle souligné.
Pour dénoncer les agissements des “pollueurs”, une campagne aura lieu tout au long de l’année. Les initiateurs de cette démarche tenteront de faire appel “au Parlement pour appliquer ces lois”.
“Ce n’est pas aux médecins de se battre mais à la société civile d’agir pour la sensibilisation mais surtout pour la mise en œuvre des lois”, a proposé le Pr Nafti. Parmi les objectifs de cette mobilisation, “protéger les mineurs et les non-fumeurs”.
Les conférenciers ont insisté sur l’obligation de mentionner “les dangers de la cigarette sur le paquet. Aussi, l’inscription du taux des produits en gros caractères. Dans le cas contraire, des sanctions doivent être prononcées à l’encontre de la Ligue syndicale du tabac”. Pour la réussite de cette opération, le pneumologue suggère l’implication et “un engagement politique”. Dans son intervention, il a mis en cause tout un système. “Les policiers n’interdisent pas la vente dans les rues. La douane laisse passer le tabac roulé et le ministère du Commerce l’autorise.”
Selon l’article 3 de la loi 85-05 de février 1985, “l’usage du tabac est interdit dans les établissements scolaires d’enseignement préparatoire, de formation professionnelle et les lieux utilisés pour l’accueil et l’hébergement des mineurs”. À ce propos, une enquête a été réalisée en 2004, dans le secteur est d’Alger, révélant que “dans le primaire de 5 à 11 ans, le taux de fumeurs est de 3%, soit 3 à 7 cigarettes par jour. Au moyen, ils sont 12% âgés de 12 à 14 ans à fumer, cela veut dire que ces ados consomment entre 4 à 8 clopes par jour. Concernant les lycéens de 15-17 ans, le taux est estimé à 26% de fumeurs, soit 6 à 7 cigarettes par jour”, a annoncé le Pr Nafti.
Pour rappel, un total de 15 000 morts par an est provoqué par la cigarette en Algérie. “Cela insinue 40 personnes meurent du cancer du poumon chaque jour et nous avons 8 000 cas de cancer par an. Notre objectif est de rendre le tabac inaccessible et non pas l’interdire”, a-t-il conclu.
H M