Qui assumera cette situation: le ministère du Commerce ou le département de l’Agriculture?
L’Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev) a expliqué que la pomme de terre consommée actuellement est un légume dit «hors saison» car la récolte se fait généralement en juillet. Cependant, se rassure (et rassure) l’Onilev, quelques wilayas ont produit environ 20% de la consommation nationale, sachant que celle-ci ne sera disponible et commercialisable qu’en fin juin-début juillet.
Selon des sources du ministère de l’Agriculture, ce tubercule, dont la production devait être sur les marchés vers le 15 mars, sera proposé un peu en retard et un retour à la normale sera observé avec l’amélioration des conditions climatiques. La hausse des prix fait craindre le pire car si les intempéries se poursuivent, les choses risquent de s’aggraver. Selon certains fellahs, «le prix de la pomme de terre risque de se stabiliser à 100 DA ce qui est excessivement cher pour le simple citoyen». Cette hausse des prix est due essentiellement aux difficultés que rencontrent les agricultures dans l’opération de récolte de la pomme de terre «primeur» à cause des dernières intempéries qui les empêchent parfois d’accéder à leurs champs. A cela, on ajoute les problèmes de distribution vu les difficultés de circulation routière dues aux intempéries. Entre-temps, la pomme de terre a vu son prix plus que doubler en l’espace de quelques jours, soit dès l’embellie relative constatée après les récentes intempéries qui ont causé des dégâts considérables à toutes les cultures. Gel, neige, difficultés d’accès aux aires de culture, transports fortement perturbés, ce sont là des paramètres négatifs, dont un retard de quinze à vingt jours, qu’il ne faut point ignorer pour comprendre ce mouvement haussier qui touche aussi les prix d’autres légumes. Biologiquement, explique-t-on encore, le grand froid et le gel ont freiné le processus de maturation. Il nous a été fait remarquer, avec satisfaction, que sur les 10 millions d’hectares plantés, l’on recense à peine 500 hectares de «perdus». Une reprise de la maturation a été constatée dans nombre d’endroits où l’offre devrait être disponible fin mars début avril, ajoute-t-on. Toujours est-il qu’il ne faut pas non plus écarter une certaine impulsion spéculative qui s’est emparée des négociants à l’affût de gains faciles, quitte à saigner le pauvre lambda dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’éroder au fil du temps et de ses contraintes. C’est pour faire face à ces aléas, révèle l’Onilev, qu’une réunion s’est tenue hier matin avec les «patatiers», tels que nommés dans le jargon des professionnels, regroupés en un Comité interprofessionnel national de la pomme de terre au sein duquel est représenté les producteurs du pays. Plusieurs antennes régionales de ce Comité existent à travers le pays. Mais que sont devenues les opérations de stockage? Pourquoi le ministère du Commerce n’actionne-t-il pas ce mécanisme pour maîtriser les prix? La non-maîtrise des prix de la pomme de terre signe-t-elle l’échec total de ce mécanisme sans avoir été rodé depuis son installation il y a trois ans?
Le menu de la réunion de l’Onilev consistait entre autres, précise encore l’Onilev, à «identifier et quantifier les stocks existants hors du «Syrpalac» (Système de régulation de produits de large consommation) que gère la SGP Proda (Société de gestion et de production «Production Animale»), en vue d’amener les producteurs à mettre le maximum de quantités de pomme de terre sur le marché en attendant la nouvelle récolte. L’action de déstockage permettra d’agir directement sur les prix en les tirant vers le bas. L’Onilev prévient par ailleurs, que si jamais l’offre se trouvait «inondée» par ce produit, le mécanisme de marché serait fortement secoué et il y aura risque sérieux de se trouver face à des problèmes de production pendant la période de «soudure» entre avril et juin, durant laquelle il y a absence de production.
La filière pomme de terre a été marquée ces derniers temps par une forte dynamique et un accroissement notable de la production qui a atteint en 2011, 3,8 millions de tonnes, contre 3,2 millions/t en 2010. Le niveau de production de pomme de terre, fixé à l’horizon 2014, est estimé à 4 millions/t. Il est bon de signaler que la pomme de terre primeur, «hors saison» pour les pays européens, est produite dans le sud du pays. Citons la wilaya d’El Oued qui en a exporté récemment même vers la Russie.