La vague de froid persiste pour toucher toutes les villes et villages aux quatre coins de l’Algérie. Avec 82 morts, 273 routes coupées, 800 communes isolées du monde, dont 60 en Kabylie, et 30 wilayas sinistrées (Tizi-Ouzou, Béjaïa, Constantine, Khenchela, Batna, Boumerdès, Bouira, Tiaret, El-Bayadh, Laghouat, Blida, Tipasa, Bordj Bou-Arréridj, Tiaret, Chlef, Aïn Defla…) y compris les bourgades situées dans les zones frontalières où les populations nomades ont dû fuir leur campement pour se rapprocher des agglomérations.
Un bilan lourd pour les autorités qui ont mobilisé l’armée pour intervenir dans ces zones… De nombreux axes routiers étaient coupés à la circulation vendredi dans plusieurs wilayas selon un point de situation établi par les services de la Gendarmerie nationale. A Bouira, la route nationale 15 reliant cette wilaya à celle de Tizi-Ouzou, est coupée à la circulation au niveau du col de Tirourda, commune d’Aghbalou, à cause de l’amoncellement de la neige.
Le même constat est fait au niveau de la RN 30 reliant Bouira à Tizi-Ouzou, au lieu dit Tizi-n’Koulen (commune de Saharidj), la RN 33 entre Bouira et Tizi-Ouzou, à Tikjda (commune d’El-Asnam), et la RN 33 sis reliant Bouira à Tizi-Ouzou, à hauteur du village Alouane (commune de Haizer). La neige a également coupé la circulation sur la RN 62 reliant Bouira et Médéa, au lieudit El Moudjana (commune de Dechmia).
A Médéa, la RN 64 reliant cette wilaya à celle de Blida, est coupée par la neige sur une distance de 20 km dans la circonscription communale de Baata. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, la circulation automobile est coupée au niveau de la RN 15, reliant Tizi-Ouzou et Bouira, à hauteur du col de Tirourda, (commune d’Iferhounène), ainsi que sur la RN 30 reliant ces deux wilayas au col de Tizi N’koulaine (commune d’Iboudrarène).
La même situation est enregistrée sur la RN 33 entre Tizi-Ouzou et Bouira, près de l’ancien stade de djebel Tikdjda (commune d’Aït-Boumahdi). A Mascara, le RN 97 reliant Chorfa à Aïn-Adden (Sidi-Bel-Abbes), est coupée à hauteur du pont Tichatouine (village Rehailia) à cause de l’inondation de la chaussée.
Même situation à Sétif où la neige a bloqué la circulation automobile au niveau de la RN 76 reliant cette wilaya à celle de Bordj-Bou-Arreridj à hauteur du village El-Hadj (commune de Harbil), la RN 75 reliant cette wilaya à celle de Béjaïa, sur une distance de 7 km, dans la circonscription communale de Tala-Ifacène, la RN 09 reliant Sétif à Bejaia au niveau du djebel El Assel (commune de Amoucha), la RN 09B reliant Sétif à Béjaia sur une distance de 3 km dans la circonscription communale d’Ouled-Addouane.
A Mila, la RN 05A reliant la RN05 et la RN79, demeure obstruée à la circulation sur une distance de 4 km dans la circonscription communale d’Oued El-Athmania, de même que la RN 77 reliant Mila et Jijel sur une distance de 8 km dans la circonscription communale de Tassadane-Haddada et la RN 77A reliant ces deux wilayas sur une distance de 8 km dans la circonscription communale de Minar-Zarza.
Il en est de même pour la RN 100 reliant Mila et Oum-El-Bouaghi sur une distance de 8 km dans circonscription communale de Bouhatem. Heureusement que les centres enfûteurs d’El Eulma et de Bougaâ ont renforcé leurs réserves de 37.000 bonbonnes de gaz butane pour répondre aux besoins nés des perturbations atmosphériques qui prévalent depuis mercredi sur cette wilaya, a indiqué jeudi le directeur de l’énergie et des mines.
Khelifa Bendjaâfar a estimé que les stocks constitués sont suffisants pour répondre à la demande dans les zones enclavées et au relief difficile du Nord et du Nord-Est de la wilaya, affectées, ces dernières 24 heures, par d’importantes chutes de neige.
Le même responsable a fait état du doublement, au cours des deux derniers jours, des capacités locales de stockage de carburants qui atteignent désormais les 3,7 millions de litres répartis sur les divers points de distribution de la wilaya.
Des mesures ont été prises par la cellule de vigilance et de suivi, installée immédiatement après la publication du bulletin météorologique spécial annonçant des chutes de neige sur la wilaya avec, notamment, la mobilisation de 200 engins de déneigement dont 13 chasse-neige et la mise en état d’alerte des personnels des travaux publics, de la Gendarmerie nationale, de la Sûreté nationale et de la Protection civile.
Il a été également procédé à l’acquisition de 200.000 tonnes de sel destinées à être épandues sur les axes routiers enneigés ou recouverts de gel, notamment les RN 74, 75 et 76, à Bougaâ, Bouandés, Boufaroudj et Ain Roua. Plusieurs villages et hameaux, situés dans des zones montagneuses du nord-est et du sud-est de la wilaya de Médéa, sont pratiquement isolés, après les fortes chutes de neige enregistrées, depuis mercredi, dans la région, a-t-on appris.
L’accès à ces zones montagneuses, notamment à El-Aissaouia, El-Haoudine et Baata, au nord-est de Médéa, est quasiment impossible avec des véhicules légers, en raison de l’épaisse couche de neige qui couvre la chaussée, qui a dépassé par endroit les 20 cm, a-t-on signalé de mêmes sources.
Des dizaines de villages, perchés à plus de 1200 mètres d’altitude, se trouvent, pour l’instant, isolés, ont indiqué ces élus, qui évoquent des difficultés rencontrées par les équipes de déneigement pour dégager les voies d’accès à ces villages.
L’éparpillement de ces villages, dont beaucoup sont situés en plein maquis, a rendu notamment plus difficile la mission des équipes de déneigement relevant de ces communes respectives, qui tentent cependant toujours d’ouvrir à nouveau ces accès et permettre aux habitants de s’approvisionner, ont fait remarquer ces élus.
Le constat est presque identique au niveau des localités de Ain-Boucif, El-Aouinet, Kef-Lakhdar, au sud-est, mais également à Ouled- Antar, Ouled Hellal, Azziz et Derrag, au sud-ouest, où l’accès à certains villages relève du parcours du combattant.
Les communes touchées par ces intempéries s’attèlent, à mobiliser des moyens d’interventions supplémentaires en vue de surmonter cette situation et à rompre l’isolement des villageois. De nombreuses entreprises de réalisation locales ont été sollicitées afin d’apporter leur contribution à ces opérations de déneigement.
Pour rappel Dame nature a fait 82 morts, c’est le lourd bilan d’une semaine d’intempéries qui ont touché de plein fouet l’Algérie et du froid polaire qui sévit. Avec une moyenne quotidienne de 45 accidents de la circulation, 5 morts et 30 blessés, les services de sécurité ont enregistré, ces trois derniers jours, 17 morts et plus de 80 blessés.
Ce sinistre bilan s’ajoute aux 23 décès des suites d’inhalation du monoxyde de carbone. Ce qui porte à 40 le nombre de personnes décédées en 72 heures. Plus de 300 personnes, dont 271 SDF, ont été sauvées par les unités d’intervention et les sapeurs-pompiers qui accomplissent un travail colossal et dans des conditions des plus difficiles.
Tous les centres du Croissant-Rouge algérien ont été mobilisés pour accueillir ces familles touchées par l’hypothermie. En Kabylie, ce sont 3 autres personnes qui ont été ensevelies sous les amoncellements de neige alors qu’un jeune a fait une chute mortelle dans la région de Aïn Defla.
Ce drame a poussé des milliers de familles à abandonner leur région pour fuir le froid glacial et l’isolement qui persiste, avec en toile de fond le manque de nourriture, de carburant, de gaz et les coupures d’électricité qui perdurent. Selon notre source, plus de 30.000 interventions ont été enregistrées ces trois derniers jours, notamment en Kabylie où 1.500 villages sont toujours isolés par la neige et le verglas.
L’intervention des troupes de l’Armée nationale populaire (ANP) a été salutaire à bien des égards, ajoutée aux URS (unités républicaines de sécurité) déployées par la DGSN (plus de 60 000 hommes) et aux groupements d’intervention et de réserve de la Gendarmerie nationale (plus de 80.000 hommes) et de la Protection civile (plus de 40.000 hommes).
15.000 nomades désertent leur campement dans les wilayas d’El-Bayadh, Naâma, notamment la localité enclavée d’El-Aâricha (une zone frontalière au Maroc), Djelfa et Laghouat, environ 5.000 familles de nomades (soit 15. 000 personnes, dont des femmes et des enfants) ont fui le froid glacial. Dans ces régions arides de l’Algérie profonde, les températures ont sensiblement chuté pour atteindre les -10 et -12 C° !
Certains éleveurs nomades ont carrément abandonné leurs cheptels avant de les récupérer avec l’aide des services de sécurité. L’instinct de vie oblige, ces populations ont déserté leurs tentes. Et si certaines familles ont pu sauver ce qui restait de leur bétail, d’autres, en revanche, ont préféré camper auprès des villes. Les groupements des gardes-frontières ont également contribué à sécuriser ces populations et leur apporter aide et assistance.
Selon une source digne de foi, le froid qui frappe la zone frontalière algéro-tunisienne a également contraint certaines populations des petites bourgades à se rabattre sur les villes, notamment à Guelma, Tébessa, Souk-Ahras et El-Tarf. Le drame du froid polaire touche aussi les zones arides de Béchar, de Tamanrasset, d’Illizi, d’Adrar et de Tindouf où le mercure a vertigineusement chuté ces trois derniers jours.
À El-Oued, la neige a fait son apparition, à la surprise de ces populations, autrefois habituées au froid hivernal et aux averses orageuses. L’exode a également touché certaines régions du Centre avec l’effondrement de maisons, notamment à Alger, avec l’effondrement partiel des murs d’une habitation précaire et l’effondrement partiel du faux plafond d’une classe, au lycée Mohamed-Anaoui.
Hier, au moins 300 têtes de cheptel ont succombé au froid et à la faim dans la région de Médéa où un éleveur était contraint de fermer son étable, alors qu’un autre citoyen est décédé dans la wilaya de Khenchela des suites de l’hypothermie et de l’isolement.
Avec 273 routes coupées, 800 communes coupées du monde, dont 60 en Kabylie, et 30 wilayas sinistrées, l’armée a déployé de gros engins pour venir en aide aux populations en souffrance depuis déjà une semaine. Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN), les troupes de la Ire Région militaire sont à l’œuvre dans les wilayas de Blida, Tizi Ouzou, Boumerdès, Médéa et Aïn Defla.
Dans ces régions, pas moins de 11 routes principales ont été rouvertes à la circulation. Mais pas seulement, puisque les militaires ont réussi à désenclaver 80 familles entre Larbaâ et les Deux Bassins (Blida) et sauvé une famille entière à Amalou (Tizi-Ouzou). À Aïn Defla, les unités de l’ANP sont venues au secours d’un centre de prise en charge des enfants alors que des dizaines de citoyens, menacés par l’isolement, ont été pris en charge dans les casernes.
Aussi, des familles sinistrées dans la wilaya de Boumerdès ont été sauvées par les militaires qui sont intervenus d’urgence à Timezrit. « Les unités de l’ANP resteront mobilisées jusqu’à la fin de leur mission et qui consiste à désenclaver les populations en détresse », indique-t-on.
Du côté du ministère de la Solidarité, on indique que des caravanes sont déjà à pied d’œuvre pour venir en aide aux SDF, leur apportant couvertures et nourriture alors que les unités du Samu ont été mobilisées pour sillonner les wilayas sinistrées afin d’apporter l’aide sanitaire et psychologique aux sinistrés. Cette action sociale est orientée vers les régions enclavées où les cellules de crise sont installées pour coordonner les interventions rapides, avec la mise à contribution du mouvement associatif.
La visite d’inspection, que devait effectuer le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, jeudi après-midi à Constantine, a été reportée à une date ultérieure en raison des fortes intempéries qui sévissent sur la ville du vieux Rocher et ses environs, a-t-on indiqué à la wilaya.
Les abondantes chutes de neige qui se sont abattues sur la région où de nombreux projets devaient être inspectés, ne permettaient pas la conduite du programme de visite arrêté, a-t-on précisé à la cellule de communication de la wilaya. En plus des cellules de crise installées au niveau des wilayas et des daïras, les citoyens sont appelés également à éviter les déplacements inutiles dans les régions dangereuses et sur les axes routiers à risque.
Houda Bounab
