13.700 foyers situés dans des zones isolées du pays restent encore sans électricité à cause des intempéries qui touchent différentes régions du pays, indique hier la Sonelgaz dans un bilan de situation.
Selon la même source, sur les 954.000 foyers ayant connu des coupures d’électricité au plus fort des intempéries, 940.300 ont été réalimentés à la suite de l’intervention des équipes de dépannage relevant notamment des sociétés de distribution de l’Ouest (SDO), du Centre (SDC), d’Alger (SDA) et de l’Est (SDE), qui interviennent pour rétablir progressivement l’électricité.
Selon le même bilan, 1.550 foyers demeurent inaccessibles aux équipes de dépannages dans les régions montagneuses de Boumerdes et de Tipaza, deux wilayas qui dépendent de la SDA. L’électricité a été rétablie par la SDA pour 224.450 clients sur les 226.000 privés d’électricité au plus fort des intempéries. Dans la région est, notamment dans les hauteurs de Jijel, Béjaia, Skikda, Constantine, Bordj Bou Arréridj, Souk Ahras, Sétif et Mila, 8.755 foyers restent encore isolés, alors que 131.245 foyers sont déjà réalimentés en électricité, a assuré Sonelgaz, qui signale que 140.000 foyers ont été affectés par les coupures depuis le 2 février 2012 dans cette partie du pays.
Quant à la région ouest, l’électricité a été rétablie à l’ensemble des clients de Sonelgaz qui a enregistré 740.000 foyers, surtout à Ain Defla et de Chlef, ayant connu des coupures de courant suite aux chutes de neige, qui ont rendu « difficiles » les conditions d’intervention dans toutes les wilayas touchées par ces intempéries, relève Sonelgaz. Au centre du pays, quelque 3.400 foyers restent toujours privés d’électricité dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Médéa. Les localités concernées sont situées surtout dans des régions montagneuses et enclavées notamment à Ait Chafaa, Timizar (Tizi Ouzou) et à Benchikaou (Médéa) après les fortes chutes de neige, précise la société dont les équipes de dépannage ont rétabli le courant électrique à 110.600 foyers sur les 114.000 clients touchés par les coupures à Tizi Ouzou, Bouira, Blida et Médéa.
Bordj Bou-Arreridj
Chaîne de solidarité
La vague de froid qui devra se poursuivre jusqu’à vendredi prochain a montré la solidarité des habitants avec ces jeunes qui sortent pour dégager les routes et ces groupes qui accueillent les familles en détresse.
Ces groupes qui ont l’habitude de ce genre d’événements vont secourir et héberger les automobilistes en détresse. Des hommes habitant les localités situées sur les grands axes routiers font plusieurs kilomètres à la recherche de personnes dans le besoin. Ces hommes qui ont rappelé les traditions d’entraide de la région ont donné un bel exemple de bravoure. Les associations caritatives de la wilaya se sont jointes à ce mouvement à travers le soutien matériel des familles pauvres ainsi que les sans-abri qui ont été invités à manger. Ce réconfort leur a apporté la chaleur nécessaire en ces temps de grand froid. Les services de l’Etat qui se sont mobilisés pour l’occasion ne sont pas en reste, et leur disponibilité aura permis d’atténuer les effets de cette vague sans précédent qui a isolé 70 hameaux. Hier les routes nationales 76, 103 et 106 sont restées fermées à la circulation, tout comme les chemins de wilaya 43, 42 et 41. Les routes nationales 5 et 45 et l’autoroute Est-Ouest sont ouvertes mais difficiles. Les éléments de la gendarmerie, qui ont multiplié les rondes pour ratisser le maximum d’axes routiers qu’ils soient importants ou non, ont effectué pas moins de 416 interventions pour secourir les usagers, les orienter ou leur dégager la voie. Leur présence a rassuré les habitants qui ne se sont pas sentis seuls. Notons dans ce cadre que 80 véhicules ont été secourus depuis le début de la dégradation des conditions météorologiques.
13 accidents de la circulation
Les éléments de la protection civile, qui ont été également sur tous les fronts, ont mobilisé les moyens nécessaires pour appuyer l’effort de l’Etat en matière d’aide à la population. Plusieurs malades et même des femmes sur le point d’accoucher n’ont dû leur salut qu’à l’intervention de ces éléments.
Pourtant cela n’a pas été facile. Il a fallu utiliser les camions anti-incendies pour sauver d’une mort certaine 5 femmes ainsi que leurs bébés ainsi que 2 malades graves qui souffrent d’insuffisance rénale. Ils ont également permis à 13 SDF d’avoir un gîte et un couvert. Ces SDF qui étaient en danger ont été placés au SAMU social de Bordj Bou-Arréridj pour 2 d’entre eux, au CFPA d’El Mehir pour 5 personnes et à la maison cantonnière de Tassameurt pour 6 autres.
15 asphyxiés au monoxyde de carbone ont échappé à la mort après avoir appelé les éléments de la protection civile. Les derniers en date habitent la cité des 500 logements. Le froid augmente le besoin en énergie. Comme beaucoup de citoyens disposent d’équipements défectueux, le danger est grand pour que le gaz brûlé se dégage. Ce qui a poussé les mêmes services à appeler les citoyens à aérer leurs maisons pour éviter ce risque. Malheureusement cette vigilance n’a pas pu permettre d’éviter les accidents de circulation.
La protection civile a enregistré 13 accidents de ce genre. Les paysans de la wilaya qui ont été contraints à l’inactivité attendent avec impatience l’amélioration de la température pour engager les travaux de désherbage et d’engraissement des terres. Les intéressés qui craignaient le pire avec la sécheresse qui a frappé la wilaya aux mois de décembre et janvier espèrent une bonne saison agricole avec cette neige qui sauve la pluviométrie, jusque-là faible. Cet espoir permet de supporter tous les désagréments.
F. D.
Né dans un camion anti- incendie
Il était 2 heures du matin. Une femme enceinte âgée de 35 ans habitant le village d’Ain Tigzirine situé à 12 kilomètres de Bordj Bou-Arréridj menace d’accoucher à tout moment. Problème, le village est coupé du monde. La neige ne permet aucun mouvement automobile. Les pompiers sont appelés à la rescousse. Les agents utilisent le camion anti-incendie pour transporter la femme jusqu’à la maternité de Bordj Bou-Arréridj. Mais les contractions étaient si fortes que l’accouchement était inévitable. Alors les agents se sont arrangés pour le faciliter. Quand ils arrivent à la maternité le bébé était déjà né. Le personnel médical a noté avec plaisir que le nouveau-né et sa maman se portaient bien. Les deux n’oublieront pas de sitôt le lieu de l’accouchement ni le numéro du camion 25 qui les a transportés. Ce sera peut-être leur chiffre porte-bonheur.
F. D.
Les points sur les i
S’il est vrai que la vague de froid qui s’est abattue sur le pays n’a pas été sans créer de nombreux désagréments, dont des perturbations du trafic routier, l’isolement de certaines localités, des tensions sur l’approvisionnement en gaz butane et des coupures d’électricité, pour ne citer que ceux qui sont les plus en vue, il n’en reste pas moins vrai que la situation vécue par la population est loin d’être aussi catastrophique que l’ont rapporté certains médias. Non pas qu’il faille ici dire que tout est allé pour le mieux durant cette dernière semaine suite aux intempéries enregistrées, mais juste tenter de resituer une situation donnée dans son véritable contexte. Certes, la dramatisation est un élément vendeur, surtout que les Algériens ne se rappellent plus quand ils ont vécu pareille vague de froid, mais cela n’ouvre pas aussi le droit pour les induire en erreur. Ainsi à force de vouloir convaincre l’opinion publique que l’Etat a été défaillant et à chercher pour cela à prouver cette défaillance, l’on s’éloigne de certaines vérités qu’il serait aussi utile de rappeler. Dans cette histoire, l’Etat, absent ou démissionnaire que l’ont été les autorités des autres pays d’Europe qui ont fait face à cette vague de froid polaire. A ceux qui disent que si l’Algérie a enregistré des températures de moins 20 degrés comme cela été le cas dans des pays de l’Europe de l’Est, toute la population en serait morte, il serait peut-être nécessaire de souligner en leur direction que les moyennes saisonnières de ces pays sont bien inférieures à celles enregistrées en Algérie et que le moins 20 degrés de Kiev équivaut chez nous à une température de l’ordre de 3, voire 5 degrés ou un peu plus. En fait, tout est relatif et les météorologues sont mieux placés pour l’expliquer. Mais le souci ici est de souligner que les températures enregistrées ces derniers jours, plus précisément du 3 au 8 février, sont bien en dessous de la moyenne saisonnière. Une situation exceptionnelle qui a poussé les autorités à recourir à tous les moyens dont elles disposent pour un retour rapide à la normale. Du reste, il a même été fait appel à l’ANP afin qu’elle intervienne et procède au désenclavement de certaines régions enneigées. Qu’il ait eu des morts à déplorer n’est pas aussi surprenant. Au demeurant, c’est l’inverse qui aurait été presque anormal, lorsqu’on sait que le froid en Europe a causé en une semaine la mort de plus de 480 personnes, dont 112 liées seulement au froid en Ukraine. En Algérie 2 morts sur les 15 déplorés durant la période du 3 au 8 février sont en relation directe avec les intempéries. Mais si le ministère de l’Intérieur a jugé utile de réagir hier suite à la publication de chiffres erronés et faire part de son bilan, ce n’est certainement pas pour se vanter d’être mieux loti que d’autres pays où des gens sont morts de froid, car la vie est le bien le plus précieux que l’on puisse avoir, mais juste pour rétablir la vérité. Car même si la mort est une, il reste aussi qu’entre mourir de froid et mourir car on a été victimes d’asphyxie par le monoxyde de carbone ou d’accidents de la route, il y a une nuance que le département de Ould Kablia ne pouvait laisser passer. Dont acte.
N. K.