Insultes, drague et vol à la portière 250 000 conductrices sous pression

Insultes, drague et vol à la portière  250 000 conductrices sous pression

Heureuses d’avoir obtenu leur permis de conduire, aujourd’hui beaucoup de femmes n’arrivent pas à accepter les pressions qu’elles subissent.

En plus des embouteillages qui n’en finissent pas sur les routes de la capitale, les femmes au volant, estimées aujourd’hui par la direction des transports d’Alger à plus de 250 000, font l’objet d’insultes, parfois d’agressions physiques, de drague aussi, mais surtout de vol à la portière. Heureuses d’avoir obrtenu leur permis de conduire, beaucoup de ces femmes aujourd’hui n’arrivent pas à accepter ce qui leur arrive.

En effet, elles sont quotidiennement taquinées par les hommes. Dans les rues d’Alger, à bord de véhicules neufs, tels que la Peugeot 308, les femmes au volant sont de plus en plus nombreuses. Elles sont généralement jeunes, âgées entre 20 et 30 ans, mais beaucoup de femmes d’un certain âge conduisent également. Elles sont des centaines à traverser la rue Didouche et beaucoup d’entre elles subissent chaque jour des pressions aussi bien de la part des automobilistes que des passants.

Parfois des insultes sont proférées contre elles parce qu’elles sont au volant, expliquent des conductrices. Pour Dalila, jeune maman de deux enfants, «depuis que j’ai eu mon permis de conduire, j’ai l’impression d’avoir obtenu un permis de fou. Tous les jours je fais l’objet d’insultes gratuites de la part des conducteurs», confie-t-elle. Beaucoup sont dans son cas à Alger et font parfois l’objet de menaces physiques. Selon un bilan de la Sûreté d’Alger, en 2009 près de 158 femmes ont subi des agressions à l’intérieur de leur véhicule.

Il s’agit souvent de cas de vol à la portière et d’agressions physiques. Un phénomène de société qui existe depuis des années mais qui prend aujourd’hui de l’ampleur. Il touche en premier lieu les femmes au volant. Les voleurs sont souvent des hommes âgés entre 15 et 35 ans. Ils agissent dans des zones bien désignées, telles que les grands carrefours routiers là où la fréquence de voitures est importante.

Ils profitent du ralentissement des automobilistes dû aux embouteillages pour passer à l’acte, constatent les policiers. Ces jeunes voleurs prennent tout ce qui est à leur portée : téléphones portables, bijoux, argent, micros portables, bagages, etc. Ils agissent rapidement et connaissent parfaitement les lieux pour prendre la fuite vers un endroit soigneusement tracé par ces groupes de malfaiteurs, ne laissant aucune chance à leurs victimes.

Des agents n’hésitent pas à draguer les conductrices

La «traque» contre les femmes au volant à Alger commence à se propager ces derniers temps. Après les agressions portées contre elles par de jeunes personnes, et dans beaucoup de cas par des automobilistes acharnés, voilà maintenant le tour des policiers de s’intéresser aux femmes au volant.

Certains policiers n’hésitent pas à draguer les conductrices, surtout lorsqu’elles sont jeunes. Ce phénomène de société s’est malheureusement amplifié ces derniers temps. Au niveau des barrages, le contrôle des femmes au volant se fait de plus en plus.

Il s’agit jusque-là d’un simple contrôle routinier, mais dans certains cas, certains policiers profitent de l’occasion pour demander les numéros de téléphone. Beaucoup de femmes ont été surprises par l’attitude inattendue de certains policiers, mais au fil des temps, ce «comportement» est devenu courant.

«J’étais dans ma voiture avec mes copines et devant un point de contrôle au niveau de la commune de Ben Aknoun, un policier m’a demandé de serrer à droite. Après m’avoir demandé mon permis de conduire, il m’a réclamé, à ma grande surprise, mon numéro personnel.

J’étais un peu choquée par l’attitude de ce jeune policier, et mes trois copines également. C’était la première fois que je vivais une telle situation, mais je me suis rendue compte que beaucoup d’autres femmes ont subi la même chose», explique une jeune fille d’El-Biar.

Par Sofiane Abi