Le limogeage du directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) constituera-t-il le détonateur des révélations fracassantes qui lèveront, peut-être, le voile sur les travers d’une gestion où l’on n’hésite pas à parler de la corruption qui frapperait depuis des années cet institut dit de référence ?
Moins d’une semaine après la décision du ministre de la Santé de mettre fin aux fonctions du directeur général de l’IPA, le Pr Abbadi, les langues commencent à se délier. Selon une source proche de la direction générale de l’IPA, le limogeage de M. Abbadi, 9 mois seulement après sa nomination, serait motivé par des raions autre que celles avancées par la tutelle.
Ce dernier, rappelons-le, a justifié le limogeage du directeur de l’institut Pasteur par «le dysfonctionnement de la gestion». Or, selon notre source, la mise à l’écart de M. Abbadi suscite moult interrogations, tant elle ne travaille guère l’intérêt de l’IPA, encore moins celui des citoyens, notamment en cette période marquée par la pandémie de la grippe A/H1N1.
«Un sabotage caractérisé»
Ce qui a amené notre source à dire que «c’est un sabotage caractérisé». Notre source soutient que le DG limogé «a œuvré depuis sa nomination pour le redressement de la situation catastrophique de l’IPA, victime de mauvaise gestion depuis plusieurs années».
Notre source en veut pour preuve le «plan de redynamisation de la production en matière de vaccin, sérum et autres produits biologiques», présenté par M. Abbadi au dernier conseil d’administration du 2 décembre dernier sous la présidence du directeur de la prévention du ministère de la Santé, le Dr Mesbah.
Pour notre source, la production de sérum local a été mise à l’arrêt vers le début des années 2000, l’IPA ayant depuis eu recours à l’importation de sérum d’Egypte.
Poursuivant son récit, notre source indique que «le complot contre M. Abbadi aurait été déclenché au lendemain de ce conseil d’administration, avant d’être limogé, sans motif valable, mardi dernier».
Auparavant, relève encore notre source, la Direction générale de la Sûreté nationale aurait recommandé au ministère de la Santé de déposer plainte et de se constituer partie civile contre l’ancienne équipe dirigeante de l’IPA qui avait à sa tête le DG intérimaire (de 2006 à 2009), M. El-Hadj Mohamed Lebres.
One, two, three… viva Abbadi
Un limogeage, est-il utile de souligner, que l’ensemble des travailleurs n’arrive toujours pas à expliquer. «Sincèrement, on n’a rien compris au limogeage de notre directeur, qui plus est intervient en cette période cruciale. L’IPA s’apprête à acquérir le vaccin contre la grippe porcine.
Pour nous, au contraire, M. Abbadi n’a fait que tenter de redresser la barre depuis son arrivée à la tête de la direction générale», a commenté un travailleur interrogé hier dans les dédales du siège de l’IPA.
D’où la grande mobilisation des travailleurs de l’IPA, pour soutenir leur directeur. Ils ont scandé, au lendemain de son limogeage, à la manière des supporteurs de l’EN : «One, two, three… viva Abbadi !»
Rencontré hier à l’entrée de l’IPA, M. Abbadi, qui a repris entre-temps son ancien poste de chef de service immunologie au sein de l’Institut, a déclaré au Jeune Indépendant qu’«en (sa) qualité de commis de l’Etat, il se devait absolument d’observer le droit de réserve». «Oui, je ne peux m’exprimer sur cette situation. Je crois que je servirai mieux l’IPA en reprenant mon poste initial.»
En attendant, le poste de DG qu’occupait M. Abbadi reste toujours vacant, le ministre de tutelle s’étant contenté de désigner M. Hocine Belamri, ex-directeur financier au CHU de Bab-El-Oued, comme directeur général adjoint.
Farid Abdeladim