BLIDA – La promulgation du décret de création de l’Institut national du rein et de la greffe rénale, sis à Blida, devrait intervenir avant la fin du premier trimestre 2016, a indiqué le directeur local de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière de la wilaya.
Une fois ce décret promulgué, cet institut, dont les travaux ont été parachevés depuis plus d’une année, sera mis en service, a précisé à l’APS Ahmed Djemai.
L’ouverture de cet établissement est tributaire de la promulgation du décret interministériel portant sur sa création, a-t-il encore signalé.
« La promulgation de ce décret est prévue, avant la fin du premier trimestre 2016, suite à la tenue dernièrement de trois (3) sessions de travail au ministère de tutelle, en vue de l’examen du dossier de cette infrastructure, repartie en deux (2) sections, un centre de greffe rénale et un institut pour la recherche », a détaillé M. Djemai.
Pour le responsable du projet de l’Institut national du rein, également chef du service de néphrologie de l’hôpital Nafissa Hamoud (ex-Parnet-Alger), le Pr Tahar Rayane, la non-ouverture, à ce jour, de cet institut est due à l’ »absence d’une formule pour la promulgation d’un statut commun à un centre de recherches et à un centre hospitalier, car le premier relève du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et le second du ministère de la Santé ».
Il a relevé à l’APS l’ »inexistence, jusque-là, d’une loi qui permette de coupler un établissement sanitaire avec un centre de recherches » d’où, selon lui, la non mise en service de cet établissement, à ce jour.
Ce pôle scientifique, unique en son genre à l’échelle africaine, et dont le projet a été initié en 2001 par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui avait procédé à la pose de sa première pierre en 2006, a été doté d’une enveloppe de réalisation de près de trois (3) milliards de dinars.
Il est aujourd’hui concrétisé sur le terrain et doté d’équipements de pointe, mais sans être opérationnel, car en attente d’un décret de création. Un fait qualifié par des spécialistes de « procédure administrative banale » entravant la prise en charge d’un grand nombre de malades en attente de son ouverture.
« Pour nous, il n’existe aucun retard dans la réception de ce projet, car les opérations de son équipement se poursuivent toujours », a soutenu M. Djemai, signalant la consommation à ce jour de 90% de son enveloppe d’équipement, estimée à 1,5 milliard Da.
La structure est dotée de quatre (4) unités de soins d’une capacité globale de 120 lits, en plus de laboratoires, de salles d’examens et de blocs opératoires, outre une salle de conférences de 330 places réservée à l’accueil des recherches et d’études inhérentes à la greffe rénale, à la néphrologie et à l’urologie.
Ouverture partielle de l’Institut pour des opérations chirurgicales
Selon M Djemai, l’Institut du rein sera « prochainement » opérationnel, mais de façon « partielle », pour la réalisation de greffes rénales et d’autres opérations chirurgicales, par des équipes médicales du service de chirurgie générale du CHU Franz Fanon et ce, dans l’attente de la promulgation du décret, qui permettra sa mise en exploitation, à part entière.
Une option encouragée par le Pr. Rayane, qui a exprimé son souhait de voir cette problématique résolue suite à l’instruction du ministre de la Santé, qui a appelé lors d’une rencontre l’ayant réunie avec lui dernièrement, à la « mise en service, dans les plus brefs délais, des blocs opératoires », dans l’attente de l’ouverture de l’Institut de recherches.
Le Pr. Rayane a ajouté que cette mise en service contribuera au règlement des problèmes de nombreux malades nécessitant une transplantation rénale, voire même ceux ayant besoin de sessions de dialyse ou de simples opérations, car le CHU de Blida accuse un grand manque en salles de chirurgie.
Selon les prévisions, cet institut accusera un manque en agents paramédicaux, car il démarrera avec seulement 30 agents délégués, issus des hôpitaux de la wilaya. Un nombre jugé « insuffisant », car cet établissement national aura besoin de quelque 200 à 300 agents paramédicaux, selon le directeur local de la Santé.
Un objectif qui sera atteint, à long terme, après le recrutement d’un grand nombre d’éléments paramédicaux de la promotion de juin prochain, a-t-il estimé, relevant que l’insuffisance en paramédicaux est un « problème national », du au grand nombre d’agents paramédicaux partis en retraite.
Selon les objectifs qui lui ont été fixés, ce projet s’étendant sur une surface de 18.000 m2, devrait constituer, une fois opérationnel, un centre de référence national, au vu du rôle qui lui sera dévolu en matière de greffes d’organes (rein, foie), et d’hémodialyse.
L’établissement devrait également permettre un grand essor de la recherche scientifique en Algérie, à travers les moyens considérables qu’il offrira aux spécialistes du domaine.
L’Institut national du rein et de la greffe rénale de Blida devrait contribuer, à court terme, à la réalisation de 500 greffes/an, avant d’atteindre un millier de greffes /an, selon les objectifs qui lui ont été fixés, mais à condition d’effectuer des prélèvements à partir de cadavres.
Pour le Pr. Rayane, les malades du rein en Algérie, estimés à 20.000 actuellement (parmi lesquels 50% en attente d’une greffe et dont 90% n’ont pas de donneurs), font face à un grand problème représenté par le refus des familles de faire don des organes de leurs morts, à cause de croyances sociales rejetant cette idée, d’où la croissance du nombre des malades.
Un fait nécessitant, selon ce spécialiste, davantage d’actions de sensibilisation à travers les hôpitaux, les mosquées, les écoles et les masses medias, afin « de changer cette mentalité ancrée dans la société algérienne », a t-il souligné.
« Aucune greffe rénale à partir de donneur cadavérique n’a été enregistrée, à l’échelle nationale, depuis 2011 », a-t-il déploré, relevant toutefois qu’une moyenne de 200 greffes rénales a été réalisée en 2015 en Algérie.
Un nombre jugé « record », selon le Pr. Rayane, qui signale que le coût d’une greffe en Algérie est de 2,5 millions Da, alors qu’elle peut atteindre les 50.000 Euros à l’étranger, soit sept (7) millions Da.