Les photographies du célèbre photojournaliste Reza seront présentées pour la première fois en Algérie à travers une exposition organisée aujourd’hui à l’Institut français d’Alger. Cette exposition qui se déroulera jusqu’au 30 avril sous le titre «Une terre, une famille» sera une occasion de découvrir le talent et l’humanisme tant connu de Reza.
« Le monde est mon champ de vision. De la guerre à la paix, de l’ineffable aux instants de poésie, mes images se veulent des témoignages de notre humanité sur les routes du monde », annonce le photographe Reza.
Au carrefour des cultures, tel un pont entre Orient et Occident, le photographe Reza est un acteur de paix. Proche de notre famille humaine dans ses combats, ses souffrances dont il témoigne brillamment en images depuis plus de trente ans, l’ont conduit à la conscience des autres et à l’engagement humanitaire. Né à Tabriz, témoin et pèlerin de paix itinérant, de Bakou à New York, de Kaboul à Paris, de Bombay à Barcelone… Grand reporter internationalement reconnu, Reza n’hésite pas à consacrer son temps pour défendre l’idée d’un dialogue entre les peuples, à travers ses nombreuses conférences, et ses actions bénévoles en faveur de l’éducation des enfants et des femmes au cœur des quartiers sensibles, des camps de réfugiés ou des sociétés civiles mises à mal par des années de conflit. Reza Deghati est d’origine iranienne. Son nom d’auteur est Reza. Il est l’un des reporters-photographes les plus reconnus de sa profession sur la scène internationale. Il prend sa première photographie à 14 ans et publie deux ans plus tard, au lycée, le journal Parvaz (l’envol), ce qui lui vaut d’être poursuivi une première fois par la police politique. Jeune étudiant en architecture, il affiche clandestinement ses photographies sur les grilles de l’université de Téhéran. Pour son militantisme artistique contre le régime du Shah, il est arrêté à 22 ans, emprisonné pendant trois ans et torturé pendant cinq mois.
La quête de la liberté
En 1979, il couvre la Révolution iranienne pour l’agence Sipa Press et le magazine Newsweek. Il est définitivement contraint à l’exil en 1981 pour ses photographies dénonçant l’oppression de la République islamique. Il quitte l’Iran pour New York puis Paris.
Reza se rend au Liban en 1982 et réalise un reportage sur le siège de Beyrouth. Il publie le livre Paix en Galilée-Beyrouth en 1983 et reçoit son premier prix du World Press Photo pour ses reportages en Afghanistan.
Reza photographie les conflits, les révolutions, les catastrophes humaines. Time Magazine, Stern, Newsweek, Geo, Paris Match, National Geographic et bien d’autres journaux internationaux publient régulièrement ses reportages.
L’année 1991 marque le début d’une longue et étroite collaboration avec National Geographic. L’année suivante, Reza ouvre son agence de photographie à Paris, Webistan. En 1998, il est membre du jury du World Press Photo et présente sa première grande exposition «Mémoires d’Exil» au Carrousel du Louvre à Paris. En 2000, National Geograophic Channel réalise un documentaire sur le travail de Reza et sur ses rencontres avec le commandant Massoud, Journal du Front, récompensé par un Emmy Award en 2002. En 2003, il expose son travail «Destins Croisés» sur les grilles du Jardin du Luxembourg à Paris qui donne lieu à la publication d’un livre éponyme. Cette même année est réalisé le deuxième documentaire de National Geographic Vivre sa Vie. En 2004 sort le livre Insouciances. En 2006, Reza est à l’initiative de la première exposition en extérieur de la National Geographic Society, dont il devient académicien ( National Geographic Fellow ),
«Une terre, une famille». L’université du Missouri – Columbia School of Journalism – lui décerne par ailleurs une médaille d’honneur pour l’ensemble de son travail. Son premier livre de rétrospective sur trente années de reportages, Entre guerres et paix sort en 2008. À cette occasion, une grande exposition est organisée au Mémorial de Caen. En 2008, il entreprend également un voyage initiatique avec son fils, Delazad Deghati, de Pékin à Paris, raconté dans le livre Chemins parallèles.
Les photographies de Reza sont autant de témoignages du chaos de la guerre, de ses ravages et du désarroi des hommes pris dans la tourmente. Elles racontent les cultures du monde, les traditions, l’histoire et, plus que tout, l’espoir infaillible de Reza en un monde meilleur. Ses reportages ont également été l’occasion de rencontres exceptionnelles : de l’enfant croisée dans un Sarajevo en guerre, au commandant Massoud, en passant par les réfugiés sur les routes de l’exil.
L’humanisme à travers le diaphragme
Influencé par de telles rencontres, Reza s’engage dès 1983 dans l’action humanitaire en formant à la photographie des réfugiés afghans. De 1989 à 1990, il assume le rôle de consultant pour les Nations unies en Afghanistan, chargé de mission pour la reconstruction du pays après la guerre. En 1996 au Rwanda, il œuvre aux côtés de l’UNICEF en donnant une chance aux parents de retrouver leurs enfants perdus lors de l’exil, en initiant les réfugiés à la photographie. 12 000 portraits d’enfants sont affichés dans les camps de populations déplacées. En 1998, Reza s’implique dans la construction d’une école pour les enfants réfugiés de Bakou, en Azerbaïdjan. Il fonde en 2001 l’ONG internationale Aina qui ouvre un premier centre à Kaboul en Afghanistan. Partant du principe que seules les libertés de la presse, d’expression et d’opinion pourront faire avancer les peuples sur le chemin de la paix, l’association se donne pour objectifs de former aux techniques des médias et de la communication les jeunes et les femmes. Aina a pour vocation d’élargir son champ d’action à de nombreux pays.
L’engagement humanitaire de Reza et son travail photographique ont été distingués à plusieurs reprises. En 1996, le prix de l’Espoir Unicef lui est décerné lors du festival de photo-reportage international de Perpignan, Visa pour l’image. En 2006, il est récompensé par le Prix de reconnaissance du travail humanitaire pour les citoyens du monde par l’université de Chicago. Il reçoit en 2009 le Prix d’honneur de l’engagement humanitaire décerné par la Fondation Cinéma-Vérité.
Un engagement éternel
Pour l’ensemble de sa carrière de photographe-reporter, pour saluer son engagement et ses combats en faveur de l’éducation des enfants et de l’émancipation des femmes dans le monde, Reza est également élevé au rang de chevalier de l’Ordre national du Mérite par le président de la République française, Jacques Chirac, en 2005. Il devient Senior Fellow de la fondation Ashoka en 2008 et Docteur honoris causa de l’Université américaine de Paris en 2009.
Reza continue aujourd’hui à marier engagement humanitaire et photographie. Plusieurs documentaires ont été réalisés sur ses activités : Dans l’ombre de Saddam et Vivre sa vie, par National Geographic, Paroles de liberté par TF1, sur son travail au sein de Aina. En 2009, il se voit décerner le prestigieux Lucy Award pour l’ensemble de sa carrière de photojournaliste. Il reçut en mai 2010 à New York un Infinity Award du photojournalisme de ICP (International Center of Photography) pour son travail intitulé Il était une fois l’empire russe. Reza a récemment participé à un workshop au Burkina Faso, avec comme futur projet l’organisation d’une exposition et la création d’un centre de formation aux médias inspiré de celui d’Aina à Kaboul. Il travaille actuellement au projet Librino qui a pour ambition de former de jeunes habitants d’une banlieue sicilienne à la photographie. Il expose actuellement à Paris Chemins parallèles dans la gare de RER Luxembourg et prépare une grande exposition dans le parc de la Villette « Une terre, une famille » pour septembre ainsi qu’une exposition permanente au musée du Mémorial de Caen en janvier 2011.
Par : Kahina Hammoudi