Au cours de cette cérémonie surréaliste, les élus du RCD et du RND ont dénoncé le coup de force de l’administration.
C’est un fait inédit dans les annales électorales algériennes. À Ben Aknoun, le wali-délégué de Bouzaréah, Brahim Achacha, s’est présenté, hier, au siège de l’APC pour désigner “un fuyard” à la tête de la commune. Le feuilleton a déjà commencé bien avant les élections. À quelques jours de la campagne électorale, la tête de liste FLN, Noureddine Hired, est portée disparu. Lui, qui s’est présenté pour un 3e mandat à la tête de l’APC de Ben Aknoun n’a fait ni campagne électorale ni “son devoir”, à savoir voter. À l’issue du vote, le FLN a remporté 7 sièges, le RCD 4, le RND et le FNA avec 2 sièges chacun. Lors de l’installation, le SG de la commune, qui rappelait les résultats des élections, a précisé que le FLN a eu un peu plus de 46% des suffrages exprimés. Pour ainsi dire, la présidence de la municipalité lui est acquise de fait. Mais l’orateur ne s’est pas penché sur le cas précis de M. Hired qui était absent même à la cérémonie, sans parler de son absence depuis plusieurs semaines. C’est ce qu’a laissé dire aux autres élus que, “désormais, la commune de Ben Aknoun sera gérée par un fugitif”.
Lors de sa prise de parole, M. Achacha, le wali-délégué, a précisé que la présidence de la commune revient de droit au FLN. Mais, même de son côté, il a peut-être omis de clarifier la situation concernant justement cet élu “fuyard”. M. Achacha, qui a refusé de répondre aux questions des autres élus, notamment ceux de l’alliance RCD-RND, qui l’interpellaient sur “ce cas inédit”, n’a pas précisé, pour autant si M. Hired était malade, pris dans l’embouteillage, ou même préoccupé par des affaires personnelles. Le wali-délégué s’est contenté de dire qu’il est venu “seulement désigner le président de l’APC”.
“Ce n’est ni le moment ni le lieu pour aborder cette question”, a encore ajouté l’orateur.
Devant l’insistance des autres élus issus du RCD et du RND, qui ont fini par quitter la cérémonie, M. Achacha a indiqué que cette affaire est “entre les mains de la justice, et c’est à elle de faire son travail”.
Rencontrés à la sortie du siège de la commune, les élus du RCD et du RND ne comptent pas baisser les bras. Ils demandent “des explications concernant la manière avec laquelle le dossier de candidature de M. Hired est accepté alors qu’il est poursuivi en justice”. Sur cette question, il est opportun de rappeler que dans d’autres localités, plusieurs dossiers de candidatures ont été rejetés indûment par l’administration et acceptés après un recours. “Nous dénonçons d’abord le wali-délégué qui nous a empêchés de prendre la parole”, ont-ils dénoncé, avant que Ramdane Ouamrane, élu du RCD, n’ajoute sur le même ton : “L’administration a commis une bourde en acceptant le dossier de candidature d’un fugitif.”
“Il est poursuivi en justice, alors comment s’est-il présenté aux élections ?” se demande un élu du RND qui, pour lui, “le wali-délégué est venu couvrir un élu fuyard et opéré un coup de force contre le choix des électeurs”. “Nous rejetons même les résultats du vote”, ont-ils déclaré, avant d’accuser le FLN d’avoir acheté des voix. “C’est un cas exceptionnel à qui il faut une solution exceptionnelle”, a indiqué Ali Lemdani, élu du RCD, avant d’ajouter que “ce cas est un discrédit des institutions de l’État”. Ne voulant pas cautionner “un coup de force et un coup d’État contre les élus”, ces contestataires comptent saisir “le Conseil d’État et le président Bouteflika”. En fin de cérémonie, le wali-délégué a désigné M. Bouaraba, 2e sur la liste du FLN, en tant que président de l’APC.
M M