Instabilité en Libye,Conflit armé au Mali,Les «pays du champ» torpillés face au terrorisme

Instabilité en Libye,Conflit armé au Mali,Les «pays du champ» torpillés face au terrorisme
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Ce qui était craint par les pays du Sahel semble, malheureusement, prendre forme à une vitesse qui impose moult interrogations quant aux motivations et aux répercussions des différents conflits armés qui ont éclaté dans la région.

Il y a eu d’abord les rançons payées par certains pays occidentaux aux terroristes du groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, ou «Aqmi»), au moment où l’organisation terroriste était en net déclin. Le conflit armé en Libye, quant à lui, ne profitait certainement pas à la stabilité de la région mais permettait plutôt à l’organisation d’Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, de se procurer davantage d’armes et de munitions et d’en acheter d’autres avec une partie de l’argent représentant les rançons versées en contrepartie de la libération d’otages occidentaux.

Pas seulement, puisque le gouvernement français avait reconnu avoir parachuté des armes, en plein conflit armé en Libye, sans être sûr que la «précieuse» marchandise n’allait pas tomber entre les mains des terroristes.

Aujourd’hui, des quantités importantes d’armes sophistiquées, dont ne disposent pas plusieurs armées africaines, sont utilisées dans différents conflits armés, dont celui opposant le gouvernement malien et les partisans de «l’indépendance de l’Azawad». Les incursions armées en Tunisie laissent présager que les choses ne vont, malheureusement, pas s’arrêter là. Aux frontières algéro-maliennes, ce sont des localités entières qui sont tombées entre les mains des «rebelles». C’est le cas, par exemple, de Ménaka, non loin des frontières algériennes.

La France, comme pour la Libye, ne veut pas se tenir très éloignée de la situation. Ce n’est pas dans ses habitudes depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête du pays. C’est ainsi que le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, qui s’est rendu au Mali, a lancé qu’«il y a eu effectivement des violences absolument atroces et inadmissibles à Aguelhok.

Il y a eu effectivement des exécutions sommaires de soldats et de personnes -on parle d’une centaine- qui ont été capturés et froidement exécutés». Il a ajouté que «certains prétendent que la méthode utilisée pour l’exécution s’apparente à celle utilisée par Al-Qaïda». Le ministre français n’avait bizarrement pas parlé de la présence d’Al-Qaïda en Libye. Les terroristes de l’Aqmi étaient, au contraire, protégés par des avions de guerre français, au nom de «la protection des civils contre les troupes de Mouammar El Kadhafi». Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a quant lui lancé :

«On ne sait pas très bien quelle est la part que joue Al-Qaïda ou Aqmi (dans ces attaques), mais il y a eu des massacres tout à fait épouvantables et que nous avons condamnés.» Les conflits armés, enregistrés ça et là, ajoutés à l’instabilité qu’ils engendrent, ne favorisent pas la lutte que les pays du Sahel doivent mener contre le terrorisme dans la région.

La coopération entre les «pays du champ» (pays du Sahel), décidée par les Etats concernés pour éviter une intervention militaire étrangère dans la région, au nom de la lutte anti-terroriste, ne pourrait qu’être freinée ou au mieux retardée, quand des pays membres de la coalition, comme la Libye et le Mali, sont déstabilisés et empêchés de mener à bien leur rôle, face à l’Aqmi armé jusqu’aux dents, grâce aux paiements de rançons et des armes libyennes.

Par Mounir Abi