Les tumultes politiques du « Printemps arabe », l’instabilité en Libye, la crise en Egypte et l’attaque terroriste contre la base de Tiguentourine en Algérie, poussent les entreprises pétrolières internationales à se poser la question de la viabilité de l’investissement en Afrique du Nord.
L’Algérie et la Libye, les deux grands pays pétro-gaziers d’Afrique du Nord, seraient-ils devenus une destination non désirée pour les compagnies pétrolières internationales ?
La réponse est affirmative, selon l’agence «Reuters», du moins pour les compagnies américaines qui chercheraient à se retirer d’une zone devenue troublée, depuis le « Printemps arabe» et où le climat des affaires est devenu plus dur.
La Libye qui avait ouvert les appétits des compagnies, après la chute de Kadhafi, n’est pas l’eldorado attendu, en raison de l’instabilité politique et des troubles qui affectent le secteur pétrolier. Ce pays devait compenser le manque d’attractivité présumé de l’Algérie et de l’Egypte, mais les calculs se sont avérés erronés.
Du coup, écrit l’agence, ces entreprises se demandent si l’investissement, en Afrique du Nord, en vaut la peine. Et pour sept entreprises, dont cinq américaines, la réponse a été déjà donnée, à travers des ventes d’actifs pour «plusieurs milliards», dans les trois pays et par l’abandon de plusieurs projets.
Ces entreprises préfèrent aller vers des pays «tranquilles » comme la Tanzanie, en raison du ratio, peu favorable, entre l’investissement et les bénéfices escomptés en Afrique du Nord.
Un expert cité par «Reuters» affirme que la situation politique a compliqué les choses au Proche- Orient et en Afrique du Nord pour les entreprises américaines qui n’ont pas «d’attaches» avec la région. Mais ce qui vaut pour les entreprises américaines ne vaut pas, automatiquement, pour les européennes.
LES ENTREPRISES EUROPÉENNES ONT UNE AUTRE LOGIQUE
Le même expert souligne que, contrairement, à ces dernières, les entreprises comme Repsol, Eni, Total et BP, sont dans une autre optique.
«Ce sont de grands gisements » à côté de chez eux et il est «plus logique pour eux de tenir le coup». Sur la Libye, la démarche des entreprises américaines et des européennes est clairement différente, les premières s’en vont, les secondes résistent malgré les difficultés à remettre sur rails l’exploitation et l’exploration.
Pour l’Algérie, l’impact de l’attaque de Tiguentourine est, sans surprise, mise en exergue, avec le retrait des personnels et des exigences de sécurité plus fortes. Sans compter que l’attractivité de l’amont pétro-gazier n’était déjà pas intéressante, selon «Reuters», qui rappelle le peu de succès des derniers appels d’offres.
L’agence rappelle que l’Américain «Conoco Phillips» a annoncé, l’année dernière, la vente de son unité algérienne à «Petramina» (Indonésie) et que «Hess» vend ses participations à «Cespa».
Au sujet du changement de la loi sur les hydrocarbures, l’agence affirme que les compagnies pétrolières considèrent que les avantages fiscaux consentis n’étaient pas suffisants pour compenser la hausse des coûts de sécurité, induits par l’attaque de Tiguentourine.
Mais, nuance l’agence, pour les entreprises qui ont déjà investi, le retrait est moins facilement envisageable que pour les américaines. Elle relève que Statoil et BP n’ont pas abandonné l’Algérie après l’attaque de Tiguentourine.
Salem Ferdi