Le magazine américain » Forbes » vient d’élaborer une analyse à propos de la situation en Algérie. Le scénario de cette étude, emprunt d’alarmisme, met en scène » une crise de gaz » susceptible d’influer sur les prix de cette ressource en cas d’un hypothétique soulèvement en Algérie et, par extension, générera de graves retombées sur les clients européens.
L’analyse considère que » l’instabilité pourrait avoir des conséquences graves sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe « .
Le magazine met en exergue » la peur d’une situation chaotique due au retour des émeutes en Algérie, sous l’impulsion de l’Égypte et des voisins tunisiens « . Selon » Forbes « , cela pourrait même » influer sur les prix du gaz qui subiront une hausse subite générée, notamment, par une prétendue rupture de fourniture du gaz algérien, le GNL qui est transporté par voie maritime « .
L’Algérie, selon l’auteur de cette analyse économiste « sera évitée car devenant une destination à risque ». Un scénario auquel » l’Europe n’est pas prête », particulièrement, à propos de « l’incidence financière qui sera générée et contraindra l’Europe à payer des prix de gaz plus élevés ». » Forbes » reconnaît que cela « n’est pas chose certaine » et s’interroge « si l’Algérie va suivre les traces de la Tunisie « .
Le même magazine explicite « les craintes des Européens », notamment l’UE qui a « quatre corridors » pour la livraison de son gaz. Il s’agit du corridor de la Norvège, qui reste un fournisseur fiable mais dont les réserves sont en baisse, celui de la Russie, grâce à ses gazoducs ukrainiens, ainsi que le North Stream et le South Stream, il y a aussi le couloir de l’Afrique du Nord que représente principalement l’Algérie.
Enfin, il y a celui de l’Asie centrale et le Moyen-Orient, en empruntant la voie de la Turquie qui, elle, repose sur le gazoduc Nabucco, torpillé par les gazoducs russes dans le but de renforcer la domination de » l’ours blanc » sur l’Europe offrant ainsi à l’Algérie une position de leader mondial parvenant à fournir l’Europe de 20% du gaz naturel en plus de 30% des importations de GNL de l’UE. Notre pays exporte quelque 102 millions m3 / j de gaz naturel vers l’Europe.
En plus du gaz naturel circulant en Europe à travers le pipeline Transmaghreb qui dessert l’Espagne via le Maroc et Enrico Mattei qui dessert l’Italie en passant par la Tunisie.
L’Algérie est devenue, de fait, l’un des principaux fournisseurs de gaz naturel liquéfié. En 2008, les exportations algériennes ont atteint 21 milliards de m3 de GNL, dont 90% sont destinés à l’Europe. Ce dernier continent est de plus en plus tributaire du GNL algérien.
L’Europe évite de dépendre du gaz naturel russe. En novembre, les volumes d’importation de GNL par l’Europe ont réalisé un nouveau record, en achetant 8,5 milliards de mètres cubes contre 1,5 milliard de mètres cubes en septembre.
Le Royaume-Uni a, à lui seul importé 2,06 milliards de mètre cubes. les besoins énergétiques de ce dernier continent sont en constante augmentation favorisés par l’engagement des gouvernements européens à réduire les émissions de gaz à effet de serre les poussant ainsi à opter pour le gaz naturel qui a de faibles émissions de carbone et dont la combustion reste propre. La Grande-Bretagne, autant que l’Espagne, la France ou l’Italie réalisent bien l’importance du gaz algérien en ces temps de crise
Cependant, le scénario hollywoodien écrit par le magazine américain semble omettre certains paramètres tels que les engagements de l’Algérie sur le long terme en matière de gaz qui sont ficelés par des contrats dont la durée dépasse les 15 ans et les prix indexés sur ceux du pétrole, hormis les contrats spot qui ne représentent qu’une infime partie des quantités de gaz fournies à l’Europe l’autre paramètre est que l’Algérie est un pays dépendant de ses hydrocarbures et que quel que soit le gouvernement en place, ne peut en faire fi.