Insécurité : Peur à l’université après l’assassinat de deux étudiants en moins d’une semaine

Insécurité : Peur à l’université après l’assassinat de deux étudiants en moins d’une semaine
rassemblement à l’université d’Alger de médecine

Meriem Kaci

L’université en émoi et sous le choc ! Après l’assassinat, à Annaba, d’un étudiant zimbabwéen, la communauté universitaire est bouleversée par le crime qui a ôté la vie au jeune étudiant en médecine à l’intérieur même de la cité universitaire de Ben Aknoun (Alger). Dans une réaction à cette nouvelle tragédie, le ministre de l’Enseignement supérieur a assuré que la tutelle ne ménagera aucun effort pour assurer la sécurité au sein des campus.

Les deux drames font visiblement craindre le pire aux étudiants. Dans une réaction, le ministre du secteur a assuré que la tutelle ne ménagera aucun effort pour assurer la sécurité au sein des cités universitaires. Deux crimes abjects qui ont fait réagir organisations estudiantines, partis politiques et société civile qui font état d’un climat de peur dans l’enceinte universitaire d’autant que plusieurs incidents et agressions ont été signalés ces derniers mois. Entre crainte et  solidarité, les réactions de la communauté universitaire et de la société civile tirant la sonnette d’alarme se suivent.

«La violence est largement constatée. Elle est dans les parkings, stades, foyers, rues… et les universités ne font pas exception», déplore Bachir Benslikh, président de la Fédération nationale des personnels du secteur de la jeunesse et des sports (FNPJS), affilié au Snapap, qui explique que «l’intégrité physique du citoyen est en danger». Pour lui, «il est temps d’engager un débat approfondi entre les autorités compétentes et la société civile pour une réflexion et un diagnostic du phénomène pour diminuer le fléau. Nous avons besoin d’une étude sociale sur le phénomène de la violence qui prend une proportion alarmante dans la catégorie des jeunes».

LG Algérie

Pour M. Benslikh, le secteur de la jeunesse et des sports est «relativement marginalisé » par rapport à d’autres départements ministériels. «Sans lui accorder l’importance qui lui sied, on ne pourra pas épargner les jeunes de la violence ». Le ministère, ajoute notre interlocuteur, prépare en effet une conférence nationale sur la gestion des Etats généraux de la jeunesse pour sortir avec des recommandations sur la gestion et le fonctionnement des infrastructures, du temps des jeunes, annuaire, etc. Pour leur part, les jeunes progressistes du RCD rappellent, dans un communiqué rendu public, avoir « interpelé à maintes reprises» les responsables du secteur de l’enseignement supérieur quant au climat délétère et au laisser-aller dans la gestion de l’ensemble des infrastructures universitaires.

«Ces crimes crapuleux dans l’enceinte et la périphérie de l’université démontrent l’incapacité et le bricolage de la tutelle dans la prise en charge de la question de la sécurité au niveau des résidences, livrées à la mafia et à des groupes de délinquants extra-universitaires», ajoutent-ils. Il en est de même pour l’association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) qui fait état du même «climat délétère et d’insécurité» dans lequel baigne l’université algérienne. RAJ dénonce également dans le cas de l’assassinat du jeune Assil Belalta un «crime homophobe, ignoble, horrible et crapuleux», alors que les «libertés individuelles ne se marchandent pas». RAJ dénonce ainsi «l’état d’insécurité et de violences permanentes qui s’installe dans les campus et les résidences universitaires et dont l’université algérienne est devenue un théâtre à ciel ouvert de violences parfois inouïes à l’encontre des étudiants », ajoute la même source.

Hadjar : Aucun effort n’est ménagé pour la sécurité des cités universitaires

De son côté, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a assuré que les services de son département «ne ménagent aucun effort» en vue d’assurer la sécurité au sein des cités universitaires. S’exprimant lors d’une réunion avec les recteurs d’université et directeurs des écoles supérieures de la région Centre, en présence du secrétaire général de l’Union des universités arabes (UUA), Amr Ezzat Salama, M. Hadjar a condamné l’acte criminel ignoble dont a été victime l’étudiant Assil Belalta, assassiné dans sa chambre à la cité universitaire Taleb-Abderrahmane 2 (Ben Aknoun).

Le ministre a appelé à la nécessité de garantir la sécurité, le calme et la sérénité au sein de l’université. Le premier responsable du secteur a saisi l’occasion pour se recueillir à la mémoire d’Assil et présenter ses condoléances à sa famille. Il s’est également recueilli à la mémoire de l’étudiant zimbabwéen, retrouvé mort hors de l’enceinte universitaire dans la wilaya de Annaba, après avoir reçu plusieurs coups de poignard et aussi celle de l’étudiant palestinien, mort électrocuté suite aux intempéries enregistrées dans la même wilaya.

Consternation à l’enterrement de Assil

Dans l’incompréhension, la stupeur et la consternation, la dépouille du jeune Assil Belalta, assassiné dans sa chambre de la cité universitaire Taleb-Abderrahmane à Alger, a été accompagnée hier à sa dernière demeure dans sa ville natale de Bordj Bou-Arréridj. Assil, 22 ans, était étudiant en 3e année de médecine et comptait faire sa spécialité, témoignaient des jeunes parmi la foule nombreuse venue assister à ses obsèques. Mais le sort en a décidé autrement. Parallèlement à ses études, le défunt aimait, nous dit-on encore, le sport, s’intéressait à la langue de Goethe, à la guitare, dont il était un virtuose.