La direction de l’établissement a affirmé devant les parents d’élèves du primaire, réunis jeudi, que l’agression sexuelle commise par un jeune adolescent, non encore identifié, a fait l’objet d’un rapport adressé à la tutelle.
Cet acte vient confirmer la déliquescence tant décriée de la situation que connaît le lycée Bouamama qui, faut-il le rappeler, faisait la fierté du ministère de l’éducation.
Aujourd’hui, on y entre comme dans un moulin. L’inexistence de contrôle à l’entrée principale en dit long sur la surveillance du mouvement des personnes, notamment étrangères, dans un établissement qui regroupe les trois paliers avec un total de plus de 4 000 élèves. Jeudi dernier, une trentaine de parents d’élèves était venue exprimer son indignation et son inquiétude suite au dernier événement qu’on se raconte en chuchotant. Une écolière du primaire a été abusée par un adolescent du moyen. Ni l’identité du malfaiteur ni son âge, ni le lieu exact du forfait ne sont précisés.
Mais le fait est bien réel : l’écolière a été sodomisée. Pour le moment, on s’est basé sur le témoignage de la fillette racontant sa mésaventure avec le mis en cause qui l’aurait attirée dans les toilettes. L’administration, pour aider la victime, lui a montré plusieurs photos supposées correspondre au signalement de l’agresseur, mais elle s’est contredite à plusieurs reprises. Même l’endroit est remis en question, puisqu’on parle de la petite forêt se trouvant à l’extrémité est, ou encore un des coins isolés de ce vaste lycée. Mais pour les parents, le lieu importe peu, du moment que l’important c’est l’acte avec toute sa gravité. à défaut d’être reçus dignement dans une salle, c’est dans la cour faisant face à l’administration du secondaire qu’ils se sont regroupés. Il faut dire au passage qu’ils ne se sont pas constitués en association comme c’est le cas de ceux du moyen et du secondaire. L’administration essaie en quelque sorte de minimiser les faits. Pour la direction de l’école, ce qui se raconte n’a rien de vrai, dans la mesure où la victime revient souvent sur ses déclarations et ne donne jamais la même version. Alors y a-t-il manipulation comme le pensent certains ? Rien ne prouve une quelconque instrumentalisation, répondent d’autres. L’établissement manque, selon eux, de sécurité. Une maman a affirmé que sa fille, une adolescente, a bel et bien été agressée il y a quelques jours dans l’enceinte du lycée. “L’agresseur, étranger à l’établissement, l’a violemment tirée par les cheveux et l’a molestée avant de repartir tranquillement”, raconte-t-elle. Un parent, un Africain, abonde dans le même sens : “Ma fille de 6 ans a été obligée sous la menace d’un agresseur de lui remettre son téléphone portable. à l’intérieur du lycée !” Des cas similaires, il y en a eu, nous disent les parents. Des propositions fusent. “Il faut saisir l’inspecteur général du ministère de l’éducation sur la question”, dira une dame. “C’est une affaire qui relève du pénal. Il faut donc déposer une plainte”, lance un parent. Des indiscrétions parlent en effet d’un dépôt de plainte par l’établissement, mais rien n’a été fait jusqu’à présent. Quoi qu’il en soit, l’inquiétude se lisait sur les visages des parents présents. Ils sont décidés à prendre les choses en main, à commencer par désigner des délégués auprès des parties concernées. “On ne peut rester les bras croisés devant le problème d’insécurité qui vient s’ajouter à celui de la drogue”, fera observer une maman. Le directeur de l’éducation qui était de passage au lycée a été informé verbalement du problème. Tout en conseillant les parents de saisir officiellement la tutelle, il n’a pas manqué de faire remarquer que “ce lycée est devenu un parking pour des personnes de passage et même pour certains commerçants du quartier qui se font passer pour des parents d’élèves”. No comment.
Il est vrai que la question de l’insécurité n’est pas propre au lycée ex-Descartes. Plusieurs établissements scolaires ont vécu ce phénomène et continuent de le vivre. La violence a gagné ces établissements à tel point qu’il y a eu mort d’homme. Et si l’angoisse des parents reste légitime, le silence des pouvoirs publics face à cette situation est une fuite en avant.
ALI FARÈS