Le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, a quitté définitivement le palais de Carthage en vertu d’une décision prise hier par le Conseil constitutionnel.
La même instance a proclamé le président du Parlement tunisien, Foued Mebezza, président par intérim, écartant ainsi la possibilité d’un retour à la tête de l’Etat du désormais ex-président Ben Ali, en fuite en Arabie saoudite. Le Conseil, qui se base sur l’article 57 de la Constitution tunisienne, a également indiqué qu’une nouvelle élection présidentielle devrait se tenir dans 60 jours.
Par cette décision, le peuple tunisien vient de se débarrasser définitivement d’un régime dictatorial qui a régné pendant 23 ans. Même le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, le fidèle de Ben Ali, qui avait annoncé sa succession à la tête de l’Etat n’a pas été accepté par les Tunisiens. Vendredi, après la fuite de M. Ben Ali, Mohamed Ghannouchi, 69 ans, était intervenu à la Télévision nationale pour revendiquer la présidence par intérim de la Tunisie. Il devait d’ailleurs rencontrer hier plusieurs figures de l’opposition.
Mais le Conseil constitutionnel tunisien a estimé qu’en vertu de la loi fondamentale tunisienne, le président du Parlement était le chef d’Etat intérimaire et non pas le Premier ministre. Ce retournement soudain de la situation s’est produit au moment où des manifestations et des marches ont commencé dans des villes de la province pour réclamer le départ de Mohammed Ghannouchi dont la présence à la tête de l’Etat aura duré moins de 24 heures. Ces marches se déroulaient en dépit de l’état d’urgence, qui interdit tout rassemblement sur la voie publique et donne aux forces de l’ordre la possibilité de tirer sur ceux qui violent ces dispositions. La nomination de Mohammed Ghannouchi, qui s’est faite en vertu de l’article 56, laissait la porte ouverte à un retour au pouvoir de Ben Ali. L’article 56 ne prévoit pas en effet d’élections et ne donne pas le droit au président par intérim de briguer la présidence. Mohammed Ghannouchi n’avait d’ailleurs pas mentionné d’élections après sa nomination, s’engageant seulement dans une déclaration à «mettre en œuvre des décisions» prises par Ben Ali, notamment la tenue de législatives anticipées dans un délai de six mois.