Inquiétude grandissante à l’approche des législatives,L’Algérie à pile ou face

Inquiétude grandissante à l’approche des législatives,L’Algérie à pile ou face

2012 sera une année charnière pour l’Algérie

Les partis islamistes, sentant le vent tourner, mettent tout en oeuvre pour rééditer chez nous les coups tunisien, marocain et égyptien.

Le caractère républicain de l’Etat algérien risque de payer les frais du Printemps arabe. D’ailleurs, le MSP de Boudjerra Soltani est en embuscade non seulement pour tenter de remporter un maximum de sièges à l’APN en mai prochain mais aussi pour influer sur la rédaction de la nouvelle Constitution.

Ce seront en effet les institutions élues qui auront la charge d’amender la Loi fondamentale. Les élus de la mouvance islamiste, car il n’y a pas que le MSP en course, feront alors tout ce qui est en leur pouvoir pour imposer leurs choix religieux dans la sphère politique. Un dangereux mélange entre politique et religion risque alors d’exploser et la déflagration a toutes les chances de faire voler en éclats l’édifice institutionnel. La vulnérabilité guette les libertés. Ira-t-on jusqu’à imposer aux partis et associations de suivre, eux aussi, les critères islamiques dans leur action? En politique mais aussi dans le champ économique et dans le domaine social, les bouleversements ne seront pas faits pour plaire à la population qui n’a pas du tout envie de revivre le cauchemar des années 1990 avec son flot de sang et ses milliers de morts. Les citoyens ont ouvert les yeux sur un fait indéniable qui est celui de l’incompatibilité entre Islam et démocratie. Cette conviction pousse les islamistes à changer de tactique. Ils ne se présentent plus comme des moralisateurs intransigeants mais ils tentent d’intégrer des éléments du langage qui font appel à un lexique puisé dans le modèle de pensée laïc. Les islamistes vont même jusqu’à chercher des filles sans hidjab pour les enrôler dans leur rang et donner une image Bcbg auprès des électeurs. Alors point d’hydre islamiste? Ou bien ne s’agit-il là que d’un stratagème afin d’adapter le discours à la conjoncture politique? Les islamistes d’aujourd’hui sont différents sur ce plan de ceux de 1991. Ces derniers affichaient sur les murs d’Alger leur discours haineux au point d’écrire que ceux qui ne votent pas en leur faveur sont exclus du paradis.

Mais si l’on gratte le vernis, les islamistes de toutes les époques apparaissent dans leur réalité objective. Sans fard. Et là que découvre-t-on? Que la place de la femme est au foyer, que la peine de mort est un châtiment commandé par la charia et que les festivals de musique et de cinéma sont des nids de débauche. Le haram partout. Mais devant cet étranglement de la République et l’embrigadement de la société, pointe le projet de livrer l’économie à un libéralisme débridé propice à l’affairisme. Il faut reconnaître que cet arrimage à la mondialisation est aussi fait pour séduire l’Occident.

Il est de bon ton de dire que les islamistes sont proches des pauvres et des franges de la population laisses en bord de route par les privatisations et l’économie de marché, mais au lieu de la justice sociale, c’est la charité qui est proposée, maintenant les citoyens dans une position de sous-hommes.

Il est jusqu’aux arguments théologiques des islamistes qui ne résistent pas à la critique. Si l’on prend en compte le concept de «cité parfaite» (al madina al fadhila, inspiré de la philosophie grecque), exemplaire prolongé par les quatre califes ayant succédé au (Qssse) Prophète de l’Islam, on se rend compte que ce laps de temps d’à peine 20 ans n’est rien comparativement à des siècles de règne de l’empire musulman qui s’est étendu jusqu’aux années 1920. Qu’en est-il de quatre califes en comparaison d’une centaines de maîtres du monde musulman qui se sont succédé jusqu’aux chefs ottomans? Comment une étendue désertique, somme toute minuscule, peut-elle s’imposer en modèle à des territoires qui s’étendent de la Chine jusqu’en Andalousie? Mais Soltani, Djaballah et tant d’autres ont le loisir de balayer ces arguments d’un revers de la main. N’ont-ils pas vu les partis d’obédience islamique portés au sommet du pouvoir, les uns après les autres, par la voie des urnes? Alors, on se met à rêver. La sortie de Soltani de l’Alliance présidentielle n’apparaît être alors qu’une tentative de se libérer des boulets du pouvoir pour avoir les coudées franches et rallier un maximum de voix.

Les électeurs ne sont pas dupes. Ils n’accepteront de livrer leur sort à des gens qui jouent sur leurs fibres sensibles uniquement pour plaire aux voisins ou encore à des cousins lointains que sont les Turcs ou aux émirs du Golfe qui ne désespèrent pas d’étendre leur influence sur le Maghreb. Remettre le pays sous tutelle ne sera pas toléré sous un quelconque prétexte que ce soit.