A ces paramètres inédits, se greffe, bien entendu, le phénomène de la spéculation qui dope les prix.
A quelques jours seulement de l’Aïd El Adha ou fête du Sacrifice, le mouton s’adjuge encore une fois le titre de roi du marché. Certes, les consommateurs algériens émettent quelques signes d’inquiétude, notamment l’attentisme, qui trahissent leurs craintes suite au mal qui a frappé de plein fouet le cheptel national, en juillet dernier. Finalement, ces appréhensions, bien que réelles, n’ont enlevé en rien à l’aura de l’animal dont les prix demeurent rédhibitoires. Ainsi et en dépit d’une reprise timide du marché à bestiaux, suite à la mise en veille de l’activité des maquignons, les éleveurs jouent leur va-tout et misent sur un pic des ventes à l’occasion de l’Aïd qui arrive à grands pas.
Aussi, annoncent-ils la couleur en mettant en avant des bêtes engraissées à souhait et affichant des coûts pour le moins dignes des «années des vaches grasses». Désormais, les consommateurs devront composer avec des tarifs qui varient entre 32.000 DA et 52.000 DA dans le meilleur des cas, sinon entre 70.000 DA et 90.000 DA si l’on veut prétendre à des ovidés dignes de ce nom. Les Algériens sont en outre frileux face à cet achat nécessaire surtout qu’une certaine presse fait état de pratiques peu orthodoxes auxquelles ont recours de fins négociants.
Particulièrement l’emploi de farines animales destinées au gavage des volatiles et autres produits «nocifs à la santé de l’animal et de l’homme» introduits d’Afrique noire. A ces paramètres inédits, se greffe, bien entendu, le phénomène de la spéculation qui dope les prix. Les potentiels clients restent donc sur la défensive et préfèrent voir l’évolution de la situation pour décider d’une acquisition.
Les tenants de ce commerce occasionnel sont confiants et estiment que les craintes des acheteurs, loin de provoquer l’effondrement de leurs affaires, vont au contraire bientôt laisser place à une reprise des ventes et ce, pour de multiples raisons, puisque l’on évoque les mesures prises par le gouvernement qui a circonci le fléau de la fièvre aphteuse, mais également la tendance naturelle à l’achat à l’approche de la fête religieuse. Finalement, les prix du mouton tels qu’ils sont aujourd’hui affichés, n’ont rien à envier à ceux de l’année dernière.
A croire que le facteur psychologique, c’est-à-dire la peur de la pandémie du virus ravageur n’a pas réussi à freiner la sempiternelle hausse des prix. En fait, les Algériens qui sont vigilants et attentifs à la santé des bêtes, sont, dans le même temps, toujours enclins à l’achat. Cependant, une bonne partie de la population échaudée, préfère passer un Aïd sans mouton plutôt que de prendre un risque, aussi minime soit-il. Rappelons que les pouvoirs publics ont décidé, immédiatement après la localisation du fléau de la fièvre aphteuse dans l’est du pays, de fermer les marchés à bestiaux pour cantonner la maladie dans son lieu originel.
La maladie aura réussi à se propager rapidement pour toucher plus de 23 wilayas de l’est, du centre et de l’ouest du pays malgré une vaste campagne de vaccination et d’abattage préventif des bêtes atteintes. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, a, à l’issue d’une campagne sanitaire rigoureuse, indiqué que les pertes liées à la fièvre aphteuse étaient «très minimes» par rapport à ce qui a pu être enregistré dans d’autres pays. Rappelons que 5 500 bovins ont été abattus à titre préventif. L’on a enfin décidé de la réouverture des marchés à bestiaux à travers le pays, en sommant les responsables concernés de mettre en place toutes les conditions nécessaires à la réouverture de ces espaces.