Comme chaque année depuis 2002, la wilaya d’Alger organise, ce matin, une cérémonie commémorative des événements tragiques des inondations de Bab El-Oued du 10 novembre 2001. Retour sur un souvenir douloureux.
C’est certainement avec un cœur lourd que les habitants de Bab El-Oued se réveilleront aujourd’hui. Le souvenir de cette tragédie qui s’est abattue sur eux, il y a de cela 10 ans, jour pour jour, est encore vivace dans de nombreux esprits. Ceux et celles qui ont vécu la tragédie portent encore en leur for intérieur la douleur du drame. Difficile, en effet d’oublier ces inondations qui ont emporté le 10 novembre 2001 tout un quartier. Leur quartier, où ils ont grandi et s’y sont mariés.
Difficile aussi d’oublier qu’el Houma a payé un lourd tribut à cette catastrophe naturelle qui a frappé de plein fouet la capitale En ce mois de novembre, 706 morts ont été dénombrés uniquement au niveau de Bab El Oued .
Et le bilan aurait été bien plus important sans la bravoure et le sens de la solidarité dont les riverains en particulier et les Algérois en général ont fait preuve. Accourant de rues avoisinantes et des autres quartiers de la capitale, certains ont, malheureusement, payé de leur vie, leur héroïsme.
Et si Bab El-Oued s’en souvient encore, c’est que les habitants de ce quartier se refusent le droit d’oublier Ouled el Houma qui ont péri en ce jour pluvieux. Les autorités locales commémorent ce matin, comme tous les matins du 10 novembre depuis 2002 la tragédie. Une cérémonie de recueillement aura lieu sur les lieux même de ce drame. Depuis, le quartier a pansé ses plaies et a cicatrisé les stigmates. Bab El-Oued a repris le cours de son histoire.
Et tout au long de ces dix dernières années, il a fait en sorte que la tragédie ne soit qu’une parenthèse. Pourtant, si elle doit être fermée, elle ne peut cependant être oubliée. Et pour cause, cette tragédie a agi comme une gifle pour montrer toutes les incuries de l’administration locale de l’époque. Certes, il ne s’agit pas ici de remuer le couteau dans la plaie ou d’incriminer quiconque, mais si aujourd’hui on commémore les inondations du 10 novembre 2001 et on se recueille à la mémoire des victimes, ce n’est pas seulement pour faire son deuil.
C’est surtout pour garder à l’esprit qu’effectivement si aucun pays, aucune ville et aucun quartier n’est à l’abri d’une catastrophe naturelle, il ne faut pas pour autant se laisser aller au fatalisme.
Gouverner c’est prévoir, dit l’adage. Et que ceux qui ont la responsabilité de l’aménagement du territoire à travers la réalisation des plans d’occupation du sol doivent tenir compte de tous les éléments qui sont à même d’intervenir un jour d’une manière ou d’une autre.
C’est ce qui semble être le cas aujourd’hui. Simple hasard du calendrier ou programmation préméditée, il n’en reste pas moins que depuis hier, le développement local de la capitale est en débat au Palais des nations. Après les cadres de l’exécutif et les élus locaux qui sont intervenus hier, c’est au tour des représentants de la société civile de la capitale de s’exprimer aujourd’hui afin de faire part de leurs préoccupations et attentes en matière de développement local.
Cette opportunité sera sans nul doute mise à profit par les participants pour évoquer de manière globale la question. L’exemple des inondations de Bab El-Oued sera à coup sûr rappelé. En effet, l’ampleur du drame vécu ce 10 novembre 2001 par les habitants de Bab El-Oued est telle qu’aucun Algérien ne voudrait le voir se reproduire.
Car si les dégâts matériels sont toujours secondaires, du fait qu’ils peuvent être remboursés dans le cadre d’une police d’assurance contractée contre les catastrophes naturelles, mais qui, faut-il le souligner, n’est pas répandue en dépit du fait qu’elle est devenue obligatoire depuis 2003, il en est autrement de la perte d’une vie humaine, qui elle n’a pas de prix. En fait, le seul enseignement bénéfique des inondations de novembre 2001, est qu’il faille retenir la leçon infligée par dame Nature
Nadia Kerraz