Inoffensive, l’Algérie regrette

Inoffensive, l’Algérie regrette

Alors qu’un succès par deux buts d’écart lui suffisait face aux Etats-Unis pour se qualifier, l’Algérie a persisté dans son mutisme offensif. Avec zéro but inscrit au compteur, les Fennecs quittent le Mondial les valises pleines de regrets.

Les rues algériennes ont mis du temps à se réveiller ce jeudi matin. L’effervescence qui y régnait depuis cet historique 18 novembre 2009 – date à laquelle l’Algérie compostait son ticket pour le Mondial – a laissé place à un amer goût d’inachevé.

Deux «petites» défaites agrémentées d’un nul «victorieux» face à l’Angleterre, les Fennecs, avec un petit point au compteur en guise de consolation, n’ont assurément pas brillé sur leur continent. Tiraillé entre le sentiment d’être passé à côté et la certitude de posséder une équipe d’avenir, le supporter lambda peine en ce lendemain d’élimination à tirer les enseignements de ce retour au premier plan après 24 ans d’absence. Seule certitude, avec zéro but inscrit, l’attaque verte a traversé la grand-messe sud-africaine comme une âme en peine. Une défaillance offensive qui n’a pas manqué d’alerter de l’autre côté de la Méditerranée où les choix du sélectionneur Rabah Saâdane, jugés beaucoup trop défensifs, ont fait jaser.

Tout ça pour ça

Finalement, le parcours assez décevant des Verts est symptomatique des sélections africaines. Capables de prouesses durant les éliminatoires comme de s’effondrer le jour J. Il existe plusieurs raisons à ces échecs qui paraissent inévitables au fil des éditions. Dans le cas algérien, c’est l’instabilité du groupe qui a visiblement fait défaut. La mayonnaise n’a tout simplement par pris avec la venue de sept nouveaux joueurs. Quelques ego ont été mal gérés également comme destituer Yazid Mansouri de son capitanat à quelques jours du début de la compétition.

Même son de cloche pour Ghezzal, titulaire indiscutable avant la Coupe du Monde et qui devait ronger son frein sur le banc face à la Slovénie. Le sélectionneur Rabah Saâdane, lui, devra justifier sa crainte d’attaquer. Pour gagner, il faut marquer.

Une logique loin d’être implacable pour le Cheikh. Djebbour esseulé lors du premier match, Matmour dans le rôle ingrat d’attaquant de pointe totalement inédit pour lui face à l’Angleterre et enfin, Djebbour une nouvelle fois seul face aux imposants défenseurs américains. A aucun moment, Saâdane n’a paru vouloir jouer la carte de l’offensive comme a pu le faire le sélectionneur mexicain Javier Aguirre face à la France.

Considéré comme le plus grand joueur du football algérien, Lakhdar Belloumi est revenu dans les colonnes du Buteur sur la guigne qui touche l’attaque des Verts. «Il y a un manque d’efficacité devant les buts adverses. Je rappelle que lors de la CAN, on n’a marqué qu’un seul but au premier tour et c’est grâce à ce but qu’on a pu passer. Comment se fait-il que face aux Etats-Unis on n’ait pas pu se créer d’occasions de but ? Pourquoi n’a-t-on pas prôné un dispositif tactique offensif avant la dernière rencontre du groupe ?» Tant d’interrogations qui ne trouveront assurément pas de réponse dans l’inamovible 3-5-2 concocté par le Cheikh.

Reconstruire solidement

Le constat est d’autant plus frustrant que des solutions de rechange existent sur le banc. Parmi elles, l’option Boudebouz, très en vue face à l’Angleterre. Bon nombre d’observateurs ont même été surpris de l’absence du jeune Sochalien. «Je m’attendais à voir Boudebouz sur le terrain, car c’était là sa place et non pas sur le banc des remplaçants. Il a montré de belles choses face aux Emirats et contre l’Angleterre, il avait confirmé. Je regrette son absence», renchérit pour sa part Belloumi.

Car s’il y a bien un motif de satisfaction côté algérien, c’est l’apport des néophytes. Dire qu’une grande équipe est née serait aller vite en besogne, mais au regard d’un effectif relativement jeune et désormais à l’expérience solide, l’Algérie peut nourrir quelques espoirs pour le futur.

D’ailleurs, l’une des rares satisfactions de la rencontre face aux Etats-Unis n’est autre que le portier Raïs M’Bohli, deux sélections au compteur. El Watan, un brun fataliste, estime que sans la présence du pensionnaire du Slavia Sofia, l’Algérie aurait «égalé la déroute de la Corée du Nord face au Portugal (7-0, Ndlr)».

El Khabar, lui, affirme que malgré l’élimination, l’Algérie a (enfin) trouvé «un grand gardien» (fiable et constant). Foued Kadir est également à élever au rang des satisfactions. Bridé dans son rôle de relayeur, le Valenciennois, habitué à jouer derrière les attaquants, n’a pas démérité. Désormais tournées vers 2014, les jeunes pousses algériennes n’ont qu’une chose en tête : retrouver l’élite…