Le Dr Abou El-Kassem Saâdallah a été inhumé dimanche au cimetière de Guemmar (El-Oued), en présence d’une foule nombreuse venue lui rendre un dernier hommage.
Le cortège funèbre s’est ébranlé, après la prière de l’Asr, du domicile du défunt, au quartier Chettaya, dans la périphérie de Guemmar, vers le cimetière de Guemmar, où il repose désormais en paix.
Lors des obsèques, auxquelles ont assisté les autorités de la wilaya, a été lue la lettre de condoléances adressée par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdellah Ghlamallah, dans laquelle il a mis en relief les hautes valeurs du défunt, le présentant comme le fondateur de l’école algérienne d’histoire contemporaine.
Dans l’oraison funèbre prononcée par le président de l’association des oulémas musulmans algériens, le Dr Abderrazak Guessoum, il a été également fait état de la stature et des hautes valeurs morales du défunt, ainsi que de sa large contribution à l’écriture de l’Histoire culturelle de l’Algérie.
Le Dr Abou El-Kassem Saâdallah est décédé samedi, à l’âge de 83 ans, à l’hôpital militaire Mohamed-Seghir Nekkache, à Alger, des suites d’une longue maladie.
Le défunt Abou El-Kassem Saâdallah a formé plusieurs disciples
Le Haut Conseil islamique (HCI) a indiqué dimanche que le défunt Abou El-Kassem Saâdallah avait formé plusieurs disciples qui enseignent aujourd’hui dans les universités.
Le président du HCI, Cheikh Bouamrane, a déploré dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt la perte d’un « éminent savant », du « doyen des historiens » et d’un « expert en histoire de l’Algérie ancienne.
Le défunt s’est également « intéressé aux Lettres arabes, à la poésie et à la culture. Il est l’auteur d’une encyclopédie devenue une référence pour les chercheurs, les ulémas et les intellectuels », lit-on dans le message du HCI.
Abou El-Kassem Saâdallah, une véritable « source de savoir » (témoignages)
Le « doyen des historiens », Abou El-Kassem Saâdallah, décédé samedi à l’âge de 83 ans à Alger, est une « véritable source de savoir », ont affirmé à l’APS certains de ses compagnons.
Il a voué sa vie au rayonnement du savoir et de la culture, qu’il considérait comme étant « le socle de l’éveil des sociétés », ont-ils souligné sans omettre de le présenter, à juste titre, comme « un phare de la réforme sociale et religieuse dans le monde arabe », convaincu qu’il était que « tout changement doit être pacifique et reposer sur la quête continuel du savoir et la propagation de ses fondements ».
Le défunt, se sont-ils accordés à dire, a consacré une bonne partie de son temps à approfondir la recherche et les écrits dans le domaine des études historiques, notamment l’histoire culturelle de l’Algérie, fort de la conviction que « la connaissance de l’histoire des Nations est le prélude à l’essor de la société dans tous les domaines ».
Cette conviction a amené, selon Dr.Ahmed Zegheb, professeur de littérature populaire à l’université d’El-Oued, le président Abdelaziz Bouteflika à préfacer la 2ème édition, en 2004, de l’ouvrage du défunt « Histoire culturelle de l’Algérie », comportant 9 tomes, et qu’il voulait dénommer « encyclopédie culturelle de l’Algérie ».
Il était comme qui dirait le « Ibn Batouta » de son temps, pour ses innombrables voyages et déplacements à des fins d’écriture de l’histoire de l’Algérie, n’écartant de ses périples aucune contrée, à l’intérieur du pays ou à l’étranger, ou il aurait pu trouver des documents ou témoignages authentifiés pour l’aider dans cette tâche, raconte M.Zegheb.
Et d’ajouter : « il nous a légué une méthodologie de recherche scientifique de travail de terrain, basée sur le sérieux et l’intégrité scientifique, qu’il appartient à tout chercheur de s’en inspirer ».
Le journaliste Badis Keddadra, une des personnes ayant côtoyé de près le défunt, durant les années 80, a tenu, par respect et reconnaissance pour l’homme de culture qu’était Saâdallah, à baptiser la bibliothèque de la maison de la culture d’El-Oued, qu’il dirigeait à l’époque, du nom du défunt, et ce en l’honorant de son vivant déjà.
« Il a consacré la grande partie de son temps à la recherche, et ce même lors des soirées et à des moments de convivialité avec ses proches et amis avec lesquels il échangeait des discussions sur, presque inévitablement, ses recherches et sur l’Histoire de l’Algérie, ancienne et contemporaine », se rappelle-t-il.
De son côté, le conteur Bachir Khellef, président de la ligue de wilaya de la pensée et la créativité, qui a connu le défunt en tant que voisin dans sa ville natale de Guemmar, affirme qu’en plus d’être un historien avéré, puisant ses sources de référents documentaires historiques, Dr.Saâdallah était aussi un homme de lettres, dans la poésie et le conte, et a été parmi les premiers à s’être lancés dans l’écriture poétique moderne, et ce dès les années 50 du siècle dernier.
Le « doyen des historiens », Dr.Abou El-Kassem Saâdallah est né en 1930 dans la commune de Guemmar (El-Oued) et a fait ses études, entre 1947 et 1954, à l’université Zeitouna (Tunisie) ou il apprit le saint Coran et les fondements des sciences (religion, langue et fikh), avant de commencer à publier ses écrits dans la revue « Bassair », organe de l’Association des Ouléma musulmans, ou il était connu sous le nom de « jeune critique ».
Il obtint son diplôme de Magister en 1962 au Caire (Egypte) et son Doctorat en histoire moderne et contemporaine en 1965 à l’Université du Minnesota (USA). Le défunt sera inhumé dimanche après-midi dans sa ville natale de Guemmar (14 km d’El-oued), selon ses proches.