Les experts, qui ont animé les journées professionnelles du Salon international de l’agriculture qui s’est tenu du 14 au 17 mai à la Safex des Pins-Maritimes, ont mis à nu les dysfonctionnements qui continuent à freiner le développement de l’agriculture du pays. Si l’effort financier de l’État pour soutenir les productions agricoles est sans précédent, il n’en demeure pas moins que les résultats sont en décalage par rapport à l’importance des fonds publics dégagés. Qu’il s’agisse de la pomme de terre, de l’aviculture ou de la production de lait, les circuits de distribution de ces produits restent désorganisés. Le citoyen n’est donc pas protégé contre les flambées périodiques des produits agricoles de large consommation. Le poids de l’informel dans certaines filières sensibles, la main des spéculateurs, les rétentions de produits, les défaillances de la chaîne du froid font que les prix augmentent de façon sensible au détriment des consommateurs.
Le fait d’actualité est sans doute le niveau modeste de la récolte céréalière de cette année, en raison de la sécheresse qui a sévi en avril-mai, faute d’une irrigation d’appoint. Pourtant, les experts avaient depuis longtemps plaidé pour l’introduction de l’irrigation d’appoint afin de parer aux effets de la sécheresse sur les productions céréalières. Avec ce déficit, la facture d’importations va sans doute s’envoler. Nos gouvernants sont restés également sourds aux suggestions techniques des professionnels et des éleveurs pour augmenter la production agricole, en particulier celle des céréales et du lait. Le discours officiel a surtout insisté sur le développement de la production agricole : 9% du PIB, un taux de croissance de 11% entre 2010 et 2014, un taux de satisfaction des besoins alimentaires de 72%.
Mais il n’a pas souligné qu’en dépit de l’énorme masse financière qui a été injectée dans le secteur, l’Algérie n’a pas réussi à couvrir l’essentiel de ses besoins en céréales et en lait. La production est également insuffisante, notamment en viandes rouges, olives, lentilles. La balance commerciale agricole est nettement déficitaire. Car on n’arrive pas à dégager des excédents à l’exportation pouvant être commercialisés sur les marchés internationaux. Les quantités qui se placent à l’extérieur restent minimes. Le morcellement des terres, la jachère, qui occupe une bonne partie de la surface agricole utile, sont également deux handicaps.
Tous ces facteurs démontrent qu’on est encore loin des objectifs de modernisation de l’agriculture algérienne et de sécurité alimentaire. L’organisation des circuits de distribution résulte de l’état de développement de notre pays, archaïque dans plusieurs pans d’activité et qui n’est pas sans conséquence sur le pouvoir d’achat des citoyens. Dans cette situation, seul le réveil des associations de consommateurs, les pressions des professionnels et l’absence de passivité des ménages pourraient changer le cours des choses.